Publicité

Le Chagos Islanders Movement accuse la Grande-Bretagne et les États-Unis de «nettoyage ethnique»

3 août 2018, 01:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Le Chagos Islanders Movement accuse la Grande-Bretagne et les États-Unis de «nettoyage ethnique»

Le vendredi 20 juillet, les Chagossiens vivant en Grande-Bretagne se sont mobilisés pour occuper Trafalgar Square, à Londres. La manifestation a pris fin le mardi 24 juillet. Ils ont passé quatre nuits à la belle étoile…

Une semaine après la fin de la manifestation, comment vous sentez-vous?

Je suis exténuée, soulagée mais surtout plus que jamais déterminée à faire entendre notre voix, afin que justice soit faite. C’était, pour beaucoup d’entre nous, le week-end le plus mouvementé que nous ayons vécu. Ça fait du bien de faire connaître la cause chagossienne, étant donné surtout le nombre de personnes qui n’étaient pas au courant de notre plaidoyer. Cela nous a donné énormément de force et de courage pour avancer.

«The government does not care about our situation or feelings just because we are Black and our community is very small. Notre histoire est en train d’être effacée intentionnellement.»

Quel était le but de l’occupation de Trafalgar Square?

Il fallait absolument sensibiliser les Britanniques à notre situation et avoir une réaction du public en général. Il semble que le gouvernement britannique et les Américains veulent complètement effacer notre existence. We will not be ethnically cleansed!

Nous sommes allés à Trafalgar Square pour chercher le soutien du public britannique. Si le gouvernement n’en a rien à faire, nous espérons que le public, lui, saura nous apporter son soutien et faire pression. The government does not care about our situation or feelings just because we are Black and our community is very small.

Notre histoire est en train d’être effacée intentionnellement. Nous en avons pris conscience ce week-end, le public ne la connaissait pas.

«Le gouvernement veut mettre les immigrants hors de leur pays but ‘is not allowing us to go to our homeland’. Ils occupent notre terre mais ça les dérangeait que l’on occupe Trafalgar Square.»

Mission réussie?

Oui. Nous avons eu un bon feedback. Les gens n’arrêtaient pas de venir nous voir. Ils voulaient nous connaître. Ils ont été choqués, beaucoup ne connaissaient pas l’histoire de l’exil des Chagossiens. Ils posaient beaucoup de questions. Et ils ont été nombreux à s’excuser au nom de leur gouvernement.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face?

Des fois, on nous demandait si nous avions des passeports britanniques, comme si cela pouvait tout changer. Nos passeports britanniques ne définissent pas notre identité. Le passeport ne change pas notre culture, notre histoire, nos souvenirs, nos valeurs et nos traditions.

Nous avons des passeports britanniques mais nous sommes toujours traités comme des «second-class citizens» et des immigrants. Le gouvernement veut mettre les immigrants hors de leur pays but «is not allowing us to go to our homeland». Ils occupent notre terre mais ça les dérangeait que l’on occupe Trafalgar Square.

Comment «ça les dérangeait» que vous occupiez Trafalgar Square?

Le manager du Trafalgar Square est venu avec un couteau et a commencé, avec virulence, à couper nos banderoles et nos installations. Il était hostile et a essayé de nous intimider. On nous a dit que nos banderoles étaient offensives et que nous ne devrions pas être là.

Pourtant, les autorités nous ont donné la permission de faire cette manifestation. Nous avons refusé. Les plus vieux, les natifs, même s’ils sont tombés malades, ont refusé de bouger, ils ont «fight back». La Grande-Bretagne et les États-Unis sont en train d’«ethnically cleanse» les Chagossiens «and we will not allow that» !

Les participants les plus âgés sont-ils tombés malades?

Oui. Les enfants et les plus âgés sont tombés malades. Surtout le dernier jour, avec des crampes et de la fièvre. Mais heureusement, ils ont pu s’en sortir et ils vont mieux maintenant.

Avez-vous reçu le soutien des médias et politiques britanniques?

Oui. Des journalistes de The Independent, Al Jazeera, entre autres. Et nous avons aussi reçu la visite des députés de Crawley et de Manchester. Le leader de l’opposition n’a pu se déplacer mais il nous a fait part de son soutien. Le Foreign and Commonwealth Office était au courant de l’occupation mais personne ne s’est déplacé.