Publicité

Échouement du «MV Wakashio»: les produits pétroliers décryptés

5 août 2020, 13:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Échouement du «MV Wakashio»: les produits pétroliers décryptés

Fioul, mazout, huile lourde, huile marine… depuis que le MV Wakashio s’est échoué sur les récifs à Pointe-d’Esny, dans la soirée du samedi 25 juillet, les noms de ces produits pétroliers reviennent en boucle dans la bouche des connaisseurs. De plus, le risque d’une marée noire fait craindre le pire aux habitants du Sud car des sites Ramsar se trouvent à proximité du vraquier échoué. Quelle est la différence entre ces divers combustibles? Lequel est le plus nocif ? Que se passe-t-il lorsqu’il y a un déversement d’huile ? 

«Le pétrole est un combustible fossile, qui se trouve sous terre et contient beaucoup de composés organiques appelés hydrocarbures. Une fois extrait, le pétrole est ensuite raffiné à divers degrés pour produire différents carburants dont les fiouls, gazole, kérosène, essence et GPL», explique l’océanographe Vassen Kauppaymuthoo. 

Selon lui, les parties les plus lourdes entrent dans la production de bitume et de lubrifiants. Les produits pétroliers comprennent également de nombreux composés chimiques comme du sulfure d’hydrogène et des métaux lourds. Le fioul ou mazout est issu du raffinage du pétrole et ses caractéristiques sont proches du gazole (diesel). «Il diffère de ce dernier par rapport à son indice de cétane, qui est de 40. C’est donc comme un diesel ayant moins de pouvoir calorifique.» 

L’huile lourde (Heavy Fuel Oil) est un résidu de distillation du pétrole, qui a une consistance de bitume. Le HFO est souvent mélangé au mazout pour faire fonctionner les moteurs des navires. Quant aux huiles marines, elles ne sont pas utilisées comme carburants mais comme lubrifiants pour les pistons des moteurs de navires. 

Il n’y a pas un combustible plus nocif que l’autre. Vassen Kauppaymuthoo affirme que tous les produits pétroliers font des dégâts à l’environnement, de par leurs propriétés carcinogènes et chimiques, qui s’accumulent dans les organismes vivants et qui peuvent causer des dégâts importants et parfois irréversibles à l’environnement. «Une fraction de ces produits s’évapore tandis qu’une autre coule et s’accumule sur les fonds marins, comme ce fut le cas pour la catastrophe pétrolière de Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique. Ce désastre a été accentué par l’utilisation de dispersants, qui cassent le pétrole en gouttelettes plus fines, et qui se mélangent ensuite à l’eau de mer avant de couler.» 

Justement que se passe-t-il lorsqu’il y a un déversement d’huile dans la mer ? L’océanographe explique que les produits pétroliers sont plus ou moins visqueux, et les parties plus légères comme le fioul vont rapidement s’étaler à la surface de l’eau avant de s’évaporer. «C’est pour cela qu’il est important d’agir vite et de pomper un maximum le fioul avant qu’il ne s’étale et n’occupe de grandes portions de la mer. Les opérations de protection sont rendues ardues quand le climat ou la mer est défavorable, comme c’est le cas actuellement, ce qui réduit grandement l’efficacité des oil booms.» 

Il estime que ces flotteurs, qui sont placés autour de la zone alors que l’utilisation de dispersants, qui sont similaires à des savons, va faire disparaître l’aspect visuel du déversement pétrolier et ne résoudra pas le problème car ce pétrole est sous forme de fines gouttelettes, qui peuvent se mélanger à l’eau de mer, comme ce fut le cas dans le Golfe du Mexique. «Les déversements pétroliers sont, de ce fait, considérés comme une des catastrophes environnementales les plus graves.» 

Quel est l’impact d’une marée noire sur l’environnement marin ? Vassen Kauppaymuthoo fait ressortir que la faune et la marine sont grandement affectées par les déversements pétroliers, notamment les organismes qui viennent à la surface pour respirer comme par exemple, les tortues de mer ou les oiseaux marins, qui s’engluent et perdent l’imperméabilité de leur plumage, ce qui cause leur noyade. Par rapport aux organismes situés dans la colonne d’eau comme les poissons, ceux-là ingèrent les gouttelettes de pétrole, qui auront été dispersées par le vent ou l’utilisation de produits chimiques, avalant du même coup les molécules aromatiques cycliques cancérigènes. Les organismes situés au fond de la mer sont touchés par les fractions, qui atteignent le fond et ils peuvent mourir étouffés et intoxiqués par ces derniers.