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Write-off memo : La vérité que cache Soodhun

13 février 2016, 12:01

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Write-off memo : La vérité que cache Soodhun

Mercredi 3 février 17 heures au bureau du ministre du Logement et des terres. Showkutally Soodhun tient une conférence de presse et il est en colère. Des facebookers sont en train de ternir son image en partageant un document avec l’entête de l’hôpital Apollo Bramwell. Selon ce mémo, le board of directors a décidé d’annuler une dette de Rs 396 176. Le ministre serre les poings, brandit un autre document signé par son médecin qui jure qu’il n’a pas été admis à cette clinique en 2014. «Serait-il possible que ce soit une dette pour des soins antérieurs qui ait été rayée ?» demande un journaliste. C’est suffisant pour mettre Showkutally Soodhun complètement hors de lui. Il serre les poings, brandit encore la lettre de son médecin au point de la froisser : «Vous ne savez pas lire ou quoi ? Puisque je vous dis que je n’ai pas été admis à Apollo Bramwell en 2014. L’affaire s’arrête là» et il tape du poing sur la table.

Avec cette détermination apparente, ces gesticulations, cette fermeté affichée, personne n’ose penser que Showkutally Soodhun aurait pu cacher une partie de la vérité. Le Central Criminal Investigation Department le lendemain procède à l’arrestation du couple Ruhomallyqui, pour avoir partagé ce post sur Facebook, passe une nuit en cellule.

Mais voilà, il semble aujourd’hui que le ministre du Logement et des terres n’a pas dit toute la vérité. L’express s’est procuré une facture de l’hôpital Apollo Bramwell pour des soins que Showkutally Soodhun a reçus en août 2010. Il a été admis à l’hôpital Apollo le 24 août 2010 et a quitté l’établissement le 3 septembre après une intervention chirurgicale par un cardiologue.

Soodhun menace «l’express»

Le montant : Rs 396 176. Exactement le même montant que celui sur le mémo. En martelant qu’il n’a pas été admis en 2014, Showkutally Soodhun n’a pas menti. Mais il a systématiquement esquivé les questions sur les soins antérieurs, et ceci expliquerait donc cela : le write-off, s’il a effectivement été prononcé en 2014, c’est pour des soins reçus... en 2010 ! Mis devant ce nouveau document, le ministre du Logement et des terres a piqué une nouvelle colère en nous menaçant au téléphone. «Avez-vous payé, Showkutally Soodhun ?» lui demande-t-on. «Je n’ai aucune déclaration à vous faire. Je répondrai en cour», martèle-t-il.

Les faits sont donc comme suit : Showkutally Soodhun a effectivement reçu des soins pour Rs 396 176 à l’hôpital Apollo Bramwell en 2010, alors qu’il était ministre du Commerce. Un mémo affirmant que cette dette a été rayée en 2014 circule sur Facebook. Le ministre jure que ce mémo est un faux, mais refuse de dire s’il a payé cette facture.

 

 


SI LA FACTURE A ÉTÉ «WRITTEN OFF»,EST-CE UN DÉLIT ?

Un cadeau est décrit dans le Prevention of Corruption Act (PoCA) comme une «gratification». Ce terme apparaît, lui, 36 fois dans la loi. Qu’un ministre reçoive un cadeau n’est pas un délit en soi. Mais c’est au ministre de prouver qu’en contrepartie il n’y a eu aucune faveur. L’article 4(2) du PoCA est tout aussi explicite que l’article 83 qui parle du «burden of proof» :

4.Bribery by public official

(1) (…)

(2) Notwithstanding section 83, where in any proceedings against any person for an offence, it is proved that the public official solicited, accepted or obtained a gratification, it shall be presumed, until the contrary is proved, that the gratification was solicited, accepted or obtained for any of the purposes set out in subsection

(1)(a) to (e).

83. Burden of proof. In the course of a trial of an accused for a corruption offence, it shall be presumed that at the time a gratification was received, the recipient knew that such gratification was made for a corrupt purpose.

Le document du «write-off» partagé par le couple Ruhomally

sur Facebook. Showkutally Soodhun nie sa véracité.