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Nomination politique: au tour de l’Ordre des vétérinaires de réagir

12 août 2023, 20:30

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Nomination politique: au tour de l’Ordre des vétérinaires de réagir

L’ordre des vétérinaires (Veterinary Council) a également connu des turbulences après que des amendements ont été apportés à la Veterinary Council Act en 2020, expliquent des sources bien renseignées. Si auparavant, il y avait 12 personnes sur leur conseil d’administration, soit neuf vétérinaires et trois nominés politiques, aujourd’hui il sont 22 membres sur le board. «C’est-à-dire 15 personnes parmi les 22 qui ont été nommés par le ministre de l’Agro-industrie. Les sept restants sont des vétérinaires avec plus de 10 ans d’experience qui ont été officiellement élus lors des élections du Veterinary Council. C’est la première fois que les élus de l’Ordre des vétérinaires se retrouvent en minorité au sein même de leur conseil. C’est immoral la façon dont le gouvernement, à travers le ministère, veut avoir le contrôle sur tout», expliquent plusieurs sources. D’ajouter que plusieurs de ces nominés n’ont aucune connaissance en matière de science vétérinaire. «On ne sait même pas ce qu’ils font sur le board. Ils sont même très souvent absents.»

Plus grave encore, à l’avenir il a été décidé, nous dit-on, que le poste de président de l’Ordre des vétérinaires pourrait être tenu par un des 22 membres du conseil d’adminstration. «Du jamais vu ! Le poste de président a toujours été tenu par un des sept vétérinaires élus. Mais aujourd’hui, on nous a fait comprendre qu’‘anyone in the council can be the chairman’». «Ce qui veut dire que même les nominés pourraient accéder au poste de président du Council. Ils veulent avoir la mainmise sur toutes les institutions. C’est grave.»

L’Ordre des vétérinaires est sur la même longueur d’onde que celui des dentistes sur l’amendement apporté à la demande d’enregistrement des travailleurs étrangers dans leurs deux domaines respectifs. C’est-à-dire que la demande d’enregistrement d’un vétérinaire étranger doit être traitée sur 30 jours par l’Ordre des vétérinaires. Au cas contraire, cette demande est automatiquement validée. «Trente jours, c’est irréalisable pour procéder à la demande des vétérinaires étrangers. Simple exemple, nous avons écrit à des universités en Inde pour vérifier l’authenticité des diplômes de quelques vétérinaires étrangers depuis l’année dernière et à ce jour nous n’avons toujours pas eu de retour. C’est compliqué. Comment on va faire sur 30 jours ? Nous avons proposé au ministère de l’Agro-industrie d’étendre le délai à 60 jours mais il n’en a rien été.»

Le risque avec cet amendement en vigueur depuis le 1er août, comme l’ont souligné les dentistes, c’est qu’il se pourrait que des vétérinaires peu qualifiés et sans aucune expérience viennent s’implanter à Maurice et ouvrent des cliniques hors normes un peu partout. «A l’avenir, le vrai problème serait notamment que les jeunes Mauriciens qui rentrent au pays après leurs études de vétérinaires n’arrivent pas à trouver de l’emploi dans ce domaine. Cela nous inquiète et découragent plus d’un en même temps», indique-t-on.

Nous sources expliquent que plusieurs réunions, discussions et représentations ont eu lieu avec des haut cadres du ministère de Maneesh Gobin en ce sens mais en vain. «Au final, ils ont fait ce qu’ils ont voulu, c’est tout.»

Pour rappel, l’Ordre des dentistes a également dénoncé ce nouvel amendement et l’a fait savoir à Kailesh Jagutpal, sans succès. Ils ne peuvent pas traiter la demande d’un dentiste étranger sur 30 jours, c’est impossible, avaient-ils plaidé. Si ces derniers comptent aller vers une révision judiciaire, les vétérinaires, eux, parlent de frais énormes en termes d’avocats. «Il nous faudra environ Rs 200 000 et le procédé sera long et pas sûr que nous gagnions le procès au final. C’est démotivant.»