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Du calme ! Du calme !

14 novembre 2021, 10:29

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Un camion-citerne transportant de l’essence tentait de rebrousser chemin à Freetown, au Sierra Leone, vers 22 heures, le vendredi 5 novembre. Mal lui en a pris car il heurte alors un camion de sable, est immobilisé et commence à fuiter de l’essence. Les motocyclistes et les chauffeurs de taxi, se passant rapidement le mot, tentent alors, frénétiquement, de récolter un peu du précieux liquide, soudain ‘gratuit’, qui coûte tellement cher et qui est si nécessaire. Feu. Explosion. 98 morts. 

Ce qui est frappant, en allant sur Google, c’est de constater que cet incident est loin d’être unique ! Au Niger en mai 2019, autre camion-citerne, autre frénésie de ‘profiter’ de l’essence répandue. Feu. Explosion. 100 morts. Au Nigeria, auprès du port de Harcourt, en juillet 2012, encore un camion-citerne qui se renverse, la même ruée frénétique vers le gratuit. Feu. Explosion. «Plus de 100 morts», nous disait alors France 24. 

Réflexions. Si l’essence valait moins cher, la ruée frénétique vers le ‘gratuit’ éventuellement mortel aurait-il eu moins de chances de se concrétiser ? Un camion-citerne qui se renverserait à Lyon ou à Madrid, ça ferait plutôt fuir les gens que de les attirer : la pauvreté force donc à prendre des risques anormaux ? Des voitures et des motocyclettes électriques auraient aidé à éviter ces situations ! Du calme ! Du calme ! Comment réconcilier tout ça ? 

D’autant qu’une essence moins chère ou des véhicules électriques, cela ne convient pas à l’État non plus ! Au Nigeria, le secteur pétrolier c’est 9 % du PIB et 80 % des exportations ! À Maurice, ce sont Rs 4 milliards de revenus au budget. Ce sont pourtant les gouvernements qui prendront des décisions en notre nom à Glasgow et les nouvelles provenant de là-bas pour les SIDS ne semblent pas vouloir pousser dans la bonne direction… Les producteurs de pétrole ne veulent pas être en ligne de mire. Ni les quatre principaux consommateurs de charbon. Ceux qui ont, par ailleurs, le pognon se la joue un peu chiche. 

À quand le prochain camion-citerne ou le pipeline qui flambe ? 

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Une étude scientifique de l’université de l’État du Maine et de celle de Penn State, aux États-Unis, est arrivé à la conclusion, début novembre, que 80 % des troupeaux de cerfs de l’Iowa sont atteints du Covid-19 et qu’ils se le transmettent allègrement entre eux. La crainte des biologistes est que ces cervidés (les white-tailed) ne soient un réservoir duquel des mutations plus dangereuses peuvent se produire et être transmises… à l’humain. Du calme ! Du calme ! Car le commentaire «autorisé», à ce stade, est qu’il «semble» que les risques de transmission du virus à l’homme soient «peu élevés». Le département qui s’occupe des parcs et de la nature recommande néanmoins aux chasseurs d’utiliser des gants pour éviscérer un animal tué et surtout de ne pas nourrir les cerfs, ce qui les regroupent et facilite ainsi la transmission du virus… 

Alala ! Distanciation physique pour eux aussi… À quand le test PCR pour les feedlots à Maurice ? 

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Ce qui se passe à la frontière de la biélorussie avec la Pologne est à peine croyable ! (La lettre minuscule utilisée pour désigner la biélorussie de lukashenko se mérite !) 

L’Union européenne (UE) accuse désormais la biélorussie d’avoir organisé une campagne délibérée pour faire venir des réfugiés de Syrie, d’Iraq et d’ailleurs, sous un visa ‘touriste’ pour les rediriger ensuite vers les frontières européennes de la Pologne, de la Lettonie et de la Lituanie. Ce serait, là, une tentative délibérée de renvoyer l’ascenseur à l’Europe pour ses décisions punitives à l’encontre de lukashenko, le dictateur biélorusse accusé d’avoir truandé les dernières élections présidentielles d’août 2020. L’UE accuse même la biélorussie de «guerre hybride» et l’OTAN et la Russie s’y trouvent déjà mêlés, cette dernière ayant même fait voler deux bombardiers nucléarisés à la frontière biélorusse, en guise de soutien à son allié. Le président du conseil européen, Charles Michel, parle de «militarisation de la détresse des immigrants de manière cynique et choquante» et de nouvelles sanctions sont promises contre la bande à lukashenko. Ce dernier, indirectement, n’a pas hésité à menacer la Pologne et l’Allemagne de couper leur alimentation en gaz si cela se passait, ce qui a mené au commentaire cinglant du représentant russe aux Nations Unies que l’UE démontrait ainsi ses inclinaisons masochistes ! 

Du calme ! Du calme ! Puisque ça sent déjà le roussi ! 

Et la profondeur du cynisme humain qui ne cessera jamais d’étonner… D’ailleurs, l’Europe n’est-elle pas sa propre victime ? lukashenko n’a-t-il pas noté que l’UE paie des pays pour garder des émigrants chez eux ? Il y a peut-être une facture à présenter ? 

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Mardi, au Parlement, le leader de l’opposition questionne le ministre de la Santé sur le Covid. On apprendra que pendant les deux semaines du 25 octobre au 7 novembre, il y a eu 32 593 tests PCR (dont 14 840 à l’aéroport) et 42 001 tests rapides antigéniques (RAT). Ces tests révélaient 1 538 cas positifs PCR et 13 698 cas positifs RAT. En termes de pourcentage, cela voudrait dire que le taux de contamination détecté par PCR est de 0,047 % alors qu’il est de 32,6 % pour le RAT ? 

Il y a quelque chose qui cloche… 

Une explication partielle est que les 14 840 tests PCR de l’aéroport devraient être considérés séparément puisque l’on teste là des voyageurs doublement vaccinés, ayant, par ailleurs, fait un test PCR négatif quatre jours avant de prendre l’avion. D’ailleurs, le gouvernement confirme à quel point l’échantillon de l’aéroport est «biaisé» ; seuls quatre cas positifs ayant été détectés sur 34 579 touristes arrivés du 1er au 21 octobre… 

Mettons de côté les 14 840 tests de l’aéroport et extrapolons en enlevant deux cas positifs. Cela laisse un échantillon de 17 753 tests PCR détectant 1 536 cas de Covid, soit 8,7 %, ce qui est encore loin, TRÈS loin des 32,6 % des tests RAT ! 

Comment expliquer ? False positives du RAT ? Ou, plutôt, un échantillon RAT biaisé, puisque ces tests se font sur des patients qui viennent à l’hôpital régional ou à la flu clinic avec des symptômes préalables ? On ne pourra pas mieux préciser jusqu’à ce que l’on nous dise si les tests PCR du laboratoire central (échantillon de 4 410) ont un taux positif nettement plus fort que celui enregistré dans les cliniques privées. 

De toute manière, il est clair que l’on ne teste plus «au hasard» (randomly) et que connaître le pourcentage d’infection de la population en général n’est plus possible. En fait, on ne teste plus que des poches très particulières et biaisées de population… 

Mais l’étonnant de cette session, c’est quand le leader de l’opposition, peut-être encouragé d’avoir marqué des points faciles avec sa remarque que «the more that you vaccinate, the more there are people dying», s’expose alors à affirmer que 22 personnes doublement vaccinées sur 42 morts, cela fait, citons le Hansard, «a 52 % rate of death of vaccinated people» et que le ministre de la Santé, qui avait là une occasion en or pour répliquer, bafouille sa réponse en parlant de comorbidités et notamment des 20 % de diabétiques du pays ! 

Si un expert-comptable et un médecin ne peuvent faire la différence entre «the % of dead who were vaccinated» (52 %) et «the % of vaccinated people who died» (22/870 000 = 0.0025 %), nous avons un réel problème… D’autant que c’est un peu plus compliqué que cela, car il faut aussi tenir compte de la période sur laquelle les comptes sont faits (les chiffres cités par XLD pour le Royaume-Uni ou l’Italie sont-ils pour deux ou pour 52 semaines ?) et de la taille de l’échantillon. 

Le leader de l’opposition paraissait être sur un terrain nettement moins marécageux en citant deux pays, Qatar et EAU, dont le taux de diabétiques n’est pas loin du nôtre et où le taux de mortalité est faible, comme le nôtre : Worldometer nous classant comme 155e mondial avec 240 morts. On serait 112e mondial si notre mortalité était 3 fois plus élevée…. 

Du calme ! Du calme ! De la raison ! Pas de panique ! 

Gestes barrières, discipline, vaccins de rappel, pour sûr, mais il reste aussi 30 % de la population sans vaccin et ils n’ont pas tous moins de 13 ans… 

Les mandats pour les ramener à la raison ?