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Alerte ! Danger !

5 juin 2022, 09:07

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Alerte ! Danger !

- Un cheval était attaché à un arbre. 

- Le démon est venu et l’a relâché. 

- Le cheval est entré dans le jardin du paysan voisin et a commencé à tout manger. 

- La femme du propriétaire du potager, quand elle a vu ça, a pris un fusil et a tué le cheval. 

- Le propriétaire du cheval a vu le cheval mort, il s’est mis en colère, a aussi pris son fusil et a tiré sur la femme du paysan. 

- En rentrant à la maison, le paysan a trouvé sa femme morte et a tué le propriétaire du cheval. 

- Les enfants du propriétaire du cheval, en voyant leur père mort, ont brûlé la ferme du paysan. 

- Le paysan, en représailles, les a tous tués. 

- On a demandé au démon ce qu’il avait fait, et il a répondu : «Je n’ai rien fait de mal. J’ai juste libéré le pauvre cheval qui avait faim.» 

Le diable fait des choses simples... parce qu›il sait qu’avec la COLÈRE dans le coeur, la méchanceté et la malveillance font le reste. Cependant, dans l’histoire cidessus, il est clair que rien d’autre n’aurait dérapé par la suite si le cheval n’avait pas eu faim au départ. Et c’est bien pour cela que la situation actuelle du pays m’inquiète… 

La conjoncture est loin d’être favorable. Avec l’inflation, on a faim dans de nombreux foyers quand on ne peut plus se payer autant qu’auparavant. On peut, parfois même, être forcé de manger moins, mais la faim n’est pas toujours que littérale. On peut évidemment prendre sa dose quotidienne de calories, mais manger «meilleur marché», moins goûté et avoir seulement faim de ce qui était gustativement (*) plus satisfaisant avant la montée des prix ! La pandémie et ses restrictions a souvent voulu dire que l’on avait faim de retrouver des rassemblements, des mariages, des fêtes de plus de 50 personnes ainsi qu’un monde sans masque. Certains peuvent avoir faim de vacances, d’autres de courses hippiques, mais on peut aussi avoir faim de justice face à l’arbitraire, faim de punition pour des policiers sadiques, faim de voir publier le rapport sur les dialysés de Souillac, faim que l’on raconte enfin une histoire cohérente sur Agalega, faim de connaître la conclusion des enquêtes de l’ICAC sur le Molnupiravir ou Angus Road ou faim que cessent le tribalisme et le népotisme qui mènent aux iniquités qui démotivent la nation et engendrent l’expatriation. On peut aussi avoir très faim que cesse la honte ressentie plus souvent ces jours-ci dans ce pays, face aux mensonges de ses politiciens, ses toilettes publiques puantes, sa petitesse d’esprit, ses inefficiences, sa bureaucratie, son incapacité à chérir et respecter la nature, sa mesquinerie vengeresse, son système éducatif qui laisse à désirer, ses gaspillages éhontés, sa télévision propagandiste… 

Et tous ces chevaux ont bien été lâchés, d’une manière ou d’une autre ces dernières années ! Ce qui produit du stress, rend les cervelles plus facilement inflammables et fait qu’il est d’autant plus nécessaire de toujours bien réfléchir avant de poser toute parole ou tout acte. Car l’enclenchement de spirales irréversibles, alimentées d’insultes, déguisées ou pas, d’amalgames injustes, de stéréotypes immérités ou, pire, de vengeance et de violence ne peut qu’empirer la donne. Comme le feraient nos souhaits de faire le mal à d'autres personnes; de vouloir rendre le mal par le mal ; de vouloir se faire justice soi-même, de blâmer les autres, surtout à tort. 

C’est dans ce contexte que nos leaders ont le rôle ultime de calmer le jeu, de donner des gages de leur bonne foi et de s’assurer que l’huile n’aille pas sur le feu qui couve, mais plutôt dans les rouages grippés ! Faire référence aux partisans de Kaya quand éclatent des débuts d’émeute contre la montée des prix, faire référence à «l’esprit 1800» au détour de ce qui s’apparente à une expropriation en bonne et due forme, est un jeu peut être tentant quand les caisses sont vides et que l’on ne peut plus distribuer des bonbons calmants et populistes, mais c’est effrayant dans ce que cela peut enfanter. 

On aurait intérêt à enlever la casserole du feu. 

Car les chevaux ont faim ! 

*** 

La décision de COIREC de partager les 40 journées de courses entre deux organisateurs relève du délire. 40 journées ne suffisaient pas jusqu’ici à l’organisateur historique. Avec 20 journées, ça deviendra possible ? À moins que People’s Turf Club soit plus que deux fois plus efficient… 

*** 

La torture, même en temps de guerre, est inacceptable. Or, nous ne sommes pas en guerre à Maurice que je sache, à moins que l’on ne soit en guerre contre une partie de son propre peuple. Cet acte barbare et rétrograde qu’est la torture fait, en plus, bien peur pour toutes ses conséquences possibles ! 

En effet, des limiers de la CID de Terre-Rouge ou d’ailleurs, qui, devant une absence d’indices, d’enquêtes diligentées, patientes et finalement de preuves irréfutables, privilégient le raccourci de la torture pour obtenir des «aveux», courent le risque évident d’obtenir des confessions qui ne tiendront jamais la route, mais qui, sous le couvert d’une provisional charge peuvent longtemps garder quelqu’un en prison ! Alors qu’il est peut-être totalement innocent… 

David Jolicoeur, par exemple, est en prison sous une charge provisoire depuis décembre 2018 ! Cela fait donc plus de 1 200 nuits passées en prison pour un meurtre qu’il dit n’avoir jamais commis ! Si c’est lui le coupable, comment se fait-il que la police n’ait rien pu ajouter de plus à son dossier depuis sa ‘confession’, il y a trois ans et demi, pour suffisamment ficeler son cas et affronter un magistrat, qu’il faut pourtant seulement convaincre «beyond reasonable doubt» ? Les empreintes, les tests ADN, les témoignages, ne sont toujours pas encore suffisamment rassemblés après trois ans et demi ? C’est loin d’être raisonnable… 

Et s’il est innocent, vous imaginez le gâchis ? L’injustice ? L’impardonnable ? Et qui payerait alors pour ce temps passé à l’ombre de sa vie, après un long procès en dommages ? Le contribuable ? 

COMBIEN sont-ils, comme ça, en prison pour des périodes déraisonnablement longues, sur les seuls dires non vérifiés de quelqu’un ou sur la seule base d’une «confession» ? Ils sont nombreux ! Quelqu’un, resté anonyme parce qu’il craint les policiers «bien puissants», m’avait même suggéré qu’ils sont plus nombreux que ceux qui ont déjà été condamnés par une cour de justice. Je ne l’ai pas cru jusqu’à jeudi quand l’express publiait les Prison and Detention Statistics de 2020. Si 44 % des emprisonnés sont condamnés, 56 % sont «on remand and waiting trial». C’est dire ! David Jolicoeur faisait partie de ces 56 %. Il y est toujours… 

Clairement, tous les policiers ne sont pas des salauds et ils sont même nombreux à être efficaces et affables. Cependant, le travail de ceux-ci ne doit pas être dévoyé par les incartades tolérées des autres, en dehors des balises de la raison et des droits humains les plus basiques, sauf si cette police aspire à ne plus être respectée ou souhaite vraiment évoluer vers le tonton-macoutisme comme mode d’opération. 

L’argument que la torture et la violence constituent la seule façon de traiter les «grands bandits» ne tient pas car notre État de droit donne la responsabilité de décider qui est ‘grand bandit’ à la magistrature, PAS au policier. 

Je vous l’avoue dès aujourd’hui : si on me faisait ce que l’on a fait à ces trois gars que j’ai vus dans des vidéos, j’avouerais n’importe quoi, y compris le meurtre de ma belle-mère (que je chéris et qui n’est pas morte !). Si la hiérarchie de la police et notre bon ministre de l’Intérieur veulent vraiment se rendre compte des dangers des méthodes policières basées sur des provisional charges et la torture, ils devraient personnellement s’y soumettre et s’y essayer ! J’affirme qu’ils avoueraient aussi n’importe quoi, y compris leurs méfaits les plus personnels… 

Au-delà des sanctions exemplaires contre les policiers immatures et sadiques et contre ceux qui ont approuvé leurs méthodes ou qui savaient mais qui n’ont rien fait ; il faut, au moins, immédiatement proscrire la torture, mettre un délai maximum sur le temps passé en détention sous une provisional charge (une semaine maximum ?) et faire instamment voter le Police and Criminal Evidence Bill qui était supposé réformer le dévergondage des provisional charges, mais qui est , lui aussi , dans une prison quelconque depuis… 2013 . VOUS AVEZ BIEN LU ? Depuis 2013 ! 

Sinon, face une telle abdication devant leurs responsabilités – ministres de l’Intérieur et de la Justice en tête – il ne resterait à bien voir que la DÉMISSION comme voie de dignité !


(*) Ce mot n’est pas dans le dictionnaire. Il aurait dû l’être…