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Langue créole: aux portes de la reconnaissance comme langue nationale

4 octobre 2019, 20:30

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Langue créole: aux portes de la reconnaissance comme langue nationale

Arnaud Carpooran anticipe déjà. Dans deux ans, le kreol atteindra le niveau du School Certificate (SC). «Si le kreol est une langue nationale, ce n’est pas normal que Maurice ne l’aligne pas aux examens du SC.» Sentiment de l’auteur du Diksioner Morisien, à l’issue de la cérémonie marquant à la fois le lancement de la troisième édition de l’ouvrage et l’inauguration de l’Akademi Kreol Repiblik Moris (AKRM). C’était à l’auditorium Octave Wiehe, à Réduit, hier, en présence du Premier ministre (PM) Pravind Jugnauth. 

«Je ne crois pas que les difficultés soient d’ordre politique. Je ne l’espère pas. Il faudra demander au Mauritius Examinations Syndicate quelles seront les implications légales et administratives, pour que ce soit possible dans deux ans», estime Arnaud Carpooran. Selon lui, c’est l’un des sujets qui devraient être à l’agenda des discussions de l’Akademi Kreol Repiblik Moris. 

Cette institution avait vu le jour une première fois en 2010, sous le vocable d’Akademi Kreol Morisien (AKM). C’est elle qui avait proposé la graphie qui est officiellement reconnue depuis 2011. Une manière d’écrire le kreol morisien qui est entrée à l’école l’année suivante, en janvier 2012. Une fois son mandat accompli, l’AKM avait cessé d’être. Pour la réactiver, Arnaud Carpooran affirme qu’il a dû «harceler» le ministère de l’Éducation. Trop souvent, les différentes institutions, «finn tir so kote», a-t-il déclaré, dans son discours de circonstance, lors de la cérémonie d’hier. 

Quel est le mandat de la nouvelle akademi, dont le nom a été changé pour inclure le mot «repiblik» ? Le président d’AKRM est Om Nath Varma, directeur du Mauritius Institute of Education (MIE). À la question : est-ce que l’akademi va œuvrer pour que le kreol soit officiellement reconnu comme langue nationale, le président précise : «elle va travailler au développement de la langue, du vocabulaire technique, scientifique par exemple, pour que le kreol puisse être utilisé dans divers contextes». Comme entrer au Parlement ? «Là, c’est une décision politique». 

Pour sa part, Pravind Jugnauth a mis l’accent sur la «portée historique» de l’occasion. Car, «c’est le devoir de l’État de promouvoir tout ce qui contribue à la construction de la nation».

Composition de l’équipe académique

<p style="text-align: justify;">L&rsquo;AKRM est constituée de représentants de divers ministères (bureau du Premier ministre, l&rsquo;Éducation, les Arts et la culture). Menon Munien agit comme le secrétaire de l&rsquo;Akademi alors que Marjorie Barbe-Munien, de la Creole Speaking Union, en est membre. Outre Arnaud Carpooran, de l&rsquo;université de Maurice, les autres membres sont Jimmy Harmon, du Service diocésain de l&rsquo;éducation catholique, ainsi que Vassen Naeck et Pierre André Boulle, du MIE.</p>

Diksioner Morisien : «la preuve que l’impossible est possible»

<p style="text-align: justify;">Arnaud Carpooran pèse ses mots : <em>&laquo;C&rsquo;est le premier dictionnaire kreol monolingue dans le monde&raquo;. C&rsquo;est-à-dire que les mots en kreol sont expliqués en kreol. C&rsquo;est ce qu&rsquo;il a déclaré hier, lors du lancement de la troisième édition du Diksioner Morisien. L&rsquo;auteur du dictionnaire, qui est aussi président de la Creole Speaking Union, a poursuivi en affirmant qu&rsquo;&laquo;on a tordu le cou à un discours eurocentré, qui disait que c&rsquo;était impossible&raquo; de concevoir ce type de dictionnaire. Avant d&rsquo;ajouter : &laquo;Un dictionnaire est vivant quand il a une interaction avec le public&raquo;.&nbsp;</em></p>

<p style="text-align: justify;">Parmi les nouveaux mots inclus dans ce dictionnaire, certains sont <em>&laquo;du domaine technique, administratif et légal&raquo;.</em> Arnaud Carpooran a cité par exemple : <em>&laquo;kaskou&raquo;, &laquo;mabok&raquo;</em> et <em>&laquo;serti&raquo;. </em>Pour sa part, le Premier ministre Pravind Jugnauth a relevé : <em>&laquo;aerobik&raquo;, &laquo;akwakiltir&raquo;</em>. Et <em>&laquo;aminsisan&raquo;</em>. À quoi il a ajouté : <em>&laquo;Mo pa pou fer komanter lor la&raquo;.</em></p>