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Christel Dialava Le Fèvre: Habiller les petits et leur apprendre à préserver la planète

16 avril 2022, 22:00

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Christel Dialava Le Fèvre: Habiller les petits et leur apprendre à préserver la planète

Le journalisme mène à tout, à condition d’en sortir. Eu égard au parcours de Christel Dialava Le Fèvre, cette citation pourrait s’étendre aux métiers de la presse. Cette ancienne secrétaire de rédaction à «l’express» s’est essayée à plusieurs métiers avant d’être embauchée comme hôtesse de l’air et voir du pays. Ce qui lui a permis de prendre la pleine mesure de l’impérativité de préserver la planète et d’agir en conséquence à travers la mode enfantine éco-durable.

Cette Curepipienne de 39 ans dont les parents vivent séparés depuis longtemps, a un frère et un demi-frère et une demi-sœur du côté de son père, qui est garagiste. Sa mère a émigré pour la France, il y a quelques années, et projette de faire découvrir aux Français ses talents de cordon-bleu en cuisine mauricienne.

Après des études secondaires «inoubliables» au collège du Bon et Perpétuel Secours, où Christel Dialava Le Fèvre avait «des enseignants extraordinaires, qui croyaient en nous. Si je devais repartir sur les bancs de l’école, je le referais sans hésiter une seconde tant j’en garde un très bon souvenir», après avoir complété sa Form VI, elle a été admise à l’université de Maurice où elle a décroché une licence en français dans l’optique d’exercer comme enseignante «parce que c’était considéré un bon job pour une fille à l’époque…» Mais l’Homme proposant et Dieu disposant, elle a été tour à tour secrétaire de rédaction à l’express, responsable des relations publiques pour un groupe hôtelier en Asie, assistante de communication, chef d’édition web pour un magazine en ligne français. «Mais étrangement, je n’ai jamais été enseignante.»

Et c’est sans regret, précise-t-elle. «Avec le recul, je peux dire que je n’ai aucun regret d’avoir choisi toutes ces voies. J’ai appris tellement de choses, rencontré tellement de belles personnes, vu des endroits magnifiques et vécu des situations uniques et inoubliables… J’ai toujours suivi mon coeur et je n’ai pas eu peur de dire oui aux nouvelles opportunités.»

A un moment précis de sa vie, elle se demande quoi faire et se souvient alors de son rêve de petite fille, qui désirait voyager, à tel point qu’elle apprenait et mémorisait les noms de toutes les capitales des pays du monde. Elle postule pour un emploi d’hôtesse de l’air chez Emirates et l’obtient. Elle met alors le cap sur Dubayy où elle reste dix ans. «Je voulais voir le monde, même si aucun endroit au monde ne remplace mon île dans mon cœur. J’ai toujours eu la conviction que je parcourrai le monde un jour mais j’ignorais comment arriver à mes fins car je suis d’origine modeste. Mais ne dit-on pas que ce que nous cherchons, nous cherche aussi. Je veux croire que l’Univers a conspiré pour me permettre de réaliser mon rêve. C’est une citation de l’Alchimiste de Paolo Coelho, qui a transformé ma vie à 16 ans et qui me guide toujours sur mon chemin», raconte-t-elle.

Christel Dialava Le Fèvre dit avoir profité de chaque opportunité offerte par Emirates pour parfaire son expérience dans le domaine du service-client et du leadership en tant que Cabin Supervisor et ainsi gérer des équipes internationales. Son meilleur souvenir reste ce jour où lors d’un vol mouvementé, une petite fille, accompagnée de son papa, est venue vers elle pour lui demander l’autorisation de lui faire un câlin. «C’est un souvenir que je porterai toujours dans mon cœur. Comme quoi, les petites choses sont celles qui comptent le plus…»

Bien qu’elle ait beaucoup voyagé, elle a adoré retrouver son port d’attache Dubayy. «J’ai beaucoup aimé l’énergie de cette grande ville. Les leaders y sont des visionnaires. Ils sont enthousiastes et ont un réel désir de faire avancer leur pays. Ils veulent être numéro un et ils n’ont pas peur d’innover.» Elle et son mari, qui est pilote de ligne chez Emirates, ont profité de toutes les activités et évènements culturels organisés. «Le Louvre d’Abu Dhabi, par exemple, est un vrai bijou architectural. On était souvent à la plage comme on le fait à Maurice. Les deux dernières années, avec mon mari, nous vivions sur un bateau dans un superbe endroit. Lorsque nous étions tous deux en repos, on sortait en mer. C’était un rêve partagé. On l’a voulu et on l’a fait. Nous étions entourés d’amis parmi lesquels des Mauriciens. Je suis très reconnaissante à l’Univers de toutes ces belles années et opportunités.»

«Chez Ti Matelot, nous voyons chacun de nos partenaires et prestataires comme des personnes et non des robots qui doivent produire, encore et toujours plus, pour un salaire dérisoire.»

La jeune femme met un terme à son emploi lorsqu’elle attend un enfant, un fils aujourd’hui âgé de deux ans et demi. La pandémie du Covid-19 a raison de leur vie à Dubayy car Emirates, comme bon nombre de compagnies aériennes, est durement touchée et effectue un exercice de dégraissage parmi son personnel. Et son mari est parmi les pilotes remerciés. «C’est en 2020 que mon mari a été remercié pour ‘bons et loyaux services’. C’est notre fils qui est une vraie boule d’énergie, qui en a profité. Grâce au Covid-19, il a passé beaucoup de temps avec maman et papa !»

Les Le Fèvre regagnent Maurice et s’installent à Flic-en-Flac en raison de «ses somptueux couchers du soleil, de sa plage et l’animation conviviale que l’on y trouve tout au long de l’année». Après deux années sabbatiques à s’occuper exclusivement de son fils, le besoin de reprendre une activité professionnelle s’est fait sentir chez Christel Dialava Le Fèvre, de même que l’envie de ravoir une certaine indépendance financière. «J’avais surtout envie de sentir que je participe à quelque chose d’utile, pour moi, pour ma famille et pour la société.»

C’est ainsi qu’à la fin 2021, elle a lancé sa marque de vêtements pour enfants appelée Ti Matelot, marque 100 % locale de vêtements écoresponsables en 100 % lin. Elle a présenté sa première collection sur Facebook. «Avec cette première collection intitulée ‘Les petits basiques’, j’ai imaginé des vêtements adaptés à notre climat tropical. Cette collection s’adresse à tous les parents, soucieux du bien-être de leurs enfants et soucieux de l’environnement et qui veulent offrir à ces derniers des vêtements éco-durables.»

Si elle a opté pour le lin, c’est parce qu’il s’agit d’une fibre naturelle très solide, trois fois plus résistante que le coton. «De plus, le lin est, selon moi, le plus noble des tissus en fibres naturelles et je suis fière de dire que notre gamme de lin européen de qualité premium est certifiée Oeko-Tex, c’est-à-dire qu’il ne contient ni produit chimique, ni produit toxique.»

Elle s’approvisionne auprès de Suprafil, enseigne connue et respectée à Maurice, pour la qualité de ses tissus. Elle rappelle que le lin est un tissu thermorégulateur et qu’en raison de cette caractéristique, il peut se porter en été comme en hiver. Il est aussi hypoallergénique et antibactérien, s’adoucit à chaque lavage et donc doux sur la peau des tout-petits.

Cette éco-preneure reconnaît que le lin coûte plus cher. Mais il dure aussi plus longtemps, souligne-t-elle. «Vous ne pouvez pas vous tromper en investissant dans un vêtement en lin de qualité. Il va durer et le petit frère ou la petite sœur pourra porter les vêtements de son aîné(e) longtemps. Et à la fin de son cycle de vie, le lin, qui est une matière 100 % biodégradable, laissera peu de traces sur la planète.»

Ti Matelot, ajoute-t-elle, veut valoriser l’expertise et le savoir-faire mauriciens en concevant «des pièces uniques et intemporelles». C’est elle qui dessine les modèles qu’elle soumet ensuite à l’atelier Lionnet, autre enseigne réputée. «Il y a beaucoup d’échanges entre moi et la responsable de l’atelier, Anaïs, avant d’aller de l’avant avec les prototypes.» Les broderies sont réalisées par un autre prestataire local, qui possède sa petite entreprise. «Etre durable, c’est aussi mettre l’humain au centre. Ainsi, chez Ti Matelot, nous voyons chacun de nos partenaires et prestataires comme des personnes et non des robots qui doivent produire, encore et toujours plus, pour un salaire dérisoire.»

Elle explique que tous les détails comptent lorsqu’il s’agit d’une marque ‘green’. «J’ai essayé de penser à la durabilité à chaque étape de la mise en place de cette marque eco-friendly, que ce soit au niveau du choix du tissu que de celui des boutons en nacre, par exemple, en passant par les étiquettes réalisées à partir de papiers recyclés et 100 % biodégradables, et jusqu’ à notre empaquetage, qui porte le slogan ‘Less is more’.»

Et Christel Dialava Le Fèvre mise aussi sur une production responsable, ne fabriquant chaque pièce qu’en quantité limitée afin de ne pas se retrouver avec des invendus sur les bras, qui finissent généralement dans les déchetteries. Avec Ti Matelot, veut-elle aussi inculquer l’importance du recyclage/upcycling aux enfants ? «Oui, car je pense que si nous, parents, faisons les bons choix lors de nos achats de vêtements, par exemple, nos enfants vont certainement comprendre et adopter nos habitudes. Je n’ai aucun souci à acheter des vêtements de seconde main pour mon fils et si j’achète des vêtements neufs, je fais le choix de marques écologiques pour enfants. Mais à Maurice, le choix est très, très restreint dans ce segment.» Ti Matelot, précise-t-elle, vient justement donner un plus grand choix «aux parents qui comme moi, se soucient de l’impact des vêtements que nous achetons sur la planète.»

Elle voudrait que Ti Matelot devienne une référence dans la région en tant que marque ‘green’. Dans un avenir proche, elle voudrait parrainer des actions auprès des enfants pour leur inculquer l’importance de protéger et prendre soin des plages. «Il y a encore trop de déchets laissés sur place par les pique-niqueurs à Flic-en-Flac.» Elle caresse aussi un projet de location de vêtements pour enfants. Mais il est bien trop tôt pour en parler. Nous verrons si, une fois de plus, l’Univers lui donnera un coup de pouce…

Les vêtements Ti Matelot sont exclusivement disponibles en ligne sur le site www.ti-matelot.com