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Franklin 1, France 0 ?

4 février 2023, 08:14

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Franklin 1, France 0 ?

Selon toute évidence, les autorités policières auraient fait preuve d’un comportement bien étrange dans l’affaire de la condamnation du Mauricien connu comme Franklin à l’île de La Réunion. 

On apprend que Franklin, de son vrai nom Jean Hubert Celerine, a été condamné à sept ans de prison à La Réunion pour trafic de drogue. Puisque Franklin n’était pas physiquement présent lors de son procès et sa condamnation, les autorités réunionnaises ont recherché la collaboration de Maurice pour l’extrader vers l’île soeur. Maurice a tout simplement ignoré cette demande. 

Il est vrai que Maurice n’a pas de traité d’extradition avec la France mais, pour des raisons diplomatiques, Port-Louis a toujours pleinement coopéré avec les Français sur des questions relevant de l’immigration clandestine ou de délits criminels. La France a été très proche de Maurice pour avoir été l’un de ses pays de peuplement. 

Dans les années suivant l’indépendance de Maurice en 1968, la France a fourni une assistance considérable pour le développement des infrastructures et des services à Maurice. Tout en offrant d’énormes possibilités d’éducation et de formation à des jeunes Mauriciens. Mais, aussi et surtout, en se présentant en tant que terre d’accueil pour ceux qui voulaient s’échapper de la pauvreté chez nous. Ce qui fait que les dirigeants politiques ont entretenu d’excellentes relations avec la classe politique française. Navin Ramgoolam avait réussi l’exploit d’amadouer à la fois les dirigeants de la droite et de la gauche française. 

Normalement, même en l’absence de traités d’extradition, des pays amis collaborent quand il est question de délits criminels. Toutefois, on évite des expulsions ou des extraditions quand les demandes touchent à la politique. Par exemple, la France n’expulsera jamais un Mauricien connu pour ses prises de position contre le gouvernement local malgré toute demande que Port-Louis puisse faire. Le même principe est observé par les États-Unis, le Canada et les pays européens qui hébergent des milliers d’activistes politiques recherchés dans leur pays d’origine. Le cas Franklin est de nature très différente car il y va d’un délit de drogue. On apprend aussi que les autorités mauriciennes n’ont pas réagi dans d’autres cas en sus de celui de Franklin. 

La portée diplomatique du non-engagement de Maurice dans des actions policières et judiciaires à La Réunion contre nos concitoyens engagés dans le trafic de drogue entre les deux îles serait considérable. Cela ne pourrait que nuire à l’image diplomatique de Maurice, déjà ternie à l’étranger dans le domaine financier. Maurice, à l’initiative de Navin Ramgoolam au départ, puis de façon déterminante, des Jugnauth père et fils, a pourtant marqué des points à l’échelle internationale dans la gestion juridique et diplomatique de ses revendications sur l’archipel des Chagos. 

Dans la foulée de ces acquis diplomatiques, qui seraient ces responsables mauriciens qui, en se livrant à une analyse coût-bénéfice, ont réalisé que le sort de Franklin s’avérait plus important pour les intérêts de notre pays que l’état de nos relations avec un pays comme la France. Franklin 1, France O ?