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Qui avait dit que Boolell protégeait Ramgoolam ?

31 août 2022, 10:00

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Après avoir été galvanisé, dimanche, par le succès de l’exercice de renouvellement de l’exécutif du Parti travailliste, le leader des Rouges a reçu une douche froide hier de la Cour suprême.

En soutenant les points d’appel du DPP, en partance, et qui contestait l’acquittement de Navin Ramgoolam, datant du 15 novembre 2019, devant la cour intermédiaire, dans l’affaire des coffres-forts saisis à Riverwalk, la justice vient prolonger les tracasseries judiciaires du challenger du Premier ministre.

Alors qu’il s’occupait avec frénésie de sa stratégie électorale, en essayant d’optimiser l’apport des nouveaux adhérents et l’expérience des anciens travaillistes, tout en balançant l’équation des tickets avec le MMM et le PMSD, Ramgoolam a dû freiner subitement son élan. «Je préfère consulter mes hommes de loi avant de me prononcer sur cette affaire», nous confiait hier soir un Navin Ramgoolam qui normalement ne prend de directives de personne…

Navin Ramgoolam a deux choix : 1) Allumer sa bougie rouge et recommencer à zéro un nouveau procès devant la cour intermédiaire sur un sujet qui fait polémique, et qui bloque le fonctionnement de son parti (les Rouges ont du mal à payer la facture de Navin Ramgoolam ou à réunir les Rs 5 millions nécessaires pour que Suren Dayal puisse saisir le Privy Council dans le sillage du rejet, par la même Cour suprême, de la pétition électorale au n°8 contre Pravind Jugnauth et ses deux colistiers, le 12 août).

2) Trouver lui aussi quelques millions pour aller au Privy Council. Qui pourra soit invalider le jugement d’hier de la Cour suprême (dans lequel cas, l’affaire tomberait, puisqu’en novembre 2019, la cour intermédiaire avait rayé les accusations contre Ramgoolam). Ou confirmer le jugement d’hier (ce qui signifierait que Ramgoolam aura à faire face à un nouveau procès devant la cour intermédiaire ; back to square one!)

Dans tous les cas de figure, en cas de la lenteur légendaire de la justice locale, Ramgoolam ne pourrait pas tourner la page des coffres-forts avant 2024, à moins que le Privy Council s’y penche de manière urgente, comme il pourrait aussi le faire dans le cas de la pétition de Suren Dayal, étant donné le rôle que campent l’actuel et l’ancien Premier ministre.

Dépêtrés légalement, mais pas forcément moralement, de l’affaire MedPoint en 2019, Pravind Jugnauth et son entourage n’ont pu éviter la série de scandales qui ont émaillé la suite de son parcours politique. Aujourd’hui, la pétition de Suren Dayal demeure néanmoins une épée de Damoclès tant que le Privy Council n’aura pas tranché.

Quant à Navin Ramgoolam, il sait fort bien que le financement politique ou le rapport des dirigeants politiques avec l’argent a toujours été quelque peu problématique. Le gros des électeurs estime que le financement politique rimera toujours avec corruption publique car les maigres cotisations des adhérents d’un parti ne suffisent aucunement pour financer des élections générales. Et comme l’État, malgré toutes ses promesses et agitations, n’a toujours pas mis en place un mode de financement politique, il faut soit puiser des deniers publics ou soit ramasser des Bank Cheques du secteur privé, pour dresser des bases électorales et polluer les ronds-points avec des oriflammes et du vulgaire plastique, comme le fait le MSM actuellement avec ses meetings-congrès.

Il nous faut reconnaître que, parmi les principaux propriétaires de partis politiques, seul sir Anerood Jugnauth avait publiquement reconnu avoir reçu des sommes astronomiques du secteur privé ; sommes qui dépassaient les besoins de son parti. D’où l’érection du Sun Trust Building – qui a par la suite bénéficié des largesses des ministères qui y ont pris leurs quartiers à différentes périodes. Son fils, Pravind Jugnauth, l’héritier du trône, ancien boursier de l’État en 1984, ensuite conseiller juridique de la State Bank, de la Mauritius Commercial Bank et de la Delphis Bank, se présente aujourd’hui comme un parangon de vertu et de droiture (surtout par rapport à Navin Ramgoolam). Aujourd’hui, celui qu’il voulait mettre sous bol, à travers le Prosecution Commission Bill, notamment Me Satyajit Boolell, est venu, indirectement, lui faire un cadeau inespéré avant qu’il ne passe le relais, normalement, à Me Rashid Ahmine. Qui avait dit que Boolell protégeait Ramgoolam au bureau du DPP ?