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L’Etat et la médiocrité des médecins

20 juillet 2013, 07:15

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L’Etat et la médiocrité des médecins

La décision du Medical Council –  équivalent mauricien de l’ordre des médecins – de ne plus se fier aux documents et autres certificats des jeunes diplômés en médecine pour leur enregistrement sur la liste des médecins traduit en fait un certain malaise sur le niveau bien souvent médiocre des jeunes mauriciens diplômés en médecine. 

 

Les différents titres de l’express ont souvent répercuté les inquiétudes des spécialistes et des consultants en diverses branches de la médecine qui ont eu la responsabilité de suivre ces jeunes lors de leur internat dans nos hôpitaux. Ils ne sont pas tous médiocres, mais bon nombre d’entre eux  maîtrisent très mal leur sujet  reconnaissent les milieux hospitaliers. 

 

Les dires de ces spécialistes et des expériences personnels indiquent que certains de ces jeunes sont bons, même très bon. Mais leur bon travail, leur dévouement, leurs compétences médicales et humaines, leur patience, leur empathie et leur compassion sont trop souvent perdus et noyés par la mauvaise attitude et l’insuffisance d’un trop grand nombre de jeunes médecins. 

 

Ce sont en général ceux qui n’ont pas étudié la médecine par vocation et qui n’ont pas décroché un bon SC et HSC.  Ceux-là ont contracté, avec l’aide de leurs parents, des emprunts bancaires pour étudier la médecine comme d’autres contractent des emprunts pour acheter une taxi afin de se faire un pactole.

 

Les salaires et le statut de médecins sont les choses les plus importantes pour ces types de médecins et leurs parents.

Un des meilleurs chirurgiens du pays a souvent dénoncé cette attitude et parlé de choquante immaturité émotionnelle d’un grand nombre de jeunes médecins qui sont arrivés récemment dans nos hôpitaux.

 

Son affirmation fait souvent penser aux paroles d’un professeur de médecine qui affirme que l’échec et la médiocrité n’a pas sa place dans la vie d’un interne et des médecins, jeunes ou vieux, car la médecine est un métier noble, difficile, plein d’exigence. Un métier qu’on exerce sur des êtres humains.

 

Combien de nos jeunes médecins répondent aujourd’hui à ces nobles critères ? 

Le ministre de la Santé et le Premier ministre, lui-même médecins et fils de médecin, ont eu le courage d’imposer des examens à la fin de l’internat de nos jeunes diplômés en médecine. Un courage qu’il faut saluer ici.

 

Ils savent cependant bien que ces examens pourraient éliminer à partir de cette année les très mauvais médecins de nos hôpitaux. Mais quid de ceux qui ont déjà été recrutés et qui exercent déjà. 

 

Ces examens ne pourront toutefois pas  s’attaquer à l’exécrable attitude de la plupart des jeunes médecins vis-à-vis de leur profession et des malades.

 

Les Mauriciens ont en général eu une grande estime pour les médecins,  ces « grand docteurs » – du Dr. de Senville au Dr. Gajadhursing (celui-là même qui donnait chaque samedi des consultations gratuites à la clinique Ferrière à Curepipe à l’intention des pauvres qui ne pouvaient se payer une consultation privée) en passant par le Dr. Sooreefan de Curepipe (le défunt père de la doctoresse Soreefan), le Dr Nundlall et bien d’autres qui ne sont plus sur la scène médicale aujourd’hui. Et ce ne sont là que quelques-uns de ces médecins imbus d’un profond humanisme qui ont marqué plusieurs générations de Mauriciens.

 

Ce qui ne veut nullement pas dire qu’il n’y a pas ou qu’il n’y avait pas et qu’il n’y a pas de fieffés fainéants parmi les anciens médecins. Mais ils ont été les exceptions qui confirmaient la règle.

 

Il y a bien d’autres médecins qui exercent encore – dont un jeune qui est reparti exercer en France - et qui possèdent ces compétences médicales et surtout humaines qu’on attend des médecins. Ces types de médecins sont heureusement encore nombreux  à se dévouer à Candos, à l’hôpital du Nord, de Rose-Belle, de Flacq ou encore au Cardiac Centre. 

 

Mais on se pose toutefois la question de savoir ce que deviendront nos hôpitaux et notre service de santé quand ces médecins armés d’une profonde connaissance médicale humaine et partiront à la retraite ou quitteront le pays pour exercer leurs talents à l’étranger.

 

Une question que le ministère de la Santé devrait aussi se poser. Une question destinée également à nos jeunes médecins. 

 

Il n’est jamais trop tard pour réaliser que la médecine est avant tout un sacerdoce.

 

A lire également l'article : Examens obligatoires dans un mois avant l’enregistrement des nouveaux internes sur le registre du Medical Council