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Humour: les «zoure mama» d’un bon papa

9 mai 2016, 19:00

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Humour: les «zoure mama» d’un bon papa

Le style Bigard, c’est connu. Il ne fait pas dans la dentelle. Quand l’humoriste français a quelque chose à dire, c’est assorti d’un chapelet de «connard» et de «salope», de «bite», «trou du cul», d’«enculé» et autres joyeusetés. Mais le samedi 7 mai, Jean Marie Bigard a surtout abordé ce sujet universel qu’est la paternité.

Lui qui, dans la vraie vie, à 62 ans, a des jumeaux bientôt âgés de trois ans. Alors, faire rire avec les nuits sans sommeil et les couches à peine changées qu’elles sont déjà pleines, c’est du boulot. C’était au J&J Auditorium, à Phœnix, devant une salle moyennement remplie. Jean Marie Bigard est le parrain de la septième édition du Festival du Rire organisé par Miselaine Duval et Karavann Events.

Mais avant d’en arriver là, l’humoriste s’est glissé dans la peau d’une femme. Faisant lui-même sa première partie. Titre du spectacle : Nous les femmes. Avec entrée sur scène sur les premières notes de Pretty woman de Roy Orbison. Un personnage féminin qui a eu trois maris. Le premier, une «erreur», le deuxième qui a «mis ma sœur en cloque sinon j’aurais peut-être encore été avec lui» et le troisième, «le bon». Mais mort à Tahiti bouffé par un requin.

L’humoriste s’est glissé dans la peau d’un personnage féminin ayant eu trois maris.

Cette première partie, c’est surtout l’occasion pour l’humoriste de se travestir, en enfilant des prothèses en mousse qui lui font une poitrine généreuse et des formes plantureuses. Le tout moulé dans une robe rouge. Une première partie de spectacle où l’humoriste lance d’emblée «ne comptez pas sur moi pour faire Le lâcher de salopes à l’envers». C’est que Jean Marie Bigard traîne des casseroles.

Il le sait, il en parle. Le lâcher de salopes est un sketch du début des années 2000, où il faisait parler un chasseur, remplaçant le gibier par le beau sexe. Un sketch qui a fait polémique, lui collant une étiquette de gros macho de base, qu’il porte encore. Il n’hésite pas à montrer, sur les grands écrans disposés des deux côtés de la scène, une photo de lui, le derrière à l’air. Mais à bien y regarder, l’angle de la prise de vue ne montre presque rien.

Cette image de macho, l’humoriste en joue allègrement. Lançant à la fin du spectacle que dans sa chambre d’hôtel, il y aura «mes deux putes si la production fait correctement son travail. Sinon, c’est Miselaine qui y passe». Une étiquette que Jean Marie Bigard décolle à sa manière quand il parle de sodomie. «Une fois de temps en temps, je ne suis pas contre, quand c’est bien préparé. Mais ma rondelle ne fait pas le printemps.»

Alors arrivé à son 10e spectacle, avec Nous les femmes, Jean Marie Bigard veut nous raconter que «c’est la paternité qui m’a rapproché des femmes». Bien sûr, il se moque du temps passé à choisir un vernis parmi 18 tons de rouge. Mais il se sert aussi du personnage féminin pour dire que «si les hommes nous tripotaient autant que la télécommande, on aurait un peu plus d’orgasmes».

Jean Marie Bigard s'est travesti, enfilant des prothèses en mousse qui lui ont fait une poitrine généreuse.

En première comme en seconde partie, l’humoriste enchaîne des tranches de vie, bien observées. Son spectacle, mine de rien, est physique. Il repose beaucoup sur le bel organe vocal de cet homme seul en scène qui se plaît à parler d’autres parties du corps. Et qui ne crache pas sur le scatologique.

Les copains du mari qui viennent regarder le match de foot, pendant que bobonne est à la cuisine, le mari ivre mort que madame ramène, quand c’est lui qui va regarder le match chez des potes. Jean Marie Bigard décrit aussi, au détail près, le papa qui rentre tard, qui n’allume pas la lumière, qui trébuche sur les jouets éparpillés dans le salon, qui passe devant les «jouets qui se déclenchent tous seuls» et qui finit par se faire engueuler par sa femme parce qu’il a réveillé les petits. Tout ça pour nous dire : «Je suis le papa le plus heureux du monde.»