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Ashok Prayag: «Il n’existe aucun lien entre Quantum Insurance et Quantum Global»

18 mai 2017, 21:00

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 Ashok Prayag: «Il n’existe aucun lien entre Quantum Insurance et Quantum Global»

Le directeur général de Quantum Insurance veut interdire l’opération de Quantum Global qui, selon lui, pourrait créer de la confusion dans l’esprit de sa clientèle, vu la similitude des deux noms.

Vous avez fait publier un communiqué dans «l’express» à la suite d’un article faisant état de la présence d’une firme offshore connue comme Quantum Global, à Maurice. Pourquoi ?

Quand l’express a publié l’article intitulé «Présence douteuse de Quantum Global sur le sol mauricien», nous avons estimé que le public pourrait faire un amalgame entre Quantum Insurance et Quantum Global. Cela, vu la similitude des noms de ces deux compagnies distinctes et étrangères l’une à l’autre, mais ayant en commun le mot «Quantum». Il n’y a aucun lien entre Quantum Insurance et Quantum Global. D’ailleurs, nous sommes en discussion avec nos conseils juridiques en vue de faire servir une injonction à la compagnie Quantum Global, lui interdisant d’utiliser le nom Quantum à Maurice.

Quantum Insurance est une compagnie mauricienne opérant comme une filiale de Hertshten Group (HG). Celui-ci, opérationnel à Maurice depuis 2005, est un groupe de sociétés privées, dont l’activité principale est le trading sur les marchés à termes internationaux, communément appelés derivatives markets, comme ceux de Londres, de Chicago ou de Francfort. HG a comme activité annexe l’investissement dans l’immobilier de marque et possède des actifs de plus de Rs 6 milliards.

Quant à Quantum Insurance, le pôle assurance du groupe, c’est une compagnie incorporée à Maurice en 2014, après avoir reçu sa licence d’opération la même année. Elle est basée à Maurice dans l’immeuble HSBC, à Ébène, et emploie uniquement des professionnels mauriciens.

Quantum Insurance est opérationnelle depuis 16 mois. Comment a-t-elle pu s’imposer sur le marché hautement compétitif des assurances ?

Nous nous réjouissons que depuis notre lancement et l’entrée en opération de Quantum Insurance, nous ayons réussi à faire connaître et à asseoir la marque, ce qui n’est point une mince affaire. Nos campagnes de marketing sur diverses plateformes, médias et réseaux sociaux ont été percutantes et efficaces. De même que notre parrainage du sport hippique et d’une ONG, PRAT, qui milite pour la sécurité routière.

Tout cela nous a donné une visibilité et une notoriété, avec pour résultat que nous nous sommes bâti l’image d’une compagnie jeune, moderne, engagée et dynamique, qui sait rester à l’écoute de sa clientèle et répondre à ses attentes.

Que veut cette clientèle ?

Un large choix de produits et de services, offerts par des prestataires sérieux, opérant dans un environnement véritablement concurrentiel. La clientèle aspire à ce qu’on lui propose des tarifs compétitifs et justes par rapport à son profil de risque et à être traitée avec transparence et équité. Ce sont des valeurs que nous défendons.

Comment ces valeurs se traduisent-elles dans les faits ?

Nous avons créé un portail informatique simple d’usage, unique à Maurice, quantum.co.mu. Toute personne peut, à partir d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordinateur, obtenir un devis en seulement quelques clics, en entrant quelques données basiques. Cela, dans l’anonymat le plus total. Donc, le tarif que notre système informatique génère est tributaire uniquement du profil de risque du demandeur et non de sa capacité perçue de payer !

L’équité se traduit également par un traitement tarifaire égalitaire pour tous les clients qui présentent un profil de risque identique et non, comme c’est trop souvent le cas, un traitement discriminatoire à l’encontre des clients qui sont restés loyaux trop longtemps. Ce traitement discriminatoire peut être observé de manière flagrante, par exemple, dans les publicités des compagnies d’assurance qui offrent des ristournes et des remises sur les primes seulement aux nouveaux clients et non à ceux qui sont déjà leurs clients. Alors que ces derniers sont restés loyaux, parfois pendant des dizaines d’années.

Quels sont les facteurs qui influent sur le niveau des primes d’assurance ?

Il faut comprendre comment fonctionne le marché des assurances. C’est un marché hautement concurrentiel, fluide et cyclique. Les grilles tarifaires peuvent varier drastiquement selon le cycle – dur quand il y a un raffermissement au niveau des prix ; ou souple quand les prix baissent. Il s’avère que nous sommes actuellement en plein dans un cycle souple, où il y a surcapacité de l’offre de la réassurance qui est répercutée dans l’offre des produits d’assurance.

D’autres facteurs influent directement sur les primes, en fonction des caractéristiques particulières d’une compagnie d’assurance, en sus du coût de la réassurance. Il s’agit du coût de son capital à risque, le niveau de rentabilité recherchée, sa sinistralité avérée et anticipée, ses frais généraux de fonctionnement et sa sophistication technologique qui lui permet de dégager des gains d’efficience et de productivité. Toutes ces forces opérant dans le marché de l’assurance font que le niveau général des primes peut varier considérablement d’une année à l’autre.

Vous n’êtes pas sans savoir que des assureurs abusent de la confiance des clients…

Tout à fait. Trop souvent, des assureurs, comme vous dites, abusent de la confiance, de la paresse ou de l’inertie de leurs clients de longue date, en ne révisant pas leurs primes au renouvellement de leurs polices d’assurance. En ce faisant, ils les empêchent de profiter de la baisse générale du niveau des primes.

Cet abus à l’encontre des clients n’est malheureusement pas unique qu’à Maurice. Cette pratique a cours aussi dans un marché hautement réglementé et sophistiqué comme celui du Royaume-Uni, par exemple. À tel point que son régulateur, la Financial Conduct Authority, a commandé une enquête de grande envergure pour rapporter cette pratique discriminatoire et recommander des mesures pour y mettre un terme.

Plus près de chez nous, en Afrique du Sud, il existe une législation appelée TCF, acronyme pour Treating Customers Fairly, qui rend ces pratiques discriminatoires illégales et punissables. Notre conseil à tous les clients des compagnies d’assurance, existants ou nouveaux, c’est de ne pas prendre pour argent comptant les primes qui leur sont proposées par leur assureur. Au contraire, ils gagneraient beaucoup à obtenir des devis d’un panel d’assureurs crédibles et de les comparer. Ce que l’anglais décrit comme du shopping around avant l’achat de tout nouveau produit d’assurance ou de renouvellement d’une police.

Parmi les spécificités de Quantum Insurance, on en relève particulièrement deux : l’absence d’agents et de courtiers et l’apport technologique à vos opérations. Dans quelle mesure les clients ont-ils bénéficié de ces nouveaux services ? Les primes sont-elles plus compétitives que celles proposées par vos concurrents ?

L’intervention d’un agent ou d’un courtier comporte un coût qui n’est point négligeable car les commissions que ces intermédiaires perçoivent peuvent atteindre jusqu’à 15 % de la prime payée par le client. Il existe un accord de marché entre les assureurs et les courtiers, appelé Brokers’ Agreement, qui stipule que pour toute affaire passant par un courtier, l’assureur est tenu de puiser une commission de 15 % de la prime payée par le client et de payer le courtier.

Quantum Insurance, qui attache beaucoup d’importance à son indépendance et à sa liberté d’action, est la seule compagnie d’assurance à Maurice qui n’est pas signataire de cet accord, que nous estimons contraignant. Aussi, vu que le client peut lui-même s’informer sur nos contrats d’assurances au vu de leur accessibilité sur notre site web et de leur simplicité, la nécessité de faire intervenir un intermédiaire, qu’il soit agent ou courtier, est superflue et dépassée.

En revanche, nous passons les économies réalisées directement aux clients car nos primes ne sont pas grevées de commissions. Ce phénomène, dit de la «désintermédiation», est déjà consumé dans l’industrie hôtelière, boursière, du voyage aérien, des assurances, etc., de la plupart des pays développés.

Que répondez-vous à ceux qui se plaignent des polices d’assurance rédigées dans un langage technique, peu accessible au grand public ?

Effectivement, vous avez raison de le mentionner. Chez Quantum Insurance, nous avons placé beaucoup d’efforts à simplifier le libellé de nos polices d’assurance et à les rédiger dans un langage simple et accessible à tous. Les assureurs sont souvent accusés de se cacher derrière des points techniques et légaux, inscrits dans un langage obscur et rébarbatif, ce que l’anglais appelle small print, pour se soustraire à leurs obligations en cas de sinistre et de réclamations.

Nous avons choisi de nous démarquer et de nous distancer de cette pratique. Nos clients peuvent clairement s’informer sur les événements contre lesquels ils sont couverts, l’étendue de cette couverture et les montants et modalités d’indemnisation en cas de sinistre. Ils peuvent également s’instruire sur ce qui n’est pas couvert par leurs polices d’assurance, évitant ainsi tout malentendu ou litige subséquents.

Reste l’informatique…

Quantum Insurance en est le pionnier et l’agent catalyseur dans le marché mauricien des assurances. Nous avons investi des capitaux importants dans des plateformes et des logiciels informatiques à la pointe de la technologie, entre autres dans le cloud computing avec Amazon, à Singapour, garantissant la sécurité des données stockées. L’outil informatique de pointe permet de réaliser des gains importants d’efficience et de productivité, avec en plus une équipe relativement mince.

Quelle est votre vision à long terme pour Quantum Insurance ? Comptez-vous diversifier vos activités et vous lancer dans d’autres créneaux ?

Notre vision est de faciliter la vie de nos clients. Une de nos premières innovations a été la vignette d’assurance-automobile électronique qui peut être délivrée en un clic dans la boîte e-mail du client, s’il le souhaite. Nos clients sont agréablement surpris de recevoir tous leurs documents instantanément par voie électronique, ce qui leur évite un déplacement à une agence.

En lançant Quantum Insurance à Maurice, nous avons eu comme ambition d’être le fer de lance et le moteur de la modernisation du secteur des assurances, en exploitant les nouvelles technologies de la communication et de l’information et en introduisant des innovations rendues possibles par l’application de ces technologies.

Il y a certes un long chemin à parcourir pour véritablement projeter le secteur mauricien des assurances dans la modernité et la sophistication qui caractérisent d’autres marchés plus développés et avancés, comme ceux du Royaume-Uni, de l’Australie et de Singapour, pour ne citer que ceux-là.

Peut-on s’attendre à d’autres innovations à l’avenir ?

Nous y travaillons. Nous les annoncerons quand nous serons prêts pour leurs lancements, avant la fin de cette année. Parmi d’autres projets sur lesquels nous travaillons, il y a aussi l’offre de nouveaux produits au public et d’autres mesures pour rendre nos offres plus accessibles, attrayantes et compétitives.

À moyen et long termes, nous comptons diversifier notre gamme de produits, en offrant l’assurance santé, et notre présence géographique, en nous exportant sur le continent africain qui regorge de potentiels de développement inexploités.

Quel regard portez-vous sur cette industrie ?

Depuis notre lancement en 2015, nous avons observé des pratiques ancrées qui ont cours dans le marché mauricien des assurances et qui ne sont manifestement pas à l’avantage des clients. Prenons, par exemple, le cas de quelqu’un qui fait l’acquisition d’une nouvelle voiture. À son insu, le concessionnaire est bien souvent l’agent d’une compagnie d’assurance qui lui paie des commissions sur toutes les affaires que le concessionnaire automobile apporte à l’assureur. Il coule de source que le concessionnaire exercerait une influence indue sur le client, en le dirigeant vers la compagnie d’assurance auprès de laquelle le concessionnaire a un intéressement pécuniaire, ce qui n’est pas le plus souvent nécessairement à l’avantage du client.

Cette pratique d’assortir la vente d’un produit ou d’un service avec une assurance devrait être interdite par les instances régulatrices, nommément la Financial Services Commission et la Competition Commission of Mauritius, car elle n’est pas dans l’intérêt public. Cela est souvent présenté au client comme une mesure pour l’aider. Mais, en réalité, le client finit par payer plus cher. Qui plus est, le prestataire ne dévoile pas que la compagnie d’assurance qu’il promeut lui paye une commission.

Cette même pratique condamnable a cours dans les agences de voyages, quand elles vendent l’assurance voyage à leurs clients et dans les banques qui vendent l’assurance habitation à des clients à qui elles consentissent des prêts logements. Tous ces prestataires devraient se limiter à ne vendre que leurs propres produits et services et laisser au client le loisir et la liberté de faire lui-même ses arrangements pour ses assurances, en choisissant la meilleure couverture. Et la plus compétitive lui convenant.