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Benoît XVI souhaite que l’Eglise oublie ses rivalités

15 février 2013, 00:00

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Benoît XVI souhaite que l’Eglise oublie ses rivalités

Benoît XVI, qui a stupéfié le monde en annonçant sa retraite pour des raisons de santé, est en train de dispenser ses derniers conseils à destination d’une Eglise catholique invitée à oublier ses rivalités et à se consacrer à l’unité de la foi.


Le message, distillé dans ses déclarations avant et après l’annonce de sa démission lundi, se lit comme un reproche voilé face aux luttes d’influence qui se dessinent entre cardinaux à l’approche du conclave qui devra élire un nouveau souverain pontife.


Ainsi mercredi, lors de sa première apparition publique depuis l’annonce de sa démission, le pape a demandé aux fidèles de «montrer le visage de l’Eglise» et a souligné que ce visage était «parfois défiguré».

«Je pense particulièrement aux péchés contre l’unité de l’Eglise, aux divisions du corps ecclésial», a insisté Benoît XVI lors de sa dernière messe publique célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome.


«Dépasser les individualités et les rivalités est un signe d’humilité», a-t-il ajouté.


Les journalistes spécialisés de la presse italienne, qui scrutent les moindres propos du pape depuis l’annonce de sa démission, se sont emparés des termes «visage défiguré» et «rivalités». Le Corriere della Sera, le grand quotidien de Milan, parle de «signaux lancés au conclave».


Plusieurs analystes insistent sur la rivalité bien établie entre les deux derniers secrétaires d’Etat de la Curie romaine, fonction la plus influente au Vatican après celle de pape.


Il est de notoriété publique que le cardinal Angelo Sodano, qui occupait la fonction sous le prédécesseur de Benoît XVI, Jean Paul II, et l’actuel titulaire du poste, le cardinal Tarcisio Bertone, ne s’apprécient pas.


Mgr Angelo Sodano, qui, en tant que doyen du collège des cardinaux, participera à la préparation du conclave, n’a jamais caché son mépris pour son successeur, qui, va lui aussi participer à l’élaboration de l’événement.


Depuis sa nomination en 2006, Mgr Tarcisio Bertone a exclu plusieurs protégés d’Angelo Sodano au secrétariat d’Etat, pour les nommer à des postes d’ambassadeurs à l’étranger ou dans des postes moins en vue au Vatican.

«MAUVAIS POISSONS»


De nombreuses bourdes commises sous l’ère de Benoît XVI, du discours controversé de Ratisbonne en 2006 dans lequel le pape citait des propos d’un empereur byzantin associant islam et violence, à l’affaire du «Vatileaks» ou la transmission à la presse de documents confidentiels par son majordome, sont considérés par le camp Sodano comme des effets de la mauvaise gestion de Tarcisio Bertone.


En octobre, le procès du majordome de Benoît XVI a laissé de nombreuses questions sans réponses. Le Vatican n’a jamais publié les résultats de sa propre enquête sur le scandale, mais il semble que les conclusions ont peut-être révélé à Benoît XVI des luttes internes d’une ampleur bien supérieure à ce qu’il aurait pu imaginer.


Le quotidien romain La Repubblica, qui a étudié avec attention les emplois du temps respectifs d’Angelo Sodano et de Tarcisio Bertone, en déduit qu’ils ont «lancé une série de contacts avec les cardinaux les plus influents» en prévision de l’élection du nouveau pape.


Avant le conclave de 2005 qui l’a élu, Mgr Josef Ratzinger avait dénoncé les abus sexuels au sein de l’Eglise et la «dictature du relativisme» comme menace à la foi. Tout récemment, il a accentué ses mises en garde.


Samedi, deux jours avant d’annoncer sa démission, il a abordé la question de l’arrogance cléricale quand il a demandé à des séminaristes à Rome de se garder de faire preuve d’une trop grande fierté parce que Dieu les a choisis pour devenir prêtre.


«Reconnaître que Dieu nous a choisis n’est pas triomphalisme mais gratitude», a déclaré Benoît XVI.


Dans un discours prononcé en octobre, dans le contexte du procès du Vatileaks, Benoît XVI avait déclaré: «La zizanie est toujours présente dans le champ du Seigneur et, dans le filet de Pierre, on trouve nombre de mauvais poissons.»


En 2007, dans une décision passée presqu’inaperçue, Benoît XVI est revenu à la règle traditionnelle de la majorité des deux tiers du conclave pour élire le pape. Jean Paul II avait souhaité en 1996 qu’une élection à la simple majorité soit possible en cas d’impasse après 13 jours de délibérations.


Benoît XVI ne veut pas d’un pape élu avec tiédeur, qui, craint-il, pourrait placer la nouvelle papauté sous le signe de la division

Source : Reuters Media Express