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Agriculture: le cap de non-retour franchi

17 janvier 2023, 18:00

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Agriculture: le cap de non-retour franchi

Les circonstances ne sont pas favorables aux agriculteurs. Le manque d’eau se fait cruellement sentir. À ce rythme, ces derniers ne prédisent rien de bon. Avec les perturbations tropicales, dont la météo prévoit l’arrivée d’ici la mi-semaine, les planteurs espèrent qu’elles seront riches en eau mais ne provoqueront pas d’inondation. Sinon, ce sera le désastre…

Les plantations sont jaunies à cause d’un trop plein de soleil. Pourtant, çà et là poussent quelques légumes que les agriculteurs surveillent. Ils essaient de leur donner le maximum d’eau qu’ils ont en leur possession. Plusieurs ont construit des bassins sur les terrains afin d’y stocker le maximum d’eau pour nourrir leurs plantes. 

«Avant, nous arrosions deux fois par jour ; aujourd’hui, nous sommes passés à une seule fois. Nous avons érigé des bassins où nous récoltons l’eau de pluie et l’eau de la coopérative qui nous approvisionne, même si elle a réduit le niveau», confie Navish Applasamy. Toutefois, il avance que toute la culture ne bénéficie pas de l’eau. «Avec la chaleur que la terre dégage, beaucoup de légumes sont endommagés.» 

Ce planteur de l’Ouest brosse un tableau noir de la situation à venir. «Nous n’aurons pas suffisamment de légumes pour nourrir toute la population au rythme où nous sommes.» Et avec les dépressions annoncées par la station météo, il ne peut s’aventurer sur ce terrain glissant. «Si nous avons de la pluie, nous serons contents, mais si elle se transforme en pluie torrentielle, alors nous perdrons le peu que nous avons déjà. Car si nous pouvons essayer de fournir des légumes pour encore un mois, une météo peu clémente, avec risque de cyclone, peut nous faire tout perdre en une semaine.» Pour le moment, il est en mode «wait and see», d’autant plus que dans ses champs, il cultive un peu de tout afin de satisfaire la demande. 

C’est aussi le ressenti de Farhad Jugon. Ce planteur de melon d’eau et de pommes de terre n’arrose ces plantes qu’une fois sur deux. «Nous récoltons l’eau d’une rivière et, munis d’un arrosoir, nous aspergeons les plantes.» En ce qui concerne ses cultures de melon d’eau, il prévoit que seulement 25 % des plantes verront le jour, et ne garantit même pas la qualité des fruits. «Le manque d’eau se fait sentir. C’est une grande perte pour nous, car nous avons déjà payé les établissements où nous plantons ces fruits, Rs 40 000 un hectare, pour une période de six mois. Nous ne nous attendions pas à avoir un temps comme celui que nous avons actuellement.» Il estime que les pertes seront au-delà de la somme évoquée. «En sus de la location de l’hectare, il faut penser aux grains, à l’arrosage, aux engrais, cela nous revient à beaucoup plus.» 

Si les prévisions de la météo s’avèrent justes et que nous puissions obtenir de l’eau d’ici la fin de semaine, notre interlocuteur espère que cette pluie ne se transformera pas en torrent, sinon les champs courent à leur perte. Néanmoins, le manque d’eau n’est pas le seul souci que Farhad Jugon et ses confrères du Sud rencontrent actuellement. «Les établissements sucriers ne nous donnent pas les champs pour que nous puissions les préparer pour accueillir les semences de pommes de terre. Habituellement, nous les avons en début d’année, mais à ce jour, rien. On nous a laissé entendre que nous allons récupérer les terres une fois la coupe de canne terminée. Mais nous allons être en retard dans notre agenda, et cela risque de se faire ressentir sur le marché local.» 

Même le secrétaire de la Small Planters’ Association, Kreepalloo Sunghoon, voit que planteurs et consommateurs vont souffrir dans les prochains jours. «La pluie qui est tombée au cours de ces derniers jours n’a presque pas eu d’effet sur les plantations. Il faut qu’il pleuve pendant au moins quatre à cinq jours et que la terre puisse s’abreuver.» Il avoue que plusieurs planteurs ont préféré s’abstenir de cultiver. «Avec ce manque de pluie, les plantes sont affaiblies et se laissent attaquer par les microbes aussi. Du coup, les légumes vont se vendre plus cher sur le marché et ils peuvent aussi être de moins bonne qualité. » Il conseille au public de n’acheter que les légumes qu’ils vont utiliser et d’éviter le gaspillage. «Nous traversons une période difficile.» C’est le moins que l’on puisse dire…