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An evil precedent of a CP

4 mars 2023, 06:45

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L’histoire de la police mauricienne comprend des épisodes salaces. Ainsi, un commissaire de police adjoint, le Britannique Bernard McCaffery, reçut un coup de pierre en plein visage lors d’une émeute organisée par le Parti Mauricien en 1963. Depuis l’Indépendance, au départ des officiers britanniques, la police mauricienne a été dirigée à tour de rôle par des locaux. De tout ce lot de 14 fils du sol qui ont occupé le poste de commissaire de police, à commencer par Jacques Ribet en 1968, le titulaire actuel, Anil Kumar Dip, s’est déjà établi comme un recordman de tous les temps.

Petit record, grand record, le commissaire Dip a tout dans son palmarès. Pour commencer, il détient le record du seul commissaire de police à avoir passé une nuit… en cellule. Comme son fils, lui aussi a connu bien des ennuis avec la police. Heureusement que tout s’est arrangé par la suite. Cette douloureuse expérience aurait laissé quand même des séquelles.

Ce qui pourrait expliquer l’acharnement avec lequel il sévit contre les empêcheurs de tourner en rond. Et comment il règle ses comptes personnels.

Outre les aberrations, on est aussi tombé dans le burlesque le mardi 28 février. En effet, telle une grande personnalité ou vedette qui manifeste publiquement son état d’âme, le commissaire Dip a fait savoir aux Mauriciens que la décision du Directeur des Poursuites publiques (DPP) de ne pas contester la libération sous caution de Bruneau Laurette constituerait un «evil precedent» pouvant permettre à 337 détenus pour délits allégués de drogue de se faire libérer.

Le comble du burlesque, c’est par le biais d’une unité se présentant comme «Police Press & Public Relations Office» que le commissaire de police a fait sa déclaration anti-DPP. Et c’est le «Government Information Service» (GIS) qui a servi de rampe de lancement à cette fameuse déclaration. Pourquoi le CP n’a pas fait sa déclaration de vive voix sur les médias gouvernementaux ? Les points évoqués seraient trop complexes. Il fallait mener l’offensive anti-DPP à partir d’un document. On voit aisément la main qui a écrit le texte. On voit à l’œuvre un «hardliner» du gouvernement mis mal à l’aise par le fonctionnement indépendant du DPP.

L’utilisation de ce terme a tout de suite déclenché une avalanche d’invectives sur les réseaux sociaux car selon les internautes, c’est plutôt la grâce obtenue par le fiston Dip qui constituerait le véritable «evil precedent».

La sortie du commissaire Dip contre le DPP constitue à ce stade l’élément le plus inquiétant dans le dysfonctionnement des institutions. Dans le pire des cas, on arriverait à une situation où la police procéderait à des arrestations mais le DPP ferait savoir aux tribunaux que des preuves n’ont pas été suffisamment réunies pour justifier des poursuites. Ce serait la paralysie de tout le système.

A moins d’une remise en ordre draconienne, la police, le judiciaire et d’autres institutions vitales au bon fonctionnement de la démocratie, de l’État de droit et la manière de vivre même des Mauriciens risquent d’être profondément bouleversés.

Le gouvernement dispose d’un mandat de deux années encore pour renverser la vapeur. Le commissaire Dip, pour sa part, n’atteindrait l’âge de la retraite que dans deux ans. Obtiendra-t-il ses marching orders avant ses 65 ans pour avoir établi un evil precedentdans les fonctions de chef de la police ?