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Un peu de baume de fin d’année…

28 décembre 2022, 09:45

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À la veille de 2023, les chocs principaux causés par la guerre de M. Poutine en Ukraine ayant été en partie résorbés et l’économie chinoise ralentissant matériellement, les premiers signes de baisse de prix au niveau des commodités se précisent. C’est la bonne nouvelle de cette fin d’année.

Le tableau du FMI (*) qui suit la trajectoire des prix montre, en gros, que ceux-ci ne sont pas redescendus, dans de très nombreux cas, aux niveaux de 2019, avant les grandes perturbations de la pandémie et de la guerre en Ukraine, mais que la montée en flèche, jusqu’aux pics de cette année, semble être derrière nous. Mieux, qu’il y a des corrections à la baisse qui devraient suivre.

Prenez les céréales. Le blé coûtait, en octobre 2022, 353,7 $ la tonne métrique sur les marchés mondiaux, soit plus que le double du taux moyen de 2019. Cependant, ce prix était à la baisse de 15 % par rapport à la pointe atteinte lors du 2e trimestre de l’année courante. Ce pourrait être une bonne nouvelle pour le pain, les chutes de production de l’Ukraine ayant maintenant été, grosso modo, intégrées dans les anticipations. Pour le riz, le prix d’octobre 2022 est à 13 % plus bas que le prix maximal de 477,8 $ enregistré en 2020. Si le prix du maïs demeure au double du niveau de 2019, il se tasse et ne grimpe plus. Le soja, qui a augmenté de 89 % entre 2019 et le 2e trimestre de 2022, a depuis chuté de 18%...

Le phénomène se retrouve de manière générale sur les commodités. L’huile de palme, ayant au 2e trimestre 2022 presque triplé vis-à-vis des prix de 2019, a vu son prix baisser de presque moitié depuis ! L’huile de tournesol, qui a vu son prix mondial être multiplié par 2,7 fois entre les mêmes périodes, voit son prix chuter par 32 % depuis. Les viandes, de bœuf, de porc, de poulet, de mouton suivent la même courbe, même si de manière un peu moins prononcée. Le poisson et la crevette n’échappent pas à la tendance. Le lait qui augmente de 70 % entre 2019 et ce fameux 2e trimestre de 2022, influencé par M. Poutine, sans aucun doute, ne retombe peut-être pas, mais plafonne. Le fishmeal, ingrédient vital pour fabriquer de quoi nourrir les animaux, ayant progressé de 20 % depuis 2019, recule de 16 % depuis. Le coton, ayant vu son prix doubler à 157,9 cents par livre à mi-2022, est en repli de 47 % depuis… Pour les fertilisants, le bois, le gaz, le pétrole, c’est globalement la même tendance.

Parmi les rares exceptions, le café, le papier et le… charbon !

Ce sont d’excellentes nouvelles, SURTOUT SI ces tendances se maintiennent, SI le fret continue sa lente glissade vers la ‘normalité’ ( la récession annoncée pour 2023 et le ralentissement de l’économie de la Chine devraient aider, après que les grosses compagnies de fret se soient bien gavées artificiellement (**) ), SI la roupie ne se dégrade pas à nouveau face au dollar (au prix de gros efforts et d’un bilan BoM affaibli, la roupie a repris 5 % face au prix de vente de pointe de 46,35 du 8 juillet dernier, même s’il faut reconnaître qu’à Rs 44,10 pour un dollar actuellement, le dollar nous coûte 26,4 % de plus qu’au début de janvier 2019 !) ET BIEN SÛR SI les commerçants jouent évidemment le jeu, garrottent leur avidité et réduisent leurs prix en conséquence.

Ça fait beaucoup de «si» avec lesquels jongler, mais nous avons du moins aujourd’hui les prémisses d’un ralentissement marqué (un recul ?) de l’inflation, ce qui aura peut-être aussi la conséquence de ramener les taux d’intérêt ; l’action de restriction monétaire n’ayant de toute façon, que relativement peu d’effet dans un pays, comme le nôtre, qui importe tant son inflation…

Ce serait sans doute alors du vrai baume pour le consommateur !

Parmi d’autres chiffres prometteurs en cette fin d’année, même si pas encore rendus totalement explicites à ce stade, la croissance qui ne serait plus de 7,2 % cette année, mais de 7,8 % ! Les National Accounts Estimates publiées en décembre 2022 en font état et suggèrent que trois mois seulement après les estimations de septembre, on a trouvé de quoi justifier cette révision matérielle par… 8,34 %, ce qui n’est pas rien ! Nous espérons tous que c’est du réel, comme pour les Rs 292 milliards de goods and services apparemment encaissés cette année ; ce qui paraît trop beau pour être vrai, les goods ne totalisant, en effet, que Rs 100 milliards en tout et pour tout ! Pour le moment, nous avons affaire à trop de pourcentages sectoriels et pas assez d’explications sur les variances et les choix des dénominateurs…

Tout en maintenant l’espoir que ça va aller mieux, on ne nous en voudra pas de ne pas pavoiser à ce stade ; les instances où les chiffres économiques nationaux ont été présentés trop favorablement ayant été bien trop fréquentes pour nous mettre en confiance. On se souviendra à cet effet du budget ‘en équilibre’ de 2020-21 ; du taux de croissance de 4 % à l’orée des élections de 2019 – finalement révisé à 3,6 % ; du PIB de 2022 qui va ‘dépasser’ le niveau de 2019 – mais en roupies dévaluées ; de l’intervention du gouvernement à Statistics Mauritius – menant au départ de Gilbert Gnany ; de l’opacité totale quant aux implications de la CSG ; du mutisme sur les ‘trous’ de divers fonds de pension ; des élégantes pirouettes sur les Special funds, de…

Le problème avec la confiance, ingrédient reconnu vital pour toute économie, c’est que, comme le disait avec justesse Anne Barratin (***), une fois que la confiance a quitté un lieu, elle y revient difficilement. En effet, elle tient alors rancune !

(*) IMF (Market prices of Commodities, 2018-2022, du 9 novembre 2022)

(**) https://www.freightwaves.com/news/biden-to-ocean-carriers-the-rip-off-is-over

(***) Femme de lettres, philanthrope et poétesse française, née le 4 octobre 1832, inhumée le 14 décembre 1915 au Père Lachaise à Paris