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Secteur bancaire: Maurice, terre d’opportunités pour les groupes panafricains

9 juin 2023, 15:24

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Secteur bancaire: Maurice, terre d’opportunités pour les groupes panafricains

Les acteurs du continent, dont ceux d’Afrique francophone, se font progressivement une place au soleil à Maurice.

Près d’une trentaine d’entreprises et groupes mauriciens (BPO, CIEL, ITL, etc.) étaient représentés à l’édition 2023 de l’Africa CEO Forum, le plus grand rassemblement de décideurs du continent qui s’est déroulé les 5 et 6 juin, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. L’on y a magnifié les 345 champions nationaux africains, dont la caractéristique, selon le cabinet McKinsey, est de réaliser un chiffre d’affaires annuel d’au moins un milliard de dollars.

 

Allocution du Premier ministre de Côte d’Ivoire au cours de la cérémonie d’ouverture

 

Les dirigeants des filiales mauriciennes de certains de ces leaders du secteur bancaire, à l’instar du groupe sud-africain Standard Bank ou du marocain BCP, ont pu échanger sur la problématique de la souveraineté économique, l’autre thème phare s’étant invité dans les échanges.

Si les acteurs locaux, comme MCB ou SBM – qui ont également fait le déplacement dans la capitale ivoirienne – maintiennent leur présence dans le paysage bancaire, aux côtés des géants mondiaux comme Standard Chartered ou HSBC, Maurice continue à aimanter des groupes panafricains. Le Sud-africain ABSA ou encore Investec y ont élu domicile.

Leurs homologues d’Afrique francophone ne sont pas en reste. Le cas le plus illustratif étant l’acquisition en décembre dernier de 74,48 % d’AfrAsia, troisième établissement de crédit du pays et filiale du groupe IBL, par Atlantic Group à travers sa holding financière AFG Holding, sous réserve des approbations du régulateur, la Bank of Mauritius. À l’instar du groupe fondé par le magnat ivoirien Bernard Koné Dossongui, les acteurs francophones se disent séduits par la situation géographique de Maurice qui en fait un pont entre l’Afrique et l’Asie. En outre, la position enviable du pays dans le classement Doing Business (deuxième en Afrique) met en valeur un climat des affaires apprécié des investisseurs, que confortent la qualité des infrastructures et des ressources humaines, la souplesse de la réglementation des changes, ainsi que, pour le cas spécifique des groupes bancaires panafricains, les opportunités de développement de correspondant banking, de trade finance pour l’approvisionnement en importations de biens, services et hydrocarbures. Non sans oublier la gestion d’actifs (immobilier, wealth management).

Zone d’origine

Au-delà de leurs qualités intrinsèques, l’un des atouts majeurs des groupes bancaires d’Afrique francophone provient d’une régulation bancaire plus exigeante sur certains points dans leur zone d’origine, comparé à Maurice, bien que dans l’ensemble les normes édictées en la matière par le Comité de Bâle demeurent identiques pour tous. «Le dispositif prudentiel applicable en Afrique de l’Ouest francophone, édicté par la Banque centrale régionale (BCEAO), est aligné depuis 2016 sur les dispositions de Bâle III concernant notamment la qualité des fonds propres et le Capital Adequacy Ratio (CAR). Par ailleurs, de nombreuses circulaires révisées en 2017 encadrent de manière stricte les domaines de la gouvernance, du contrôle interne, de la gestion des risques et de la conformité. Au plan du reporting financier, le plan comptable bancaire a fortement convergé vers les normes IFRS et tous les groupes bancaires cotés sont tenus de publier leurs états financiers consolidés sous ce référentiel», analyse Roméo Bouba, le directeur général adjoint de AFG Holding chargé du Pôle finance.

 

Roméo Bouba, directeur général adjoint d’AFG Holding, chargé du Pôle finance.

 

Connaissant les deux environnements, cet expertcomptable et ancien chef de mission à la Commission bancaire de l’Afrique centrale(Cobac) indique par ailleurs que plusieurs dispositifs conformes aux standards internationaux ont été implémentés par le régulateur, tels que la supervision sur des bases consolidées des groupes bancaires, la supervision basée sur les risques, fonds de garantie des dépôts et le mécanisme de résolution de crise. «En matière de supervision des groupes, la Bceao a mis en place des collèges de superviseurs et conclu une dizaine d’accords de coopération avec des régulateurs de plusieurs pays pour l’échange d’informations (Bank Al-Maghrib, Banque de France, Cobac)», poursuit-il. «En outre, la qualité de la supervision exercée par la Bceaoest est évaluée périodiquement par les équipes du FMI et de la Banque mondiale, à travers les Financial Sector Assessment Programs (FSAP).» Une valeur ajoutée incarnée par AFG Holding qui va certainement contribuer à faire émerger des «champions africains de demain», dont le souhait entonné à l’Africa CEO Forum est de les faire passer de 300 à 3 000 d’ici à la fin de la décennie.