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Hausse des prix du carburant: quand la colère gronde

22 avril 2022, 09:58

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Hausse des prix du carburant: quand la colère gronde

C'est la goutte… d’essence qui a fait déborder le vase. Mercredi, les habitants de Camp-Levieux ont manifesté leur mécontentement face à la hausse des prix du carburant, d’autant plus que la dernière augmentation de ce combustible remonte à quelques mois. Il n’y a pas qu’à Maurice que la population manifeste sa colère. On te fait un tour d’horizon des manifestations anti-augmentations à travers le monde.

Mardi soir, la State Trading Corporation a annoncé que le litre d’essence passerait de Rs 61,30 à Rs 67,40 et que le litre de diesel, qui coûtait jusqu’ici Rs 45,10, allait dorénavant s’acheter à Rs 49,60. En l’espace de quelques mois, le prix du carburant a connu plusieurs augmentations, sans compter les prix des produits de base, qui ont également pris l’ascenseur. Lundi dernier, c’est le gaz ménager qui a augmenté, la bonbonne de 12 kilos passant de Rs 180 à Rs 240. Ces augmentations successives fragilisent le budget des familles et plus encore de celles au bas de l’échelle. Cette hausse des prix des produits est mondiale, occasionnant au passage des manifestations dans divers endroits de la planète. 

Au Maroc 
Les Marocains ont donné de la voix, le 21 février dernier. Plusieurs manifestations contre la hausse des prix se sont tenues dans diverses parties du pays. Selon le site fr.euronews, l’origine de la colère était «la baisse du pouvoir d’achat sur fond de hausse des prix des matières premières, en particulier des céréales et du pétrole». Ce pays, qui compte beaucoup sur sa capacité de production agricole, a aussi été frappé par la sécheresse. Mais en sus de «la vie chère», les Marocains ont également dénoncé le «despotisme et la corruption», tout en faisant appel à la «liberté, la dignité et la justice sociale». Finalement, l’Etat marocain a annoncé la mise en place d’une subvention sur le prix de la farine. 

Au Pérou 
Au début du mois d’avril, plusieurs sites internationaux dont TV5 Monde, France 24, RFI ou encore L’express de France ont fait état de violentes manifestations au Pérou. Ainsi, le mardi le 5 avril, un couvre-feu a été instauré à Lima, la capitale du Pérou, et dans la ville portuaire voisine de Callao. Ces manifestations ont été organisées par les transporteurs contre la hausse du prix du carburant et du prix des denrées alimentaires. Ces manifestations ont provoqué des blocages routiers et une suspension des classes dans plusieurs régions. Pire, elles ont aussi donné lieu à des scènes de pillage dans des magasins dans le Sud et l’Est du pays. Selon le journal français L’express, dans l’intention d’apaiser la colère des habitants, le gouvernement péruvien a décrété une augmentation de 10 % du salaire minimum, qui devra être appliquée à partir du 1er mai.

En Grande Bretagne 
Plusieurs milliers d’Anglais sont descendus dans les rues de Londres avec des pancartes pour manifester leur colère à la suite de l’augmentation du prix du carburant, du gaz et de l’électricité, le 2 avril dernier. Le site du journal The Guardian souligne que des manifestations se sont également tenues dans les villes de Cardiff et de Birmingham. Les syndicalistes et les organisations luttant contre la pauvreté ont fait ressortir que les habitants ont un choix terrible à faire : chauffer leur maison ou se nourrir. Si le gouvernement a laissé entendre qu’il ne pouvait pas neutraliser complètement l’impact de la hausse mondiale du carburant, il a accepté de baisser la taxe sur ces produits.

Chez nous 
Les hausses consécutives des prix des produits, et tout dernièrement des carburants, ont suscité la colère des habitants de Camp-Levieux. Lors d’une manifestation illégale, qui a débuté mercredi matin, ils ont réclamé une baisse des prix. Munis de pancartes, ils ont menacé de continuer la manifestation tant qu’il n’y aurait pas de baisse de prix. Dans l’aprèsmidi, la situation a dégénéré. Les manifestants ont mis des pierres sur la route et y ont aussi brûlé des pneus. Ils ont aussi lancé des pierres et d’autres projectiles sur les policiers. Et ces derniers ont répliqué en utilisant du gaz lacrymogène. A mercredi soir, une forte présence policière, notamment des membres de la Special Supporting Unit, étaient à Camp-Levieux. Plusieurs arrestations ont eu lieu mercredi soir. A l’heure où nous écrivons cet article, d’autres manifestations étaient attendues dans le pays. Une décision gouvernementale concernant ces hausses de prix est vivement attendue.

Au Sri Lanka


Le 1er avril, le président du Sri Lanka, Gotabaya Rajapaksa, a décrété l’état d’urgence, donnant le pouvoir aux forces armées de son pays d’arrêter et d’emprisonner les manifestants. Cette décision a été prise après une manifestation de plus de 24 heures par les habitants contre la mauvaise gestion de la crise économique que leur pays traverse actuellement. C’est la pire crise économique que ce pays ait connue depuis son indépendance en 1948. Le 12 avril, le président a annoncé qu’il n’y avait plus de devises étrangères pour importer des produits. Le couvre-feu instauré n’a pas empêché les Sri Lankais de continuer à manifester. Ils réclament le départ du président qu’ils accusent de népotisme et de dépenser les biens de l’État à tort et à travers. Mardi, le journal Le Monde rapportait qu’un homme avait été tué par balles par la police sri lankaise lors d’une manifestation antigouvernementale, qui a aussi fait 16 blessés. Pour calmer le peuple, le président a remanié son cabinet où plusieurs membres de sa famille avaient été nommés ministres. Il a également sollicité l’aide du Fonds monétaire international (FMI). Le Sri Lanka est un pays de 22 millions d’habitants, qui subit, depuis des mois, des pénuries d’aliments, de carburant et de médicaments, entre autres. Les habitants connaissent aussi de longs délestages* au quotidien.

*Délestages : suppression momentanée de la fourniture électrique.