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Azor Adélaïde : « Comment l''oublier ? » demande son fils Jocelyn de retour au pays

27 novembre 2011, 00:00

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Azor Adélaïde : « Comment l''oublier ? » demande son fils Jocelyn de retour au pays

Quarante ans après un assassinat politique qui a marqué l’histoire récente de Maurice, le fils d’Azor Adélaide revient sur les événements tragiques du 25 novembre 1971 et raconte l’engagement total de son père pour une Ile Maurice plus juste.

Après trente et un ans passés en France, Jocelyn Adélaïde, fils aîné du militant Azor Adélaïde, est revenu à Maurice pour s’occuper de sa vieille mère. Les événements du 25 novembre 1971 sont encore frais dans sa mémoire. « Comment pourrais-je oublier ! » s’exclame-t-il.

Ce jour, son père qui se trouvait à bord de la Hillman B 614 de Dev Virahsawmy, est abattu d’une balle tirée par des agents politiques du Parti mauricien social démocrate à la rue Chateausneuf, Curepipe.

Quand il arrive à l’hôpital Victoria, Candos, les médecins ne purent que constater son décès. Les journaux de l’époque décrivent un Jocelyn Adélaïde « inconsolable », venu récupérer la dépouille de son père, activiste de la première heure du Mauricien militant mauricien (MMM). Jocelyn avait alors 27 ans.

Il se souvient que son père s’était engagé auprès du MMM « parce qu’il estimait qu’il y avait trop de gens qui souffraient de la misère et de l’injustice ». Conscient du symbolisme qui entoure désormais le nom de son père, il affirme qu’il n’a aucun regret quant à cet engagement désintéressé de son père qui a laissé « un grand vide » dans son existence.

« Bien sûr, il y a la tristesse d’avoir perdu un être cher, mais je suis fier de savoir que le nom d’Azor Adélaïde restera gravé dans l’histoire de notre pays. Il est devenu un symbole de la sincérité avec laquelle il avait choisi de se consacrer à la lutte pour une Ile Maurice meilleure. Un peu grâce à lui aussi que les travailleurs ont obtenu des victoires considérables », affirme Jocelyn Adélaïde.

En 1971, notre interlocuteur comptait déjà 6 ans de service comme docker. Finalement, Jocelyn Adélaïde quitta le pays pour la France en 1980, après l’introduction du Bulk Sugar Terminal et la mise à la retraite des dockers. Azor Adélaïde était lui aussi docker, mais au moment de son engagement au MMM, il avait déjà pris sa retraite pour des raisons médicales.
Jocelyn Adélaïde explique avoir choisi d’aller tenter sa chance en France où se trouvaient déjà ses deux jeunes sœurs.

« Beaucoup de personnes n’avaient alors incité à demander aux dirigeants du MMM de me trouver un travail. J’étais moi aussi devenu un militant. Mais ce n’était pas dans la culture politique que m’avait transmise mon père. Il croyait dans la justice et dans la méritocratie. Son engagement était pour son pays d’abord, et non pour ses enfants. Il nous avait appris à prétendre qu’à ce que nous méritions », soutient Jocelyn Adélaïde.

Durant les trente et un ans qu’il a vécus en France, nous dit Jocelyn Adélaïde, a toujours subsisté la douleur du souvenir du père parti trop tôt. Il a exercé différents métiers – chauffeur, maçon, homme à tout faire. Aujourd’hui à la retraite, c’est auprès de sa vieille mère, Thérèse, qu’il espère atteindre la sérénité.

Assise à côté de ce fils qui, à bien d’égards, ressemble tellement à son mari, Thérèse Adélaïde, 83 ans, raconte que son mari s’occupait toujours de sa maison et de ses enfants avant de s’adonner à ses activités politiques. « Mais il n’en parlait jamais à la maison… » précise Thérèse Adélaïde. Une façon pour le militant politique de protéger sa famille alors que le pays était agité de tensions.