Publicité

Rebecca Espitalier-Noël: «La sensibilisation au gaspillage alimentaire doit être accrue à tout niveau et par tous»

3 janvier 2023, 22:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Rebecca Espitalier-Noël: «La sensibilisation au gaspillage alimentaire doit être accrue à tout niveau et par tous»

Nous traversons une période troublée. Nos systèmes alimentaires mondiaux ont été perturbés par deux années de pandémie de Covid-19, par le changement climatique puis la guerre en Ukraine, plongeant des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire, marquée par une augmentation de la faim et de la malnutrition.

Les pertes alimentaires, signalées par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans l’indice des pertes alimentaires, se produisent dans la période qui suit immédiatement la récolte jusqu’au niveau de la vente au détail, entre autres.

Le gaspillage alimentaire est plus courant dans les pays développés.

Ce dernier désigne des produits finis, de bonne qualité et propres à la consommation, qui vont jusqu’au bout de la chaîne alimentaire mais qui ne sont pas consommés et finissent par être jetés. Il est lié aux décisions des commerçants, des fournisseurs de services de restauration et des consommateurs. Le gaspillage alimentaire résulte de nombreux facteurs, parmi lesquels on peut citer la non-adéquation des produits à des normes de qualité et d’apparence strictes, l’incompréhension des dates de consommation (confusion entre DLC pour Date Limite de Consommation et DDM pour Date de Durabilité Minimale) ou encore les mauvaises pratiques d’achat et de conservation par les consommateurs.

Comment agir face au gaspillage alimentaire ? Quels sont les enjeux ? On fait le point avec Rebecca Espitalier-Noël, Managing Director de FoodWise.

Quelles sont les principales causes du gaspillage alimentaire ?

Les causes du gaspillage alimentaire sont multiples. Si l’on regarde l’ensemble de la chaîne alimentaire, au niveau de la production, des fruits et légumes de mauvais calibre sont laissés au champ ou lors d’une pêche intensive des poissons indésirables ou certains d’entre eux sont capturés puis abandonnés. Au niveau du transport, des bateaux en retard ou bloqués dans des ports font que des cargaisons entières se dégradent. En termes de conservation, s’il n’y a pas d’infrastructures adéquates pour stocker les surplus à un moment où le marché n’est pas prêt à les absorber, les produits périssent, c’est l’exemple des légumes à Maurice. Au niveau de la distribution, les produits alimentaires sont jetés avant leur date de péremption, alors qu’ils sont encore propres à la consommation. Au niveau de la consommation, comme dans les restaurants, par exemple, il peut y avoir une surproduction. Enfin, à la maison, une mauvaise planification, une mauvaise connaissance des dates ou de mauvaises conditions de stockage créent des déchets.

Comment limiter le gaspillage alimentaire dans les hôtels ?

L’accent est mis sur les hôtels, mais ce n’est vraiment pas là qu’il y a le plus de déchets. Les supermarchés, les producteurs, les distributeurs, les fabricants gaspillent aussi beaucoup. Pour répondre à votre question, pour réduire le gaspillage dans les hôtels, plusieurs solutions sont possibles, comme une meilleure gestion des stocks, le stockage à des températures adéquates sur les buffets, les préparations en quantités réduites, du live cooking, la sensibilisation des clients avec une proposition de bénéficier de portions de tailles différentes ou de se resservir plusieurs fois.

Quelles sont les solutions pour lutter contre le gaspillage alimentaire ?

Il doit d’abord être réduit, puis redistribué aux humains, puis aux animaux, mais pour en faire du compost, puis de l’énergie et enfin jeter à la décharge. Concernant la réduction, les solutions sont infinies mais l’une d’elles est d’améliorer la compréhension des dates de consommation et de changer leur utilisation. C’est ce qu’a fait FoodWise en collaboration avec le gouvernement pour changer la loi concernant les dates de consommation.

Cette dernière a été amendée en juillet 2022 et permet une différenciation entre la «Best Before» et l’«Expiry Date» ainsi que la vente et le don de produits avec une «Best Before Date». Nous en discutons depuis longtemps avec les autorités et c’est avec une grande joie que nous accueillons cette avancée ma- jeure dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Nous avons également lancé un «Pact on date labels» avec des leaders de l’agroalimentaire à Maurice, en octobre, dans le cadre de la Journée mondiale de l’alimentation. Ce pacte est constitué de huit engagements concrets pour les entreprises et débouchera sur une campagne nationale sur les échéances. D’autres solutions pour les entreprises sont d’offrir des incitations financières, par le biais de réductions d’impôts, à faire des dons de produits invendus ou encore interdire de jeter des produits encore consommables.

Comment sensibiliser les gens ?

La sensibilisation doit être accrue à tous les niveaux et par tous les acteurs. Pour les consommateurs, apprendre à bien conserver les aliments, à faire la différence entre les dates, à mieux organiser son frigo, à faire une liste de courses, à recycler les aliments, est crucial. Au niveau des entreprises, sensibiliser les salariés à la manipulation des produits pour ne pas les abîmer, les guider dans le processus de don et leur faire comprendre l’impact du gaspillage, sont autant d’éléments importants.

Deux ans de présence de Rejuice by Foodwise : 20 tonnes de fruits et légumes moches sauvées

<p>Rejuice by FoodWise est un bar à jus durable, situé à Bagatelle Mall. Il sauve des fruits et légumes moches depuis deux ans. Ce bar produit des jus 100 % naturels réalisés avec des fruits et légumes qui ne correspondent plus aux normes commerciales en raison de leur taille ou de leur couleur mais qui sont toujours délicieux.</p>

<p>Le jus &laquo;Le Moris&raquo; est le de Rejuice. C&rsquo;est un mélange de melon d&rsquo;eau, de mangue, de litchi et de pomme alors que le &laquo;Zilwa&raquo; est un mix de raisin, d&rsquo;orange, d&rsquo;ananas et de pomme. Ces jus sont à plus de 30% moins cher que le prix du marché, soit à Rs 100 l&rsquo;unité. Le prix est resté le même depuis deux ans malgré l&rsquo;inflation. De plus, les profits réalisés par ce bar servent à distribuer des repas aux personnes défavorisées à travers FoodWise.</p>

<p>&laquo;Les fruits et légumes frais coûtent aujourd&rsquo;hui très cher. Avec Rejuice et ce concept zéro gaspi, nous permettons aux Mauriciens de faire le plein de vitamines avec des recettes délicieuses pour pas cher. Pour nos deux ans, nous lançons un nouveau menu d&rsquo;été avec encore plus de nouveautés&raquo;, souligne Rebecca Espitalier-Noël, directrice de Rejuice by FoodWise.</p>