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Problèmes hétérogènes

4 décembre 2022, 09:05

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Problèmes hétérogènes

S’il y a, selon ce qui a été déclaré au Parlement, environ 55 à 60 000 toxicomanes à Maurice, le pays a un problème ! Si le nombre d’arrestations de «trafiquants», suivies de charges provisoires, augmente, mais que les condamnations ne suivent pas proportionnellement et, pire encore, que l’on soupçonne de plus en plus les compétences ou les motivations des policiers qui font des arrestations, c’est encore le pays qui a un problème. Si l’on a saisi, entre 2015 et aujourd’hui, des drogues de toutes sortes valant Rs 13,7 milliards, c’est clairement confirmé : le pays a un sérieux problème ! Car si l’on sait ce qui est pris dans les filets, même si l’évaluation est faite pour impressionner, qu’est-ce qui passe encore par les mailles et les trous du filet ?

Dans une réponse détaillée au Parlement le 17 mai dernier, le PM confirme que le nombre de cas détectés augmente de 50 % entre 2015 et 2021 et que le nombre d’arrestations double presque, à 3 284 en 2021 (au total, 18 437 arrestations en sept ans). Ces chiffres ne faisaient pas la distinction entre les consommateurs et les trafiquants, mais des 190 cas référés à l’ADSU et au CCID pour des audit trails sur cette période, on a obtenu… DEUX condamnations, six cas sont chez le Directeur des poursuites publiques, alors que dans 182 cas, on enquête toujours. L’ARID, qui enquête sur les cas de moins de Rs 100 000, référait de son côté 651 cas à la police et 104 cas menaient à des saisies. Quant à l’ICAC, elle a enquêté sur 150 cas de blanchiment lié au trafic de drogue, dont 53 cas identifiés par la seule Commission Lam Shang Leen et si l’on a effectivement «attaché» des actifs de Rs 254 millions, seuls HUIT de ces cas ont été jugés, menant à des confiscations de… Rs 4,9 millions. 

À constater la disparité effrayante entre les arrestations, la valeur des saisies et les condamnations, le pays a définitivement un énorme problème !

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Mercredi 30 novembre, 16 h 40. Quiconque s’engage sur la route qui mène à Rivière- Noire, en passant par Phoenix et Carreau Laliane va écoper à nouveau ! À plus d’un kilomètre en amont du premier rond-point qui bifurque vers Palma sur la droite, on s’arrête, comme on s’arrête fréquemment sur cette route, et… on attend que ça se débloque. 

Car, voyez-vous, cette route est, pour plusieurs raisons, une véritable artère bouchée, ce qui est d’autant plus embêtant que c’est l’unique artère desservant Cascavelle, Flic-en-Flac, Tamarin, Rivière-Noire et La Gaulette/ Le Morne. Cet après-midi-là, la route s’est débloquée vers 18 h 05, c.-à-d., 1 heure et demie plus tard ! Il y avait eu un sérieux accident et quand cela arrive, que la police prend les choses en main et qu’un remorqueur est attendu pour dégager la chaussée, on doit prendre son mal en patience, car il n’y a aucun autre choix. Il n’y a ni route alternative, ni bypass. Rebrousser chemin implique de retourner vers Port-Louis et de prendre la route par Petite-Rivière, ce qui est tout simplement impensable à une heure de pointe…

Un accident, c’est une fois le temps, vous me direz, et vous auriez raison ! Mais sur cette route, la normalité quotidienne, c’est le bouchon ! D’abord, parce qu’à chaque fois que les feux passent au rouge (il y a trois séries de feux jusqu’à Cascavelle), le trafic s’arrête, ce qui impacte le flux de voitures en amont sur des distances impressionnantes, allant parfois jusqu’à plusieurs kilomètres. Si un véhicule veut prendre un embranchement qui demande au trafic en sens inverse de laisser passer et que cela ne se passe pas (normalement parce que cette file de voitures aussi est pare-choc contre pare-choc) ; le refoulement sur des kilomètres va s’amplifier. Si un véhicule est en panne ou qu’un camion de voirie fait son travail et bloque une des deux voies, on est certain de rajouter des croix et plusieurs bannières. Un bus ou un camion poussif qui croit nécessaire de vous enfumer avec ses effluves de diesel, ne fait qu’empirer et envenimer la situation. 

On parle depuis longtemps déjà d’«ouvrir une route» entre la Vigie et le rond-point menant vers Flic-en-Flac. Les travaux auraient même déjà été entamés à la Vigie. Cette route sera, dit-on, terminée en 2024. Si cette route n’était pas disponible avant les élections de cette année-là, gageons que la circonscription no 14 s’en souviendra ! Contrairement à la circonscription no 8 où le réseau routier est déjà impressionnant et où les seuls nids de poule connus hébergent, cette fois, de vraies gallinacées ! Ce qui est certain, c’est que la situation sur la route existante vers Cascavelle va nécessairement empirer encore sur les mois à venir… Elle ne sera pas la seule, malgré les (parfois même, à cause des) nombreux travaux en cours. 

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Le monde est interconnecté comme il ne l’a jamais été auparavant. Quand on détruit la forêt amazonienne ou congolaise ou indonésienne, les protestataires ne semblent pas tant être brésiliens, congolais ou indonésiens, qu’ils ne sont suédois, anglais ou canadiens ! Quand le Mozambique affirme son ambition d’exploiter ses ressources gazières du Cabo Delgado ou que le président Buhari inaugure de nouveaux forages dans le nord du Nigeria, pour accéder au milliard de barils de pétrole enfouis à Kolmani, c’est le monde industrialisé qui essaie désespérément de réduire sa propre empreinte carbone, qui s’en offusque et qui essaie de culpabiliser les p’tits nouveaux au grand jeu des hydrocarbures ! Le président Macron est aux États-Unis ces jours-ci pour vigoureusement défendre les intérêts des fabricants français et européens. Ces derniers pensent, en effet, être handicapés par les subventions généreuses canalisées par l’Inflation Reduction Act de Joe Biden qui a pourtant été votée pour favoriser la transition des compagnies américaines vers de… l’énergie renouvelable ! De l’autre côté de l’Atlantique, une nouvelle loi de l’Union européenne (UE) contre la dégradation des forêts donne le frisson aux… Canadiens. L’initiative guerrière de M. Poutine affecte le prix du gaz et du pétrole et des céréales bien sûr, mais met aussi la population ukrainienne entière à la glacière (*), alors que des centaines de milliers de familles de l’UE seront, eux, seulement un peu moins confortables cet hiver. 

Même si on se prend, ici, trop souvent, pour le centre du monde, notre impact sur le reste de la planète reste très, très marginal, même quand Mare-Chicose brûle pendant deux semaines ou que le Wakashio s’éventre sur nos récifs. Nous ne rayonnons pas non plus comme un exemple pour le monde, ni sur le plan de la démocratie et des libertés individuelles, ni comme un pays respectant son environnement ou ayant déjà largement migré vers les énergies renouvelables, ni encore comme un État pétri dans la méritocratie, la productivité supérieure ou l’inventivité. L’ironie veut qu’une des seules manières répertoriées où notre pays a engendré quelque impact sur le reste de la planète a été dans le commerce de nos îles pour installer les facilités guerrières des autres… Les Chagos aux Américains, Agalega pour les Indiens. 

Chaque pays façonne son image comme il peut ! Avec ce qu’il a… On aurait quand même pu espérer un peu moins de vénalité et un peu plus d’exemplarité positive ?

(*) Ce qui n’est pas sans rappeler la cruauté de la tsarine russe Anna Ivanovna qui, furieuse de voir l’aristocrate Alexeivitch Galitzine se convertir au catholicisme pour pouvoir épouser une Italienne, annulait d’abord son mariage, puis saisissait ses terres et son titre pour finalement l’installer comme un des ‘fous’ de la cour, créchant dans un panier où il prétendait pondre des oeufs ! En 1740, la tsarine le força à épouser une jeune laideronne et s’assura que leur nuit de noces se passe dans un ‘palais’ entièrement construit de seuls blocs de glace ! Le lit nuptial était aussi taillé dans un bloc de glaçon, mais l’histoire ne raconte pas si le couple a trouvé quelque flamme utile pour la circonstance, même si la laideronne sauvait clairement le couple en convainquant un soldat de garde de lui échanger son collier de perles contre un manteau de fourrure !)