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Sébastien Armon: un Mauricien dans l’élite mondiale

8 août 2020, 16:03

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Sébastien Armon: un Mauricien dans l’élite mondiale

Méconnu du grand public à Maurice mais respecté dans le monde du sport électronique. Sébastien Armon, 20 ans, adepte de l’e-sport est, depuis 2016, l’un des meilleurs gamers mondiaux sur PS4 en FIFA e-sport. Multiple champion de la discipline, il s’est envolé en Irlande il y a deux ans où il accumule les titres. Des succès qui lui ont permis d’être repéré par Team Singularity, une équipe danoise et dont il porte désormais les couleurs et qui lui vaut d’être le premier Mauricien à passer pro en e-sport. 

Depuis plusieurs années, la discipline appelée e-sport prend de plus en plus d’ampleur. Mais savez-vous exactement ce qu’est le e-sport ? Le terme «e-sport» a été créé à la fin des années 90 et est la contraction de electronic sport. On parle donc bien là de jeux vidéo, mais ceux-ci existent depuis bien plus longtemps que le e-sport et ont, comme vous pouvez vous en doutez, pour la plupart, un caractère compétitif. Les joueurs ont donc commencé à jouer entre eux en réseau pour ensuite s’étendre à l’international et développer les parties en ligne. 

C’est dans ce domaine que Sébastien Armon, ancien élève du collège St-Esprit, excelle. Plus particulièrement dans les jeux FIFA. Couronné à quatre reprises entre 2017 et 2018 dans les tournois e-sport organisés, entre autres, par FootFive, il a ensuite survolé la saison 2018/2019 en remportant neuf tournois. «Une fois mes études secondaires achevées, j’ai décidé de me spécialiser dans la finance au sein de l’ICD Business School de Dublin où je suis en première année. Depuis que je suis ici, j’ai participé à plusieurs tournois et j’en ai remporté quatre depuis le début de l’année», explique Sébastien qui est classé n°4 en Irlande. 

Jouer, c’est l’essence même de l’e-sport. Mais il y a aussi les gains car oui, le sport électronique rapporte beaucoup. Sébastien Armon – connu sous le sobriquet de Kolo dans le milieu de l’e-sport – avait déjà accumulé presque Rs 300 000 avant son départ pour l’Irlande grâce aux différents tournois dont il est sorti vainqueur. 

30 sur 30 

Le Mauricien originaire de Rose-Hill vient tout juste de parapher un contrat avec Team Singularity. Cette formation réunit plusieurs gamers avec des spécialités différentes. Au sein de la Team danoise, il y a ceux qui ont une spécialisation dans Call of Duty, League of Legends, PubG ou encore Fortnite. «Ils ont le meilleur joueur du Brésil au sein de leur équipe Fortnite», explique Sébastien. Ce dernier fait partie du quatuor spécialisé en FIFA e-sport. Il a notamment pour co-équipier Mohamed Al-Bacha, champion du monde de la FIFA en 2016. La Team Singularity débutera sa campagne en octobre avec le jeu FIFA 21. 

En tant que professionnel, Sébastien Armon reçoit un salaire mensuel. «J’ai eu des offres d’une équipe américaine et australienne. J’ai choisi Team Singularity car elle est mieux structurée sans compter qu’elle offre également du coaching.» Outre le salaire, la Team Singularity paie également le billet d’avion, offre la dernière console ou l’Internet. «Le joueurs doivent, eux, jouer, rapporter un maximum de points pour l’équipe et rafler les gains», souligne Sébastien qui n’a perdu aucun tournoi à Maurice depuis 2017.

Il détient d’ailleurs un record en FIFA 20. «Il y a un tournoi qui se déroule de vendredi à dimanche où vous devez disputer 30 matches d’affilée. J’avais engrangé 30 victoires, ce qui m’avait ouvert les portes aux qualifications avant les Championnats du monde qui réunissent les 100 meilleurs joueurs du monde. Malheureusement, les qualifications ont été annulées à cause de la Covid-19.» 

Comme beaucoup de jeunes, Sébastien Armon a vu qu’il y avait bien plus d’opportunité ailleurs qu’ici. S’il n’envisage pas de revenir dans son pays natal de sitôt, il espère toutefois implémenter le concept à Maurice un jour. «Il y a plus d’un millier de joueurs FIFA à Maurice. On essaie d’organiser un tournoi chaque trois à quatre mois. Si je reviens m’installer à Maurice un jour, je vais essayer de professionnaliser le concept.» En attendant, il vise clairement le titre de champion du monde. «C’est déjà bien ce que je fais mais c’est mon objectif d’être champion du monde.» Au rythme où il enchaîne les victoires, on verra très probablement le quadricolore sur le toit du monde dans un avenir proche.


Un métier comme les autres

Aujourd’hui, e-sportif est devenu un métier au même titre qu’un autre. Les e-sportifs professionnels de haut niveau sont même vus comme des stars et participent à des tournois prestigieux qui remplissent d’énormes salles et génèrent de grosses rentrées d’argent. L’e-sport possède également un public prêt à payer pour regarder leurs joueurs préférés, les encourager, que ce soit sur le lieu de l’événement (en LAN) ou en streaming (sur Twitch, par exemple). Mais comment devient-on quasiment imbattable ? «Ce jeu a été créé par des humains. Il y a donc des points forts et des points faibles. Vous devez exploiter ces faiblesses. Il faut aussi avoir les bons réflexes, l’acuité visuelle et trouver les bonnes stratégies. Il faut aussi de la pratique. Il m’arrive de commencer à jouer à midi et d’aller me coucher à 3 heures du matin», explique Sébastien Armon.


Les JO pas pour tout de suite

Sébastien Armon (à dr.) est actuellement l’un des meilleurs mondiaux. Il pose ici avec sa nouvelle formation.

En avril 2016, le Comité international olympique (CIO) annonce reconnaître l’e-sport comme un sport à part entière, en partenariat avec l’Agence mondiale antidopage (AMA). La Fédération internationale d’esport apportera son concours au CIO afin de définir la faisabilité de telles compétitions lors des JO. Dans cette continuité, en juillet de la même année, l’«Esports Integrity Coalition» est fondée en Angleterre. Son objectif : lutter contre le dopage dans le milieu du sport électronique. En août 2017, après l’obtention par Paris des JO 2024, Tony Estanguet, membre du CIO et coprésident du Comité de candidature Paris 2024, s’est dit prêt à discuter avec le CIO pour éventuellement y inclure la discipline. Un rêve qui ne se concrétisera pas dans la capitale française puisqu’en janvier 2020, Thomas Bach, président du CIO, a expliqué que pour lui, l’e-sport, c’est un «non» catégorique avant d’ajouter ceci : «Nous ne sommes pas encore prêts, mais il s’agira de mieux se connecter à la nouvelle génération.» L’e-sport est au programme des Jeux d’Asie 2022. Une lueur d’espoir donc pour les gamers.


Palmarès de 2018 à 2020

FIFA 18 : 5 fois couronné à Maurice avec des gains allant jusqu’à 2 000 euros.
FIFA 19 : 8 fois vainqueur d’Elite 1
-Vainqueur de l’e-sport League Grand Final UK
Triple champion d’Europe Gaming League
FIFA 20 : Champion de Dublin Insomnia Festival
- Vainqueur du Trust gaming GTX
- Top 100 FIFA Ultimate Team (30-0)
- Classé n°3
- Vainqueur d’e-sport Gaming League et e-sport League
Montant total des gains depuis FIFA 18 : 5 000 euros