Publicité

Boodhoo : des ministres m?ont ?briefé? sur Badry/Daby

29 mai 2006, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Le PSM (Parti Socialiste Mauricien) d?Harish Boodhoo célèbre comme il se doit, à la fin de mai 1981, le 2e anniversaire de la publication du rapport du juge Victor Glover sur les allégations de fraude et de corruption, faites à l?encontre des ministres Lutchmeeparsad Badry (Sécurité sociale) et Giandeo Daby (Coopératives). Il tient un meeting à la place du Quai, rassemblant quelque 2 000 personnes. Au cours de ce rassemblement, le leader de ce parti a, entre autres, révélé que des ministres lui ont refilé des dossiers, compromettants pour ces deux ministres. Il réclame une autre commission d?enquête sur l?incendie qui a détruit l?aile ?épices? du marché central.

Harish Boodhoo déplore que rien n?ait changé au sein du PTr depuis la publication du rapport Glover. La situation en fait empire depuis. Le gouvernement Ramgoolam hypothèque l?avenir de Maurice avec des dettes de Rs 5,3 milliards et des intérêts à payer annuellement de Rs 403 millions. Des emprunts doivent être remboursés à 19 %. Une interpellation parlementaire sur deux obtient des réponses imprécises ou incomplètes. Le gouvernement accuse les travailleurs portuaires d?être responsables de tous les maux qui s?abattent sur le pays mais élève leur président, Aurélie Perrine, à la dignité de membre de l?Empire britannique (MBE). Il invite les cadres à ne pas appréhender l?arrivée au pouvoir d?un gouvernement PSM/MMM car seuls ?sa ki fine coquin ki pas pou sapé.? Démocratie et liberté d?expression seront sauvegardés, promet-il.

Ses lieutenants s?empressent de renforcer ses propos. Armoogum Parsuramen, futur ministre de l?Education et présentement, en 2006, un haut cadre de l?UNESCO, plus particulièrement chargé des dossiers éducatifs africains, rappelle les nombreuses attaques travaillistes, sinon ramgoolamiennes, contre notre système judiciaire et certains de ses dirigeants. Il cite pour preuve le machiavélisme ayant pu présider à la préparation du ?Code of Civil Procedure (Amendment) Act?. Il accuse ce gouvernement d?ingérence dans le fonctionnement de la Public Service Commission (PSC). Il cite, à ce propos, l?affaire Stanley/Diljore. Avant Rama Sithanen, il déplore que les rapports successifs de l?Audit demeurent lettre morte, même quand ils sont signés Kadress Pillay et, plus tard, par M. Taujoo. Il évoque les investissements publics dans la Mauritius Jute and Textile que dirigera ultérieurement M. Soo Soobia, notre ambassadeur à Londres, surveillé par Scotland Yard, du temps où Parsuramen occupait le maroquin de l?Education.

Comme son leader, Jocelyn Seenyen accuse le gouvernement de Seewoosagur Ramgoolam de ?se vautrer dans les scandales?. La fraude et la corruption deviennent des institutions. Il estime, à bon escient, que le remplacement des élus locaux, dans les municipalités et les districts, par des commissaires administratifs nommés politiquement, est un déni de démocratie. Le PSM d?Harish Boodhoo quant à lui croit dans la moralité publique. Il milite pour qu?advienne une nouvelle génération de politiciens, qui respecteront et sauvegarderont les institutions démocratiques, des politiciens qui travailleront dans l?intérêt du pays, qui deviendront la conscience du pays. D?où la demande d?un code de conduite pour politiciens exemplaires. (N.B. Nous les attendons toujours mais nous craignons nous en éloigner, chaque jour davantage). Jocelyn Seenyen réclame l?institution d?un Tribunal permanent anti-corruption. (Encore qu?un tribunal n?est rien si une police adéquate, efficace, qualifiée, expérimentée, n?y traîne pas les plus coupables). Le PSM s?engage à ce qu?il y ait des élections législatives tous les cinq ans. Parole donnée, parole sacrée : cette obligation est à présent gravée dans notre Constitution. Elle ne concerne malheureusement pas nos élections régionales (municipales et villageoises) et la démocratie régionale demeure le maillon faible, le soubassement fragilisé, de toute la démocratie mauricienne.

Il se réfère ensuite à ce qui se passe en France (l?élection présidentielle de François Mitterrand, la victoire de la gauche unifiée aux législatives et la désignation de Pierre Mauroy comme Premier ministre).?La même chose doit se renouveler à Maurice, réclame Jocelyn Seenyen.

L?actualité diplomatique de la fin de mai 1981 se tourne vers l?Inde qui procède à un changement de haut commissaire. M. Prem Singh, qui assure l?intérimat depuis le départ de M. Kailash Chandra, le confident de Gaëtan Duval, s?en va dans le Golfe Persique et cède la place à l?éminent philosophe, le Pr Bhagwat Suran Upadhyaya, écrivain prolifique, l?homme aux 125 livres.

Prem Singh a 41 ans quand il quitte temporairement Maurice. Il reviendra dans sa ?seconde patrie?, dans les années 1980, après le décès, prématuré et très regretté, du Pr Upadhyaya. Prem Singh est né dans l?Uttar Pradesh. Il étudie les sciences politiques à l?Université de Lucknow. Il est en poste à Beyrouth, à New Delhi, à New York (ONU), à Port-Saïd (Egypte) avant d?être muté à Maurice où il compte de nombreux amis et où il exerce une très grande influence et l?avenir le confirmera.