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Afghanistan: revirement sur l'interdiction pour les filles de chanter en public

15 mars 2021, 15:14

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Afghanistan: revirement sur l'interdiction pour les filles de chanter en public

Le gouvernement afghan a annulé dimanche une directive de l'administration scolaire interdisant aux jeunes filles de chanter en public à Kaboul, après avoir été confronté à une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux.

Il est souvent coutume en Afghanistan, lors d'événements officiels, qu'une chorale d'écolières accueille les visiteurs en chantant.

Mais le 6 mars, le rectorat de Kaboul a demandé aux écoles de la capitale de ne plus envoyer de filles de plus de 12 ans chanter dans des cérémonies publiques, devant un public mixte, au motif qu'elles devaient se concentrer sur leurs études.

Cette décision a immédiatement suscité une levée de boucliers sur les réseaux sociaux, où de nombreux afghans ont dénoncé une «talibanisation» de la société, en référence à l'époque où les talibans au pouvoir (1996-2001) imposaient leur vision fondamentaliste de la religion en interdisant aux femmes d'étudier ou de travailler.

Après une semaine de polémiques, le ministère de l'Éducation a fini par se désolidariser du rectorat. La directive «ne reflète pas les positions et la politique du ministère», a-t-il indiqué dimanche soir dans un communiqué.

Il a ajouté être déterminé à «soutenir le droit de toutes les écolières à apprendre et à participer aux activités artistiques et culturelles de leur choix».

Avant ce revirement, le hashtag #IAmMySong («Je suis ma chanson») était devenu populaire sur Twitter, où de nombreuses jeunes filles avaient publié des vidéos dans lesquelles elles chantaient leurs chansons favorites.

«En Afghanistan aujourd'hui, le ministère de l'Éducation a étouffé les voix de nos petites filles en leur interdisant de chanter», avait également réagi sur Twitter Shamila Kohestani, une ex-capitaine de l'équipe nationale féminine de football.

«Ils apprennent littéralement aux fillettes qu'elles n'ont pas de voix», avait-elle ajouté.

Sur Facebook, Tayeb Safe, une internaute, avait écrit: «J'ai l'impression que les talibans sont de retour».

De nombreux Afghans craignent un retour au pouvoir des talibans, alors que les pourparlers de paix à Doha entre les insurgés et le gouvernement afghan sont au point mort, et que les États-Unis doivent théoriquement retirer d'ici le 1er mai leurs dernières troupes du pays, une décision qui n'a pas encore été avalisée par l'administration Biden.

Si des progrès ont été constatés dans les centres urbains, l'Afghanistan reste l'un des pays les plus répressifs pour les femmes, malgré des décennies d'aide internationale et la chute du régime taliban.