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AHRIM: une «direction nationale du tourisme» pour plus de synergie

24 août 2018, 22:10

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AHRIM: une «direction nationale du tourisme» pour plus de synergie

 

La synergie, principale thématique de la deuxième édition de «Check In», newsletter de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), parue jeudi 23 août. Synergie qui devrait se traduire à la fois par un partenariat État-privé, et par un travail en commun des différentes instances liées au secteur du tourisme.

C’est dans cette optique que le nouveau président de l’AHRIM, Jean-Michel Pitot, a suggéré la création d’une «direction nationale du tourisme intégrant à la fois les missions des ministères de l’Environnement, de la Culture, de l’aéroport, du port, des douanes, de la police ou encore des collectivités locales… Mais une synergie aussi, cela va de soi, État-privé».

Tout comme son prédécesseur Jean Louis Pismont, Jean-Michel Pitot plaide pour un dialogue «continu» avec le gouvernement. L’objectif étant d’apporter un nouveau souffle au secteur du tourisme, tout en faisant face aux nombreux défis qui le guettent.

Parmi les solutions que l’AHRIM souhaite trouver à travers le dialogue avec les instances publiques : le renouvellement de l’effectif hôtelier, «les meilleures pratiques pour le déplacement des touristes dans l’île» et le brûlant dossier de l’aquaculture. Dossier qui sera entendu le 6 septembre par le tribunal de l’Environnement. L’AHRIM conteste, en effet, l’octroi du permis d’impact environnemental à l’opérateur Growfish, qui projette de créer une ferme d’aquaculture dans l’Ouest.

 «On croit, trop souvent, que croissance des arrivées rime avec prospérité de l’hôtellerie. L’équation n’est pas si simple.»

La synergie que prône l’AHRIM vise, par ailleurs, à «lever les malentendus et dissiper les fausses perceptions», souligne Jean-Michel Pitot. «On croit, trop souvent, que croissance des arrivées rime avec prospérité de l’hôtellerie. L’équation n’est pas si simple. Si 80 % des touristes disent aller à l’hôtel, ce ne sont que 60 % des nuitées qui se traduisent en séjours hôteliers», explique-t-il.

Il faut ajouter à cela une hausse «exponentielle» des coûts d’opération des hôteliers durant ces dernières années. Ainsi que la volatilité du taux de change de l’euro et du dollar, entre autres.

Faisant le bilan de la performance du secteur, Jean-Michel Pitot est d’avis que la croissance de 3,4 % des arrivées touristiques depuis janvier est un signal positif, bien que cela soit en deçà des prévisions. Les recettes touristiques affichent, pour leur part, une hausse de 15 % à fin mai 2018 comparativement à la période correspondante en 2017.

Le nouveau souffle qu’a connu le secteur nous a permis d’engager des rénovations, de consolider nos offres et d’être ainsi mieux armés pour saisir les opportunités d’un marché mondial en forte croissance… Mais la guerre n’est pas gagnée.»

L’ensemble de l’industrie a, en effet, engrangé plus de Rs 29 milliards durant la période susmentionnée. La moyenne des dépenses par touriste a grimpé de 12 %, ce qui est «une bonne nouvelle pour la destination», estime le président de l’AHRIM.

Toutefois, bien que les opérateurs récoltent les fruits de l’embellie de 2017, plusieurs défis de taille guettent le secteur. «Le nouveau souffle qu’a connu le secteur nous a permis d’engager des rénovations, de consolider nos offres et d’être ainsi mieux armés pour saisir les opportunités d’un marché mondial en forte croissance… Mais la guerre n’est pas gagnée», soutient Jean-Michel Pitot.

Reste encore à mitiger les conséquences de la crise, comme l’endettement qu’elle a causé tout en assurant la pérennité du secteur. Parmi les défis qui guettent les opérateurs, le président de l’AHRIM parle de l’augmentation du coût de la main-d’œuvre, les pressions relatives à Internet notamment en matière d’offre d’hébergement et de la gestion de l’e-reputation.

Il s’agit également pour les hôteliers d’adapter leurs offres face à une clientèle «plus diversifiée». À cela s’ajoute un environnement d’affaires de plus en plus concurrentiel et incertain, observe Jean-Michel Pitot. Quant au voyageur, il devient «de plus en plus difficile à cerner», note-t-il. Celui-ci est à la fois plus «vert», indépendant, curieux et exigeant sur la qualité ou mieux documenté.

Saluant le travail fourni par Statistics Mauritius sur le suivi et la documentation du secteur touristique, que ce soit sur une base mensuelle, trimestrielle, semestrielle et annuelle, Jean-Michel Pitot indique qu’il faudrait tout de même «un véritable travail de market intelligence» afin d’avoir une connaissance approfondie du voyageur, ce qui aiderait à mieux «orienter les décisions stratégiques».

Évoquant le marché chinois, qui connaît une baisse continue depuis 2017, le président de l’AHRIM concède que si Maurice a fait des erreurs «dans un passé récent, en visant le marché chinois sans les méthodes les plus adaptées, c’est sans doute par méconnaissance de ce voyageur».