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Allégations de torture: les trois policiers reconduits en cellule

31 mai 2022, 14:14

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Allégations de torture: les trois policiers reconduits en cellule

L’inspecteur Kailash Derochoonee, le sergent Reedoye et le constable Gokhool ont comparu devant le tribunal de Pamplemousses ce mardi 31 mai. Une accusation provisoire de torture par un dépositaire de l’autorité publique a été retenue contre eux. Les trois policiers ont été reconduits en cellule jusqu’à leur prochaine comparution prévue pour le 7 juin prochain.

Le taser et les casseroles de l’inspecteur Derochoonee

Les images sont imprimées dans la tête des Mauriciens depuis samedi soir. Les trois vidéos, montrant des policiers en civil, qui torturent des hommes dénudés, à coups de taser ou de matraque, notamment, suscitent une vague d’indignation. Selon nos informations, les vidéos se trouvaient sur le téléphone d’un des officiers… Une proche du policier en question en a fait des copies.

Sur l’une des vidéos, figurent l’inspecteur Kailash Derochoonee et ses hommes, alors affectés à la CID de Terre-Rouge… On y voit le policier, en civil, donnant des coups de taser à un homme nu, alors que celui-ci a les mains menottées dans le dos. Tous étaient bien au courant du fait que la personne ayant copié les images était en conflit avec un des membres de l’équipe, qui lui-même avait filmé toute la scène. La dénonciatrice avait d’ailleurs montré les vidéos à un avocat en 2019. Selon nos informations, ce dernier avait demandé à voir le commissaire de police par intérim d’alors, mais la rencontre n’a pas abouti. Une clé USB avait néanmoins été remise aux enquêteurs du CCID. Mais il n’y a jamais eu de suite… Pourquoi ? Comment ? Qui est ce policier et présumé tortionnaire dont on voit le visage sur la vidéo ?

L’inspecteur Kailash Derochoonee, âgé d’une cinquantaine d’années, est en fait connu parmi ses collègues pour avoir cumulé des frasques. Cet habitant de Montagne-Longue compte 30 ans de service au sein des forces de l’ordre et une interdiction d’exercer pèse sur lui depuis quelque temps. Il était le responsable de la CID de Terre-Rouge jusqu’à fin 2020, lorsque l’Independent Commission against Corruption (ICAC) débute une enquête sur lui pour pots-de-vin. Il est ensuite transféré à la Special Mobile Force et, le 20 août2021, il est arrêté pour «bribery by public official». Il est traduit en cour de Rivière-du-Rempart, avant d’être libéré contre une caution de Rs 300 000 et après avoir signé une reconnaissance de dette de Rs 100 000. À sa sortie de cour, Kailash Derochoonee bouscule un journaliste du Défi Media Group.

Kailash Derochoonee était dans le collimateur de l’ICAC depuis des années. Plusieurs lettres anonymes dénonçant ses pratiques peu recommandables avaient été envoyées à la commission anti-corruption. Mais c’est finalement une plainte pour pots-de-vin, enregistrée contre lui, en 2019, qui le fait tomber. Cela, dans le sillage de l’agression d’un manager du supermarché Dream Price, à Terre-Rouge, le 10 septembre de la même année. L’inspecteur Derochoonee était accusé d’avoir réclamé des pots-de-vin ; il aurait demandé Rs 25 000 pour l’arrestation des suspects et Rs 100 000 pour étouffer l’affaire…Il aurait seulement reçu le quart de ce montant. Entre-temps, devant l’inaction de Derochoonee et de son équipe après cette agression, des hauts gradés de la police ont retiré le dossier des mains du CID de Terre-Rouge pour le confier à la CID de Pamplemousses.C’est ainsi que trois suspects avaient alors été arrêtés, le 27 septembre. Rajendra Ragoo, Yogeshwarsingh Pryam et Issac Beekarry avaient comparu en cour sous une charge d’agression avec préméditation.

Si on n’avait plus vraiment entendu parler de lui depuis, voilà que le policier semble ainsi être rattrapé par son tumultueux passé. Sollicité pour une réaction au sujet de la vidéo choquante qui a fait surface samedi soir, et dans laquelle on aperçoit son visage, Kailash Derochoonee s’est contenté d’affirmer qu’il «n’a rien à dire» et qu’il «laisse l’enquête suivre son cours»…