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Yoshinee Veeramundan-Patten, la force de la persévérance

28 octobre 2014, 18:24

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Yoshinee Veeramundan-Patten, la force de la persévérance
La persévérance et la positivité, elle connaît! «Ce qui me motive, c’est de redoubler d’efforts et d’avoir la satisfaction de briser la bureaucratie, comme le dit si bien Richard Branson. Il faut sortir de sa zone de confort et puiser en soi la force qui permettra de tout surmonter», confie Yoshinee Veeramundan-Patten, 34 ans. Vivant aujourd’hui au Kenya, avec son époux Jorsen et son fils Kavishan, la jeune femme originaire de Rose-Hill s’épanouit dans sa nouvelle voie : Nicolay In-Store Solutions Ltd, une start-up créée en août 2014. «Nous proposons des solutions d’affichage dynamiques comme la signalétique, les produits d’affichage et de merchandising, les présentoirs pour les expositions et autres événements», explique-t-elle.
 
Cette affaire marque un tournant dans sa vie professionnelle. Toutefois, cette voie n’était pas toute tracée. En effet, la jeune femme se destinait au départ à une carrière dans un tout autre domaine: l’économie. Son père, Rajaretnum, est un ancien économiste. Et Sarojini, sa mère, est enseignante.
 
L’ancienne élève de l’école primaire Baichoo Madhoo et du collège Bon et Perpétuel Secours a entrepris une licence en économie à l’Université de Maurice en 1999, suivie d’une maîtrise en économie et finance au Queen Mary College de l’université de Londres, en 2002. Et de retour à Maurice, elle a débuté sa carrière.
 
Après un stage comme Investment Executive au Board of Investment, de novembre 2003 à octobre 2004, elle a intégré le département de Corporate Banking à la State Bank jusqu’en août 2005. Et en septembre 2005, Yoshinee Veeramundan-Patten a occupé un poste stratégique au ministère des Finances et du Développement économique. Elle y a travaillé jusqu’en mai 2008.
 
Après son mariage avec Jorsen, responsable du marketing pour British American Tobacco, elle a quitté Maurice pour la République Démocratique du Congo. Son mari devait y officier pendant une année. Arrivant à Kinshasa, Yoshinee Veeramundan-Patten s’y sent immédiatement connectée. «Je menais ma vie d’épouse en interagissant avec les femmes francophones et la population. J’étais touchée par les enfants des rues de Kinshasa. Je me souviens qu’à la veille de Noël, j’ai acheté 25 baguettes et fait une salade de thon pour aller les distribuer aux enfants», se rappelle-t-elle.
 

La dure réalité du chômage

 
Après neuf mois au Congo, le couple déménage au Mozambique où Jorsen Patten devient Country Manager pour Coca-Cola. Nous sommes alors en 2009. De son côté, Yoshinee Veeramundan-Patten décide de recommencer à travailler. Mais elle se heurte à moult difficultés. «Les permis de travail ne sont pas faciles à obtenir. De plus, chaque entreprise est soumise à une restriction du nombre d’employés étrangers et locaux. D’ailleurs, ce quota doit être déclaré au ministère du Travail», explique-t-elle.
 
Elle est finalement recrutée par la Mauritius Commercial Bank à Maputo. Il leur fallait une personne maîtrisant l’anglais et le français pour le département de crédit. Malheureusement, dans la pratique, la jeune femme rencontre un obstacle majeur – la barrière linguistique. Car la communication à l’oral et à l’écrit se fait en portugais. Heureusement, avec le soutien d’Emmanuel Blackburn, le directeur adjoint, elle s’adapte et devient vite très productive.
 
En 2010, Yoshinee Veeramundan-Patten rentre à Maurice et met au monde son fils, Kavishan. Elle repart pour l’Afrique en mai 2011 mais cette fois-ci pour le Kenya. Son mari est posté au bureau régional de Coca-Cola. Débarquant à Nairobi, la jeune femme découvre une nouvelle réalité. Celle d’une population composée d’environ 3,1 millions de personnes, de nombreuses multinationales et surtout une des plus fortes économies de l’Afrique de l’Est, paradoxalement touchée par la dure réalité du chômage. Durant sa première année, notre interlocutrice s’adonne aux safaris et s’émerveille devant une faune étonnante. Tout comme ces moments à Nakuru, qui lui rappellent les plages mauriciennes.
 
Après deux ans, Kavishan entre à l’école maternelle. Yoshinee Veeramundan-Patten se remet sur le marché du travail et envoie son CV à de multiples entreprises et organisations non gouvernementales. Toutefois, aucune démarche n’aboutit. La rigueur des législations concernant l’emploi des étrangers fait obstruction: «Tout expatrié engagé dans une activité professionnelle nécessite un permis de travail. Et pour l’obtenir, cela coûte entre Rs 60 000 et Rs 100 000. Les entreprises ne sont pas disposées à faire de tels investissements alors qu’elles peuvent brasser dans une longue file de diplômés pour le même poste.»
 

Une opportunité inespérée

 
Yoshinee Veeramundan-Patten n’abandonne pas. Inspirée par le travail et la persévérance de son mari, elle déploie d’autres alternatives. «Si les choses ne tournent pas comme prévu, il n’y a que vous qui pouvez tout changer en respectant vos principes. Dans mon cas, j’étais heureuse comme économiste à Maurice puis dans le service bancaire au Mozambique mais la situation est différente au Kenya. La possibilité de décrocher un emploi dans un pays où le chômage est alarmant est infime. Dans ma quête, j’ai découvert une opportunité inespérée: créer mon entreprise et découvrir de nouvelles aptitudes».
 
Avec Nicolay In-Store Solutions Ltd, elle est bien partie dans cette filière. «Nous ciblons surtout les secteurs de la consommation et des télécommunications. Nos produits sont fabriqués par la maison mère en Afrique du Sud à partir de matériel recyclé», précise la femme d’affaires, qui s’active actuellement à monter une équipe de quatre personnes pour les opérations. Ce domaine est en plein essor au Kenya du fait que de nombreuses entreprises investissent désormais dans le «shopper marketing», ajoute-elle.
 
«Mon objectif maintenant est de consolider mon entreprise et de procéder à son expansion», déclare-t-elle. Parallèlement, elle s’est remise aux études en suivant un cours à distance avec la Chartered Banker Institute d’Édimbourg. Très impliquée socialement an Kenya, Yoshinee Veeramundan-Patten parraine une petite fille de 4 ans, abandonnée par ses parents. «Lors de nos rencontres, je m’assure qu’elle ne manque de rien, que ce soit en termes de nourriture, d’éducation et autres besoins», confie-t-elle. Outre ses activités professionnelles et sociales, elle saisit l’occasion pour retrouver ses racines. Visitant régulièrement Maurice, elle veille à inculquer ses deux cultures à son enfant. Deux cultures qui bercent maintenant sa vie.
 
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