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Chandan Jankee : «Les gens ont moins d’argent»

6 novembre 2013, 13:57

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Chandan Jankee : «Les gens ont moins d’argent»

Pas de langue de bois chez l’économiste et chargé de cours à l’université de Maurice, Chandan Jankee. Ce dernier rappelle le rôle que le gouvernement mauricien doit jouer et plaide pour une politique générale où l’on opère un retour vers l’économie réelle.

 

«Les problèmes se sont accumulés depuis quelque temps. Les indicateurs macro-économiques sont au rouge…»,lance, d’emblée, Chandan Jankee. Si on en est arrivé là, c’est aussi quelque part qu’on ait laissé la situation s’empirer. L’économiste rappelle qu’en 2005, lorsqu’il est arrivé au pouvoir à la tête du PTr, Navin Ramgoolam avait une vision. Mais les choses se sont diluées avec le temps. C’est la raison pour laquelle il estime que tout gouvernement doit planifier son action budgétaire en fonction d’un plan de cinq ans. «On est, aujourd’hui, dans une situation où le chômage est en hausse et la croissance en baisse. Dans un tel contexte, il faut injecter de l’argent au sein de l’économie mauricienne. On ne peut poursuivre une politique d’austérité», assure Chandan Jankee.

 

Autant de raisons qui font que l’économiste estime que le gouvernement se doit de prendre une nouvelle direction… ou alors opérer un retour vers l’essentiel, vers tout ce qui a fait ses preuves au développement économique du pays. «Les solutions sont connues. Elles sont drastiques. Le gouvernement ne peut attendre du secteur privé qu’il fasse le travail pour lequel il a été élu. Il faut en finir avec cette politique d’austérité. Le gouvernement se doit de donner des facilités aux opérateurs et aux entrepreneurs pour qu’ils contribuent à relancer l’économie. Il s’agit de booster l’investissement et cela se passe, comme pour les pays développés, à travers une injection massive de capitaux», insiste notre interlocuteur.

 

C’est aussi en cela que le budget national demeure un outil important car, non seulement il envoie des signaux aux opérateurs, mais il établit aussi les objectifs du gouvernement en termes de ses dépenses et de ses revenus. Cependant en 2014, comme pour les années précédentes, il y a des variables économiques et sociaux qu’il faut tenir en compte. Ressortent, dans cet ordre d’idées, les questions de l’insécurité, du chômage, du taux d’échec à la fin du cycle scolaire, la perte du pouvoir d’achat… «C’est ce qui amène les gens à penser que leur niveau de vie ne s’améliore pas», estime Chandan Jankee.

 

L’heure de ressasser les problèmes est dépassée. On ne peut, chaque année, revenir avec des poncifs comme les négociations tripartites ou avec la guéguerre qui oppose le ministère des Finances à la Banque de Maurice autour de la question de l’inflation et de la croissance. «Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une situation économique difficile», clame Chandan Jankee. Des sauts conceptuels sont inévitables dans un tel contexte. Pour l’économiste, il faut mettre de côté les politiques palliatives. Les Integrated Resort Scheme (IRS), par exemple. «Il s’agit là d’économie parallèle qui ne fonctionne pas comme moteur de développement. Aujourd’hui, le gouvernement doit évaluer la qualité de l’investissement. Il importe de revoir la politique conduite vis-à-vis de l’industrie manufacturière. Le gouvernement doit miser gros et ne pas écarter l’option d’un déficit budgétaire élevé», préconise l’économiste. Cela permettra en partie, à son avis, de faire reculer le chômage.

 

Encore faut-il qu’on ait une volonté d’opérer une réorientation de notre politique générale. «Le défi est multiple. Beaucoup d’institutions n’ont pas fait leur travail. Par exemple,  la perception de l’insécurité, le manque de nouvelles idées, la question de la productivité dans le secteur public… Il ressort clairement que pas grand-chose de concret n’a été réalisé à ce jour», conclut Chandan Jankee.