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Jean-Pierre Dalais:«Le groupe Ciel n’a pas été sollicité par la NICHL pour améliorer son offre»

16 novembre 2016, 21:00

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Jean-Pierre Dalais:«Le groupe Ciel n’a pas été sollicité par la NICHL pour améliorer son offre»

 

Jean-Pierre Dalais s’étonne de la décision de la National Insurance Company Healthcare de privilégier l’offre de la firme sud-africaine Lenmed. Il se dit prêt à revoir le montant du deal si une demande lui est faite.

C’est finalement la firme Lenmed qui a été retenue par la National Insurance Company Healthcare Limited (NICHL), au détriment de Ciel Healthcare Africa, pour négocier la reprise des opérations d’Apollo Bramwell Hospital (ABH). Quelle a été votre réaction après cette annonce ?

Nous sommes surpris de cette décision de la NICHL de privilégier une offre d’un groupe qui ne s’est pas déplacé à Maurice pour étudier de près le terrain ni rencontrer les équipes sur place avant de finaliser sa nouvelle offre.

Dans sa première proposition, en septembre 2015, Lenmed prévoyait de ne garder que 400 employés sur les 683 que compte l’hôpital à l’heure actuelle. Nous comprenons que la compagnie préconise à présent un plan de restructuration après six mois sans qu’on en connaisse les détails.

Nous avons également été étonnés d’apprendre que la date de reprise proposée par Lenmed est similaire à celle que nous avons proposée, à savoir le 1er décembre 2016.

Entre-temps, CIEL Healthcare Africa Ltd (CHA) s’est-elle donné les moyens pour présenter cette nouvelle offre ?

Nous avons tout mis en œuvre pour présenter un projet de reprise viable et satisfaisant pour chaque partie prenante. CHA a fait appel à une équipe d’experts extrêmement solide pour évaluer le dossier d’ABH. Nous avons eu ces dernières semaines le soutien de Fortis Healthcare, qui a envoyé de l’Inde deux professionnels spécialisés dans la reprise d’hôpitaux. Roger Hogarth, ex-cofondateur de Life Healthcare et président exécutif de CHA, est venu d’Afrique du Sud pour épauler également les équipes afin de bien ficeler ce projet de reprise d’ABH.

Notre principal challenge est d’arrêter au plus vite l’hémorragie financière qui touche ABH. La société a perdu plus de Rs 2,7 milliards depuis son ouverture et fait actuellement face à une fuite de trésorerie mensuelle de plus de Rs 15 millions. C’est colossal.

«Notre business plan est solide. Nous avons attaché beaucoup d’importance à l’aspect social de cette reprise, notre offre prévoyant de garder l’ensemble des employés d’ABH...»

C’est un business plan solide ?

Tout à fait. Notre business plan est solide. Nous avons attaché beaucoup d’importance à l’aspect social de cette reprise, notre offre prévoyant de garder l’ensemble des employés d’ABH ainsi que leurs années d’ancienneté.

Nous sommes en mesure de confirmer que CHA a obtenu le soutien de ses principaux partenaires, dont Fortis Healthcare, l’International Finance Corporation (IFC), membre de la Banque mondiale, et Proparco, filiale de l’Agence française de développement, pour mener à bien cette acquisition.

Du point de vue des délais, nous avons démontré à la NICHL que nous avons au sein du groupe les moyens financiers de compléter cette acquisition dans un délai très court. Afin d’arrêter au plus vite l’hémorragie financière et de sauvegarder les emplois, nous avons proposé d’effectuer la totalité des paiements en cash dès le 1er décembre 2016 et de reprendre la gestion des opérations immédiatement après le paiement.

La NICHL met cependant le prix comme élément ayant fait la différence, votre offre était moins attrayante à ce niveau-là.

Il est important de bien comprendre les détails de l’offre financière et de ne pas s’attarder sur un seul chiffre. Nous avons fait une offre le 1er novembre dernier, date limite de soumission des offres, de Rs 600 millions, réglable le 1er décembre, qui incluait le rachat des équipements pour Rs 520 millions et la reprise d’une facilité de leasing de certains équipements pour un montant que nous estimions à Rs 80 millions, selon les informations que nous avions obtenues. À cela s’ajoutait une enveloppe annuelle de Rs 50 millions pour la location du bâtiment. Il s’agissait pour nous d’une offre compétitive soumise à discussion comme il est d’usage pour des transactions de cette importance. Mis à part un point simple de clarification technique, nous n’avons pas été sollicités par la NICHL pour améliorer notre offre. De l’autre côté, il semblerait que l’offre initiale de Lenmed au 1er novembre ne comprenait pas d’offre de leasing pour les équipements, et que la transaction et la date de la reprise des opérations n’étaient pas prévues au 1er décembre.

Or, ces éléments ainsi que le maintien actuel des emplois apparaissent dans l’offre approuvée par la NICHL et communiquée à la presse vendredi dernier. Ces éléments qui vont au-delà de simples «clarifications», pourraient avoir fait pencher la balance et semblent pourtant avoir été négociés après la date butoir du 1er novembre.

Vous pensez avoir été lésés par la NICHL ?

S’il s’avérait que notre compétiteur a eu l’opportunité d’améliorer son offre sous forme de «clarifications», et ce, après la date butoir du 1er novembre, alors oui nous aurions le sentiment d’avoir été fortement lésés dans ce processus.

Pour rappel, c’est la troisième fois que nous faisons une offre pour ABH et notre offre initiale, il y a un an de cela, dont les détails ont été largement commentés dans la presse et au Parlement, avait été classée en tête par la firme BDO, chargée d’identifier à l’époque un repreneur.

Auriez-vous été prêts à proposer plus de Rs 680 millions pour gagner ce deal ?

Nous aurions considéré une nouvelle offre et sommes encore disposés à le faire si la demande nous en est faite.

Vous semblez penser que le deal n’est pas fait...

Le deal n’est effectivement pas fait avant la signature de l’Asset Purchase Agreement qui n’interviendra qu’après les procédures de due diligence et l’accord final entre les parties. Durant cette phase, le montant proposé risque fort d’être revu à la baisse.

Selon nos calculs, il serait difficilement viable financièrement pour un opérateur de s’engager sur un tel modèle économique sans bénéficier de certaines synergies locales.

Certains mettent en avant le fait que vous auriez eu le monopole si vous aviez repris ABH ?

Il y a beaucoup de commentaires de part et d’autre sur ABH mais regardons les faits. Si nous combinions les capacités en termes de lits de Fortis Clinique Darné et celles d’ABH, nous serions à, à peu près, 300 lits, soit moins de 7 % du nombre total de lits disponibles à Maurice, qui s’élève à 4 295.

Quelles sont donc les prochaines étapes pour vous ?

Nous sommes convaincus que la NICHL souhaite que ce processus de reprise de l’hôpital Apollo Bramwell se déroule de la manière la plus transparente qui soit, après les péripéties malheureuses vécues sur ce dossier. Nous sommes donc ouverts pour en discuter avec elle et avons d’ailleurs émis une demande en ce sens.