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Amendements à l’immigration Act : Le pilote Hofman, premier Prohibited Immigrant sous la loi Jugnauth

29 avril 2019, 22:27

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Amendements à l’immigration Act : Le pilote Hofman, premier Prohibited Immigrant sous la loi Jugnauth

L’ex-pilote d’Air Mauritius a eu l’outrecuidance de traiter Pravind Jugnauth de fou. Le PM a répondu par une loi… Le PIO a remis une lettre à Patrick Hofman, lui disant qu’il était un indésirable. Même s’il va se marier avec lsabelle l’Olive, jeudi.

Il a débarqué d’un vol de Condor en provenance de Francfort à 5 h 40, samedi matin. Toutefois c’est une heure plus tard que Patrick Hofman a fait son apparition dans la salle d’accueil où une quinzaine de ses proches, dont sa future épouse Isabelle l’Olive, l’attendaient.

Le pilote belge, ancien commandant de bord d’Air Mauritius (MK), était le dernier passager de ce vol à quitter l’aéroport. Il avait en main une lettre que venaient de lui remettre des officiers du Passport and Immigration Office (PIO). La lettre, en date du 23 avril et signée du nouveau n°1 de ce bureau, l’assistant surintendant Manoj Luchan (l’ex-garde du corps de sir Anerood Jugnauth, qui avait assisté à une réunion du comité central du MSM en août 2018), stipule que Patrick Hofman est un Prohibited Immigrant. Cela, sous l’article 8 (1) (m) de l’Immigration Act fraîchement amendée à la demande du chef du gouvernement, Pravind Jugnauth, et en vigueur depuis le 18 avril, soit, deux jours seulement après le vote au Parlement.

Quatre arguments sont énumérés à cet effet dans la lettre adressée à Patrick Hofman. Le tout sur la base de «reliable information and advice obtained by the Hon Prime Minister», peut-on y lire.

D’abord, en raison de l’implication de l’ex-pilote de MK dans les perturbations des vols du transporteur national le 5 octobre 2017, qui auraient causé un préjudice financier considérable à Air Mauritius, entre autres inconvénients aux passagers, dont les touristes. En deuxième lieu, les allégations infondées du pilote selon lesquelles il serait traité par les autorités du gouvernement de la même manière qu’elles ont traité l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam.

Ensuite, pour avoir fait des «derogatory comments» à l’égard du Premier ministre, outre d’avoir utilisé un langage menaçant à l’encontre de celui-ci et de l’avoir traité de fou. Pravind Jugnauth avait déjà donné un avant-goût de ce qu’il réservait au pilote belge, face au comité central du Mouvement socialiste militant (MSM), le 20 avril, au Sun Trust. En évoquant les amendements à l’Immigration Act, le leader du MSM avait notamment déclaré «(...) Je dois protéger mon pays. D’ailleurs, j’ai déjà pris une action contre un indésirable, qui m’a insulté en disant que j’étais fou. Enn etranzé pa kapav met péi anba lao».

Et, pour finir, étant donné que de tels événements peuvent se reproduire, Patrick Hofman peut être un «undesirable potential inhabitant of Mauritius».

Toujours selon la lettre, Patrick Hofman devra dorénavant, avant chaque déplacement à Maurice, faire une demande et obtenir l’autorisation nécessaire du PIO. En sus de se conformer à toutes les conditions qui peuvent lui être imposées par ce bureau.

Ainsi, samedi matin, à l’aéroport, Patrick Hofman a obtenu un visa de 15 jours uniquement. Alors que le pilote a, lui, insisté pour avoir un visa de mariage, qui est d’une durée d’un mois, cela lui a été refusé puisque les officiers du PIO disent n’avoir pas reçu «d’instructions» en ce sens.

 Cette lettre est désormais entre les mains de Mes Gavin Glover et Marylou Subramanien, les avocats du couple Hofman et l’Olive. À savoir également que les proches du pilote se sont mobilisés à l’aéroport samedi matin, parés à toute éventualité. Y compris à ce que le pilote belge soit refoulé du territoire. Cela, à la suite des indications en cours de semaine. Isabelle l’Olive a ainsi été informée que des membres du PIO voulaient remettre une lettre en main propre à son partenaire Patrick Hofman, alors absent du pays. L’insistance d’Isabelle l’Olive pour connaître le contenu de la lettre se heurte à un refus.

Comme quoi, l’incroyable surprise qui attendait Isabelle l’Olive au bureau de l’état civil, vendredi, l’informant que le bureau du Premier ministre (PMO) n’a plus d’objection à ce que cette Mauricienne se marie civilement au pilote belge, n’aura été que de courte durée. En fixant le mariage au 2 mai, le PMO savait déjà que le désormais Prohibited Immigrant n’obtiendra qu’un visa de 15 jours à son arrivée, samedi. Sans compter que tout ce tohu-bohu intervient à la veille du bilan financier d’Air Mauritius, qui s’annonce catastrophique, le 30 avril.