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«He named me Henrika Ramsen»: la quête de Joy Keck, abandonnée à sa naissance à Maurice

10 juin 2023, 18:00

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«He named me Henrika Ramsen»: la quête de Joy Keck, abandonnée à sa naissance à Maurice

La semaine dernière, sa publication sur les réseaux sociaux, a provoqué une vague d’émotions et de solidarité chez de nombreux Mauriciens. Ils ont exprimé leur volonté de l’aider dans sa quête pour retrouver ses parents biologiques. Abandonnée à sa naissance à l’hôpital Victoria, à Candos, le 10 mars 1979, elle a été confée à l’orphelinat ORAC, puis adoptée par un couple aux Pays-Bas, où elle a passé toute sa vie, avant de venir à l’île Maurice cette année. Ballottée entre deux identités, deux mondes, en quête de sens et d’espoir, Joy Henrika Keck nous raconte son histoire.

Le 10 mars 1979, à l’hôpital Victoria à Candos, elle a été abandonnée à sa naissance, dépourvue d’identité et de nom. Par la suite, elle a été confiée à l’Organisation for Rehabilitation of Abandoned Children (ORAC), dont le directeur, Harold Johnsen, lui a donné une identité qui lui permettrait de trouver facilement sa place dans le monde. «He named me Henrika Ramsen.» Joy Henrika Keck nous confie : «J’ai l’impression qu’il savait que j’allais bientôt être adoptée par une famille aux Pays-Bas, raison pour laquelle il me donnait déjà un nom hollandais.»

À l’âge de six mois seulement, elle a été adoptée par la famille Keck, un couple Hollandais. «Le couple qui m’a accueillie avait fait une demande d’adoption auprès d’une organisation située aux Pays-Bas car il ne pouvait pas concevoir un enfant pour des raisons médicales. Des membres de l’organisation connaissaient Harold Johnsen, et c’est ainsi que j’ai été confiée aux soins et à l’amour de la famille Keck, aux Pays-Bas.» Elle est alors devenue Joy Henrika Keck. Les parents ont également adopté un autre enfant mauricien, un garçon, et, après quelques années, ils ont pu donner naissance à leur propre enfant biologique. «Je savais que j’avais été adoptée, mais ma famille ne nous a jamais fait ressentir une quelconque différence. Nous avons grandi dans un environnement très rassurant, favorable et chaleureux. La seule chose qui était différente est probablement notre couleur de peau. J’étais l’aînée et j’ai vécu pratiquement toute ma vie aux Pays-Bas, sans aucun souvenir de l’île Maurice», raconte-t-elle.

Entre curiosité, quête et identité

Joy Henrika Keck a été abandonnée à sa naissance à l’hôpital Victoria, à Candos, le 10 mars 1979.

Âgée aujourd’hui de 44 ans, Joy Henrika Keck est responsable dans le secteur informatique. Elle est mariée et mère d’un fils. Mais elle nous avoue que, même si elle se sent heureuse d’avoir mené une vie agréable, avec l’amour et le soutien de sa famille, le parcours de l’adolescence n’a pas été très facile, car elle essayait de donner un sens à son identité et à sa vie. «J’ai grandi en tant que fille et jeune femme indépendante, avec beaucoup d’amour, en réalisant mes propres aspirations… It was a bit difficult in my younger age because there was nobody around me with the same feeling. My middle brother has had a different experience because he did not want to know about his previous background. But I have always, as a child, been very curious. It wasn’t a lot of struggle, but I was very curious about my biological family», nous dit-elle avec beaucoup d’émotions, avant de reprendre son récit.

Ce sont justement cette curiosité et cette quête de sens sur son identité qui ont conduit Joy Henrika Keck à entamer des démarches pour rechercher ses parents biologiques il y a quelques années, des Pays-Bas, à travers l’organisation qui y avait facilité son adoption, et via des contacts officiels à l’île Maurice. «Everyone around me looks like their parents and I don’t have that luxury, and of course, I want to know why she (my mother) abandoned me. I imagine that she might have been very young, or may not have been married, or maybe she had to give me up because she could not take care of me, because she didn’t have the means for it (…).»

Se posant de nombreuses questions sur ce qui a pu pousser sa mère biologique à l’abandonner, et après des années de recherches, Joy Henrika Keck nous confie également que malgré de nombreuses tentatives de contact avec les autorités locales, rien de concret n’a jamais vu le jour. «Il n’y a rien d’autre sur mon certificat de naissance, sauf le fait que j’ai été abandonnée à ma naissance à l’hôpital Victoria, à Maurice. D’innombrables e-mails n’ont rien donné de concret, et on m’a informé qu’il est très difficile de trouver des informations car l’hôpital Victoria, à Candos, n’a plus les archives qui remontent à 1979. Après le décès du directeur de l’ORAC, l’orphelinat a été fermé…»

Et sans aucune information concrète – et uniquement un peu d’espoir –, Joy Henrika Keck s’est lancée dans une nouvelle aventure, accompagnée de son époux : son tout premier voyage dans son pays natal, dans le but d’y trouver, au moins quelque chose qui mettrait fin à sa quête ou qui lui donnerait le sentiment d’avancer. «Malheureusement, nous n’avions jamais visité l’île Maurice auparavant, parce qu’elle est très éloignée des Pays-Bas et qu’il est coûteux de s’y rendre. J’ai décidé de venir ici parce que j’ai pensé qu’il serait peut-être plus facile de trouver quelque chose en personne. Je ne suis ni triste ni en colère ; je veux juste savoir, parce que je pense vraiment que j’ai peut-être des frères ou sœurs ici. Peut-être qu’ils voulaient aussi me tendre la main, mais qu’ils n’ont pas pu le faire...», explique-t-elle.

«A bit of closure and a little bit of disappointment»

Désormais, Joy Henrika Keck attend toujours des réponses, après avoir passé environ neuf jours sur l’île. Ayant contacté les autorités, qui ont affirmé vouloir se pencher sur le dossier, les sentiments exprimés semblent plutôt mitigés.«C’était émouvant d’entreprendre ce voyage. Je savais que ma famille biologique serait ici, mais je savais aussi qu’il serait presque impossible de trouver quoi que ce soit. Mais, au moins j’ai essayé.» Avec un dernier brin d’espoir, Joy Henrika Keck s’est connectée aux réseaux sociaux cette semaine pour partager son histoire et pour faire appel aux personnes qui pourraient l’aider d’une manière ou d’une autre, pour qu’elles se présentent. «J’ai reçu de nombreux e-mails de personnes qui voulaient sincèrement aider ; mais nous n’avons pu aboutir à rien de concret, ce que je comprends tout à fait. Cela m’a toutefois permis de rencontrer des gens très sympas et de voir comment aurait été ma vie si j’étais encore dans ce pays. Cela m’a permis de découvrir de nouvelles choses.»

Alors qu’elle est toujours plongée dans deux mondes, avec deux identités – et sans trouver de réponses aux questions qu’elle se pose –, Joy Henrika Keck et son époux ont repris le chemin des Pays-Bas hier. «There’s a bit of closure and a little bit of disappointment. I visited the capital city and Victoria Hospital. I was glad to see it because this is where my story began…» En partant, elle emporte avec elle la détermination de poursuivre ses recherches concernant son identité et celle de sa famille biologique à Maurice. Et l’espoir de trouver un jour, des réponses...