Publicité

Scandale à la MDFP: Rakesh Gooljaury devra s’expliquer

6 mars 2015, 09:04

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Scandale à la MDFP: Rakesh Gooljaury devra s’expliquer

Les amis intimes de l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam ne perçoivent pas uniquement 4,2 % de commissions sur le chiffre d’affaires annuel de Dufry dans la fourniture de produits de luxe aux boutiques hors taxes des aéroports de Plaisance et de Plaine-Corail. Le groupe suisse leur verse également des centaines de millions de roupies sur les sommes qui lui sont octroyées par l’État mauricien pour la gestion de la Mauritius Duty Free Paradise (MDFP), la filiale d’Airports of Mauritius (AML) qui chapeaute ces boutiques.

 

Ce sont-là des renseignements supplémentaires qui ont été fournis par l’Hôtel du gouvernement dans le courant de la semaine à la Financial Intelligence Unit (FIU) ainsi qu’à l’Independent Commission against Corruption (ICAC) dans le sillage des enquêtes ouvertes sur les largesses accordées à l’entourage de l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam. Si Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaury bénéficiaient de commissions de l’ordre 4,2%, c’est sous le prétexte qu’ils ont conclu un Agency & Sales Commission Agreement avec Dufry Travel Retail AG, le 1er octobre 2012.

 

Toutefois, dans le deuxième cas de figure, personne n’arrive à comprendre pourquoi la femme d’affaires et le patron de Fashion Style se faisaient aussi payer autant d’argent par Dufry Trading AG pour le Management Service Agreement que celle-ci a signé avec la MDFP. D’autant que la quadragénaire, qui s’est enfuie en Italie au lendemain du scrutin du 10 décembre, et son ancien partenaire en affaires ne disposent d’aucune connaissance particulière pour conseiller le groupe suisse en matière de gestion.

 

D’après les renseignements parvenus à la FIU et à l’ICAC, Dufry Travel Retail AG a pris l’engagement de verser 49 % des gains qu’elle récolte pour la gestion des boutiques de la MDFP à Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaury. Plus précisément à travers la société Frydu, spécialement créée en Suisse pour capter cette manne. C’est dans cette optique que les explications de l’ancien bras droit de Navin Ramgoolam seront recherchées. C’est bien lui qui a monté Frydu après d’âpres négociations avec Dufry en 2012, durant la période où AML a décidé de faire une croix sur son fournisseur allemand Gebr Heinemann.

 

SOCIÉTÉ OBSCURE

 

Si tout ce scandale est aujourd’hui étalé sur la place publique, c’est en grande partie grâce à Rakesh Gooljaury qui vient de retourner sa veste. Il y a aussi le fait qu’il ne touche plus un sou de Frydu depuis plus d’un an. Nandanee Soornack et lui ont vendu leurs parts respectives à Wigam Holdings. Dirigée par  un Irlandais, c’est une obscure société enregistrée à Nicosie,  Chypre, et qui est désignée par le site français d’informations Mediapart comme une Special Purpose Company dans le cadre de transactions financières hyper complexes.

 

Auparavant, Nandanee Soornack et Rakesh Gooljaury touchaient leurs commissions à travers une banque suisse après qu’elles ont transité sur des Trusts installés respectivement à Chypre et à Gilbraltar. D’après le plan initial du patron de Fashion Style, Frydu devrait également avoir pour actionnaire le Français Laurent Obadia, ancien conseiller économique de Navin Ramgoolam à l’ambassade de Maurice en France.

 

 

 

 

Fac-similé des échanges de mails entre Rakesh Gooljaury et Nandanee Soornack

avec la direction de la société suisse Dufry.

 

 

Dans un entretien accordé à l’express, hier après-midi, jeudi 5 mars, Laurent Obadia nie avoir été actionnaire de Frydu. Ni a-t-il touché de l’argent dans le deal conclu entre Dufry et la MDFP, assure-t-il. Le directeur de communication de Veolia Environnement se dit prêt à collaborer avec les autorités mauriciennes dans le cadre des enquêtes ouvertes par la FIU et la FSC.

 

Ces deux institutions susmentonnées devraient également se tourner vers Serge Petit, l’ancien directeur d’AML, pour savoir  s’il était au courant des tractations de Rakesh Gooljaury auprès des grandes sociétés qui fournissaient des produits de luxe lorsque la décision de se passer des services de Gebr Heinemann a été prise. À l’époque, Serge Petit s’était félicité du choix de Dufry, soutenant qu’elle seule répondait au cahier des charges d’AML et aux critères de bonne gouvernance. Et qu’avec ce deal, les voyageurs allaient bénéficier de produits à des prix défiant toute concurrence.