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18 regards d’artistes sur Port-Louis

23 mai 2017, 01:02

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18 regards d’artistes sur Port-Louis

Pascal Soufflet, directeur de la galerie d’art Ilha Do Cirne, à Pointe-aux-Canonniers, invite 18 artistes à exprimer leur vision sur le Port-Louis de 2017.

Vingt-sept ans. Autant d’années après la parution de Port-Louis, visions d’artistes, livre de Georges André Decotter, Pascal Soufflet, directeur de la galerie d’art Ilha Do Cirne, à Pointe-aux-Canonniers, revisite ce thème et invite 18 peintres à s’exprimer sur le Port-Louis de 2017.

«Il m’a semblé intéressant de revisiter ce thème, très prisé par les peintres dans les années 90, mais quelque peu tombé en désuétude au cours de la dernière décennie. D’un autre côté, il y a 27 ans, la peinture figurative, au sens propre du terme, était la référence. Nous avons voulu voir si aujourd’hui il pouvait y avoir une interprétation différente dans la manière de traiter un sujet aussi classique que celui de peindre Port-Louis», explique-t-il.

Pour cette exposition collective, Pascal Soufflet a choisi prioritairement les artistes qui avaient participé au livre d’André Decotter, notamment Roger Charoux, Yves David, Jocelyn Thomasse, Fabien Cango, Vaco et Jean-Claude Baissac. «J’ai aussi fait appel aux peintres de la même génération et qui avaient été approchés par André Decotter mais qui ne figurent pas dans le livre et je les ai entourés de peintres plus contemporains», avance Pascal Soufflet.

Visions d’artistes Port-Louis 2017 comprend des œuvres de François Vrot, Roger Charoux, Fabien Cango, Nirveda Alleck, Kalid Na- zroo, Said Hossanee, Riaz Auladin, Florent Beusse, Yves David, Jocelyn Thomasse, Jean-Claude Baissac, Mariko, Enri Kums, Siddick Nuckcheddy, Bernard Charoux, Simon Back, Vaco et Eric Koo Sin Lin. Des 35 œuvres exposées, les réminiscences tiennent la place d’honneur.

Avis de décès

Nombreux sont les peintres à se rappeler le Port-Louis d’autrefois, mettant ainsi en contraste le Port-Louis contemporain. Nirveda Alleck, à tra- vers son œuvre The heart of the baobab, fait un rappel de l’arbre centenaire qui se trouvait dans la cour du musée de Port-Louis et qui s’est écroulé en mars 2012, après que les accumulations d’eau et les termites aient eu raison de lui.

Chinatown, le vieux quartier chinois, n’a pas laissé insensible les artistes, de même que le théâtre de Port-Louis, soit le plus vieux théâtre de l’hémisphère sud, fermé depuis 2008. Said Hossanee évoque ses souvenirs de Port-Louis par un tableau intitulé Le Théâtre, et plus loin, un hommage à la Fondation Malcolm de Chazal, tandis qu’Enri Kums parle, lui, des fantômes du théâtre, accompagné d’un descriptif plus qu’explicite : «Avis de décès, la fête de Port-Louis est morte».

Œuvres de Florent Beusse. «Chinatown et la Jummah Mosque, deux quartiers qui se côtoient.»
Œuvres de Florent Beusse. «Chinatown et la Jummah Mosque, deux quartiers qui se côtoient.»

Le quartier chinois, qui peine à survivre, est souligné par les coups de pinceaux de Riaz Auladin, Florent Beusse, Jocelyn Thomasse et Eric Koo Sin Lin. Le silence, le Port-Louis qui passe, et qui transporte avec lui ses souvenirs d’un autre temps, est fortement ressenti. «La modernité efface petit à petit, inexorablement, les traces du passé, cela est sans doute accéléré par la volonté d’effacer des présences qui ne conviennent pas à tous, alors que les générations suivantes se désoleront de toutes ces destructions», fait ressortir Florent Beusse à travers un descriptif qui accompagne ses deux œuvres, soit A1 représentant le quartier chinois et ses volets clos et la Jummah Mosque. Une magnifique exposition mais au goût de nostalgie.

Tableau de Nirveda Alleck. «L’artiste parle de Port-Louis autour du baobab qui n’est plus.»

À noter que Visions d’Artistes Port-Louis 2017 est visible à la galerie d’art jusqu’au 3 juin.