Publicité

Les droits des femmes sont des droits humains (5)

14 novembre 2022, 09:02

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Les droits des femmes sont des droits humains (5)

Le droit au logement

Dans notre série d’articles, en préparation de la Journée internationale qui commémore l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme célébrée le 10 décembre prochain, nous abordons aujourd’hui un droit social majeur, celui de chacun à avoir un toit pour s’abriter. 

Il est important de noter que l’article 8 de la Constitution mauricienne concerne le droit à la propriété et les exceptions possibles pour toute expropriation (Compulsory Acquisition) si elle est indispensable. L’article 9 garantit la «protection for privacy of home and other property». Mais comme les droits économiques, sociaux et culturels ne figurent pas dans notre loi suprême, on peut en déduire que ces articles concernent surtout les gens aisés. Ils ne précisent pas que chaque citoyen a droit à un logement décent. Quid de celui qui vit dans un abri de fortune, y compris sur des terrains vagues qui appartiennent souvent à l’État ? 

Malheureusement, il y a eu des drames quand certains ont dû évacuer des State lands sans qu’on leur donne une solution valable, même temporaire. Pour bien comprendre cette situation, il faut remonter à l’époque de l’esclavage où le Code noir interdisait aux «personnes de couleur, aux noirs ou métis» de posséder un terrain. Au moment de leur affranchissement, ils ont eu le droit de devenir propriétaires, mais comme ils ont été abandonnés à leur sort, ils n’ont pas eu d’autre choix que de squatter les terrains de l’État. 

C’est comme si le temps s’était arrêté pour les descendants de ces esclaves, qui ont aujourd’hui encore les pires difficultés pour accéder à la propriété d’un terrain et d’une maison. Pourtant, on construit des logements sociaux depuis très longtemps, notamment après le passage des cyclones Alix et Carole en 1960. À cette époque, le gouvernement a créé la Central Housing Authority (CHA). Par la suite, la National Housing Development Company (NHDC) a remplacé la CHA. Plus de 100 000 logements sociaux ont été construits depuis les années 1960. Mais selon les chiffres disponibles, il reste aujourd’hui 20 000 familles à loger. Le Budget 2020-21 avait prévu Rs 12 milliard pour la construction de 12 000 maisons. Mais ce projet a pris du retard à cause des difficultés à trouver des terrains. Actuellement, 52 sites sont disponibles. La New Social Living Development Ltd (NSLD), filiale de la NHDC, a commencé à construire ces logements. Ceux qui y ont droit doivent payer environ Rs 700 000 à la NHDC sur une période de 35 ans. 

Dans le cadre d’un accord avec la NHDC, 10 % des logements sociaux construits dans chaque région sont mis à la disposition de la National Empowerment Foundation (NEF) pour ceux qui sont inscrits au Registre social. Ces bénéficiaires ne paient pas de dépôt, mais seulement 20 % du coût de la construction, estimé à un million de roupies. Les mensualités varient selon l’âge des bénéficiaires, leur capacité de remboursement, la composition de leur ménage et leur situation actuelle.

Malgré tout, il y a encore des familles démunies qui sont dans l’impossibilité d’acheter un logement. Il faut saluer le travail des ONG impliquées dans ce domaine. Certaines d’entre elles accompagnent les plus pauvres dans toutes les démarches nécessaires pour obtenir un logement. D’autres collectent des fonds pour aider des familles à payer les dépôts ou les remboursements indispensables. Pendant la période du Covid 19, on devine que de nombreuses familles vivant dans la précarité ne pouvaient pas respecter la distanciation indispensable. 

Ce qui est certain, c’est qu’un enfant qui grandit dans une bicoque, ne pourra pas s’épanouir, ni réussir à l’école. Il restera dans ce cercle vicieux et toute la négativité attachée à sa condition de pauvre: pas de logement décent, pas de repas équilibrés, pas de bonne santé et pas d’éducation réelle. Tous ces droits bafoués en même temps dans un pays qu’on présente aux étrangers comme un paradis et où ceux d’entre eux qui ont beaucoup d’argent peuvent acheter des demeures luxueuses dans des lieux privilégiés.