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Pierre Dinan : " Croissance et partage "

20 mars 2014, 00:29

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Pierre Dinan :  " Croissance et partage "

La croissance économique n’est pas toujours bien comprise. Celle-ci, dit-on à la suite de Malthus, un économiste du 19e siècle, ne peut continuer indéfiniment, compte tenu des ressources limitées de la planète Terre. Dans les années 1970, le Club de Rome alla jusqu’à préconiser la croissance zéro. La croissance économique est aussi perçue comme étant réalisée au détriment des travailleurs et des personnes au bas de l’échelle des revenus, alors que les détenteurs des capitaux en sont les bénéficiaires.

 

D’autres encore affirment que la croissance économique est un leurre car elle n’est pas le gage du bien-être et du progrès. Ceux-ci sont en faveur d’un indice du bonheur incorporant divers bénéfices de nature sociale. En fait, il existe une mesure qui répond partiellement à ce souhait, c’est l’indice du développement humain que calcule le PNUD (Programme des Nations unies pour le Développement). Il faut savoir, toutefois, que la croissance économique est l’une des composantes de cet indice sous la forme du produit intérieur brut (PIB).

 

La croissance économique est égale à la différence entre la valeur ajoutée d’un pays d’une année à une autre. On peut aussi, selon les besoins, procéder à l’exercice pour des périodes plus courtes, par trimestre, par exemple. La somme des valeurs ajoutées par tous les agents économiques (entreprises publiques et privées, services gouvernementaux, professionnels, individus opérant à leur propre compte…) constitue la valeur ajoutée d’un pays.

 

La valeur est ajoutée lorsque les agents économiques appliquent leur labeur et leur capital d’intelligence et de moyens financiers à la transformation et à la valorisation de matières premières et d’autres fournitures de même nature.

 

Cette somme des valeurs ajoutées constitue ce que l’on peut appeler communément le gâteau national, ou PIB (produit intérieur brut) dans un terme technique. Il y a croissance lorsque le gâteau grossit d’une période à l’autre. Au cas contraire, c’est la décroissance ou la récession.

 

Comment mesure-t-on la valeur ajoutée ? À partir de revenus de l’argent économique, il s’agit de déduire le coût des intrants et autres fournitures. Les soldes ainsi obtenus sont égaux à la valeur ajoutée.

 

Le calcul est démultiplié, secteur par secteur. C’est pourquoi il est possible à Maurice de calculer, par exemple, la valeur ajoutée de la zone franche industrielle, des services financiers, du tourisme et ainsi de suite.

 

Après que le coût des intrants a été déduit des revenus de l’agent économique, la valeur ajoutée résiduelle sert à rémunérer tous ceux qui ont contribué aux opérations :

• La main-d’oeuvre et le management

• Le capital (finances, machineries, biens immobiliers…)

La main-d’oeuvre et le management perçoivent les gages et salaires. Les apporteurs de capitaux s’approprient le solde (intérêt aux prêteurs, dividendes et transfert à la réserve). C’est ainsi qu’il est possible de considérer le PIB sous l’angle des rémunérations des facteurs de production, et non pas seulement à partir de la valeur ajoutée.

 

Une troisième approche du calcul du PIB est également possible. Les trois différentes méthodes de calcul du PIB aident à comprendre comment la dimension et l’évolution de celui-ci peut dépendre de facteurs multiples que l’on peut classer succinctement en deux catégories ; celles qui donnent lieu à une croissance soutenable et celles qui ne le sont pas.

 

Ces quelques exemples montrent comment il est risqué de poursuivre une croissance économique sans tenir compte des conditions dans lesquelles elle est réalisée. En fait, la croissance est non-soutenable quand elle est basée sur une maximisation à court terme, que ce soit en matière de rémunération ou de consommation, par exemple. Par contre, la croissance devient soutenable et de qualité lorsqu’elle cherche à optimiser l’utilisation des facteurs à travers la recherche d’une productivité accrue, justifiant alors de meilleures rémunérations.

 

Mais une dernière question reste posée : pourquoi rechercher la croissance même lorsqu’elle est de qualité ? Une boutade pourrait être offerte comme première réponse : qui n’avance pas recule. La croissance zéro revendiquée par le Club de Rome dans les années soixante-dix est insoutenable : -l’humain a une soif de grandir, il lui en faut les moyens. En effet, il est bon de rappeler que depuis que l’homme peuple cette planète, il n’a cessé de la développer avec ses capacités d’invention, d’innovation et d’entrepreneuriat. Pourquoi s’arrêterait-il en si bon chemin ? Les prophètes de malheur comme Malthus se sont bien trompés.

 

« La croissance est non-soutenable quand elle est basée sur une maximisation à court terme, que ce soit en matière de rémunération ou de consommation par exemple. »

 

Extrait du numéro spécial de Business Magazine - Business Year Book [12 au 18 mars 2014]