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La dépression s'abat de nouveau avec force sur les marchés mondiaux

11 février 2016, 19:10

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La dépression s'abat de nouveau avec force sur les marchés mondiaux

La dépression s'est de nouveau abattue jeudi sur les marchés mondiaux qui décrochaient sévèrement, terrassés encore et toujours par un cocktail d'inquiétudes et de doutes sur le pétrole, les banques et la croissance mondiale.

L'embellie de la veille a été étouffée dans l'oeuf par des places financières qui n'en finissent plus de broyer du noir depuis le début de l'année.

L'hécatombe était générale en Europe: Paris perdait 3,10%, Francfort 2,29%, Londres 2,10%, Milan 4,34% et Madrid 3,25% vers 11H00 GMT. Les baisses étaient encore plus fortes peu après l'ouverture.

L'Asie avait donné le ton juste un peu plus tôt avec un décrochage de 4% de la Bourse de Hong Kong qui reprenait ses activités après trois jours de congés, tandis que celle de Tokyo était fermée pour cause de jour férié.

"Après une journée de respiration, les marchés sont de nouveau sur le grill jeudi. Et le baromètre de la prise de risque est au plus bas", résume Jasper Lawler, un analyste de CMC Markets.

"Le répit a été de courte durée sur des marchés inquiets et fragiles où les valeurs bancaires continuent à être secouées et les investisseurs se réfugient vers les actifs les plus sûrs ", observe également Jean-François Robin, un stratégiste obligataire de Natixis

Les banques qui cristallisent les peurs depuis quelques jours étaient en effet en première ligne du décrochage, au point que plusieurs journaux allemands parlaient de "tremblement de terre bancaire".

Vers 11H00 GMT, la française Société Générale reculait de 12,02%, l'italienne Ubi Banca de 15,3%, BMPS de 8,67%, Mediobanca de 9,71%, l'espagnole Santander de 5,09%. En Allemagne, Deutsche Bank, la première banque allemande, qui avait été contrainte de publier un communiqué pour rassurer sur sa solvabilité et qui avait gagné 10,2% mercredi, s'enfonçait de nouveau, de 6,14%.

A Londres, même tendance pour Standard Chartered (-5,01%), Barclays (-5,66%) et Royal Bank of Scotland (-3,48%).

- plus de lapin dans le chapeau -

"Pourtant les banques ne sont pas du tout dans une situation similaire à celle de 2007, avec du stress en terme de liquidité et de solvabilité", souligne M. Robin.

Les prix du pétrole, autre sujet majeur de préoccupation des marchés financiers, reculaient aussi, alourdissant encore un peu plus l'ambiance générale.

Selon M. Robin, "le soutien pourrait venir d'un rebond du pétrole, mais pour l'instant un accord entre pays producteurs pour réduire l'offre ne semble pas se profiler".

Corollaire logique de l'aversion totale des investisseurs pour le risque, les valeurs refuges étaient très recherchées.

L'or passait ainsi au-dessus des 1.200 dollars.

Le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne, le fameux "Bund", se détendait fortement et évoluait désormais sous les 0,2%. A l'inverse les dettes des pays du sud de l'Europe étaient sous pression.

Pour Christopher Dembik, un économiste de Saxo Banque, "le coeur du problème c'est le décalage entre les attentes des marchés en début d'année et la réalité des chiffres. Tout le monde croyait que l'année 2016 serait celle de la reprise mais dès les premiers jours de janvier la Banque Mondiale puis le FMI ont revu nettement à la baisse leurs prévisions de croissance pour l'année en cours. Cela a jeté un froid".

"Fondamentalement, le contexte n'est pas très différent" avec un "ralentissement chinois connu depuis 2009, une incurie du système bancaire italien et la nécessité d'une bad bank pour le purger depuis 2012", développe-t-il.

Selon lui, c'est donc "la prise de conscience par les investisseurs de ces données qui explique la chute depuis janvier des bourses. Désormais la panique est auto - entretenue et les marchés ne font plus guère attention aux fondamentaux".

Si les marchés sont aussi désorientés depuis le début de l'année, c'est aussi parce que les banques centrales peinent de plus en plus à rassurer.

"Seule une action des banques centrales pourrait encore rassurer mais elles disposent de moins en moins d'instruments pour surprendre les investisseurs", analyse M. Dembik.

La Réserve fédérale américaine est en position de statu quo, poursuit-il, faisant reposer la pression sur la Banque centrale européenne, or son président "Mario Draghi n'a plus de lapin à sortir de son chapeau afin de rassurer donc la baisse actuelle pourrait encore durer longtemps et potentiellement se transformer en nouvelle crise".