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Vers un nouveau journalisme

29 avril 2013, 18:44

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Maurice indépendante a 45 ans. L’express en a 50 aujourd’hui.

Terme polysémique, l’indépendance est dans la vraie vie une affaire d’autonomie financière. Malgré le boycott publicitaire d’un gouvernement qui ne daigne même pas respecter sa propre signature, et des tentatives de nous asphyxier, La Sentinelle n’est pas vulnérable financièrement. Heureusement pour la démocratie, heureusement pour Maurice.

 

Même si les dictateurs et les patronymes politiques perdurent, les us et coutumes du journalisme ont, eux, bien évolué depuis 1984, année de braise durant laquelle la presse mauricienne est devenue subitement orpheline. Cette année-la, sur une pure question d’éthique, alors qu’il luttait pour la presse dans son ensemble, le Dr Forget a choisi de s’en aller, fermant un chapitre sur une période de hautes traditions journalistiques, à l’avant-garde du progrès.

 

L’express du groupe La Sentinelle ne pouvait pas avoir de meilleur nom. Vitesse, s’il n’y en avait qu’un, serait le mot qui représenterait notre société. L’express ne va pas se laisser prendre de vitesse. La presse est par essence plus que pressée. Aujourd’hui, les nouvelles se font et se défont en temps réel. Le très loin se rapproche de l’hyperlocal. Carnet sous le bras, arpentant les trottoirs de Port-Louis, Smartphone à l’oreille...Le journaliste a bien changé. Vraiment ? Qu’est ce qui compte le plus ? Les moyens ou la finalité ? Les deux. Les moyens doivent être au service de la finalité par des voies nobles. C’est pour atteindre cette finalité commune que nous devons évoluer. Faire du lecteur un contributeur et faire du journal un acteur parmi les citoyens. Dans la jungle des flots d›informations sur Internet, déversées sans professionnalisme, sans rigueur, avec des agendas cachés, l’auditeur/spectateur/lecteur/commentateur/pseudo-expert (il est devenu tout cela à la fois) ne peut être abandonné, lâché dans ces flots déchaînés. Il lui faut un guide, un phare, un tour opérateur, puisque l’on est une île touristique. C’est le rôle du journaliste. Pour que les agences de presse virtuelle et le référencement Internet marchent, il faut qu’il y ait des NEWS - des faits nouveaux - à la base. Sans contenu pas de forme. Les moyens sont la forme, le contenu est la finalité. Et un projet de société demeure notre finalité : le mauricianisme.

 

Le prestigieux Guardian britannique, dont le guide spirituel demeure CP Scott, a lancé une plateforme qui permet aux lecteurs qui veulent être contributeurs de soumettre directement du contenu aux journalistes via leur Smartphone. Aujourd’hui, on l’a confirmé lors des inondations du 30 mars, que les Mauriciens partagent de plus en plus des photos, du son, des vidéos et du texte avec les médias. Les contributions du lecteur se sont élargies, tout comme les compétences du journaliste, devenu également “social media reporter” ou “data journalist”. Les rédactions doivent elles aussi se repenser afin d’intégrer les activités infinies liées au web. Tout cela ne passe pas sans une formation adéquate aux techniques journalistiques.

 

Aux Casernes centrales, on coupait avant, maintenant il faut le faire a posteriori. La censure devient impossible sur le web. On y trouve tout et son contraire. C’est pour cela que l’éthique devient vitale, et la rigueur primordiale. Retour donc aux valeurs immuables, comme celles que défendait le Dr. Philippe Forget, tout en s’adaptant au vent du changement.