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Trafic à Jin Fei: les singes maintenus dans des conditions barbares

20 mars 2023, 11:00

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Trafic à Jin Fei: les singes maintenus dans des conditions barbares

Shafeek Jhummun a reconnu qu’il avait capturé ces singes qu’il allait exporter. Tout en ajoutant détenir un permis en bonne et due forme. Mais il est loin de la vérité. L’habitant de Bel-Air, qui est à la tête de la compagnie Hammer Head Ltd, a été arrêté avant d’être relâché vendredi soir pour détention illégale de primates dans un bâtiment à Jin Fei, désaffecté certes, mais muni de caméras de surveillance.

Lors de la descente des lieux ce jour-là, les fonctionnaires du ministère de l’Agroindustrie, accompagnés de policiers du poste de Terre-Rouge, ont été surpris de découvrir 250 singes en captivité, entassés à plusieurs dans des cages en métal mesurant 80cm x 40cm x 40cm. Sans nourriture, ni eau. On ignore à qui appartient le bâtiment.

Chaleur étouffante et saletés

Certaines cages se trouvaient à même le sol humide et très sale avec notamment des excréments de singe. Les animaux se trouvaient dans trois salles dont une en métal et couverte de tôle. C’est dire la chaleur qui y règne en plein été ! Et il n’y avait aucune aération. Dans deux des salles, les pauvres animaux étaient plongés dans une obscurité totale et il n’y avait aucun soignant animalier présent pour s’occuper d’eux. On a aussi découvert certains produits pharmaceutiques qui ne doivent être utilisés que par des vétérinaires.

Ce qui est étrange dans cette histoire, c’est que Shafeek Jhummun a été libéré sur parole et l’on ne sait si au moins une charge provisoire de cruauté envers les animaux a été retenue contre lui. Concernant le permis qu’il dit détenir, nous avons appris qu’en fait Shafeek Jhummun avait fait une demande – on ne sait quand – pour un permis d’élevage et d’exportation de Macaca fascicularis ou macaques crabiers, que l’on trouve dans nos forêts et, avec la réduction de ces dernières, dans nos villes.

Le ministère lui a délivré une lettre d’intention mais pas de permis. En attendant, Jhummun devait trouver un site pour l’élevage, obtenir un certificat EIA et un permis de de développement, employer un vétérinaire, fournir plusieurs documents, dont un certificat de caractère.

Mais l’habitant de Bel-Air-Rivière-Sèche n’aurait pas attendu d’avoir accompli toutes ces démarches pour commencer à chasser les macaques illégalement depuis septembre de l’année dernière. A-t-il pu en vendre ou alors ces malheureux macaques trouvés à Jin Fei sont-ils enfermés là depuis plus de six mois ? On ne le sait.

 Où allait-il exporter ou a-t-il exporté ces singes ? Où les a-t-il capturés ? Dans la forêt ? Laquelle ? Un éleveur licencié nous explique comment toute capture dans la nature de ces singes est rigoureusement contrôlée. «À part le produit de nos élevages, si nous chassons ces macaques, il faut en informer le ministère au préalable, et après la capture, il faut lui envoyer une liste.» Ou est-ce que Shafeek Jhummun allait vendre ces singes à un labo local ?

Menaces et compagnie

Un employé du ministère raconte comment une fois libéré sur parole vendredi, Shafeek Jhummun est quand même revenu sur les «lieux du crime» à Jin Fei, hier, pour intimider les employés qui transportaient les singes vers un abri. «Zot pa koné ar ki sannla zot pé gagn zafer? Zot pou koné ar mwa», aurait-il lancé à haute voix, tout en faisant comprendre qu’il a des relations.

Nous apprenons également que l’habitant de Bel Air ne possède aucune expérience dans l’élevage des singes. D’ailleurs, selon le Registrar of Companies, sa société Hammer Head Ltd est active dans la pêche en haute mer et l’agriculture mixte. Que viennent donc faire des singes dans tout cela ? Dimanche, l’express rapportait les propos d’un éleveur qui se demandait si les singes n’allaient pas être exportés clandestinement… par la mer. On en saura probablement un peu plus aujourd’hui lorsque «l’accusé» sera traduit en cour.