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Changements à l’horizon

29 septembre 2021, 09:10

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Un des plus gros changements qui nous guette à l’horizon, c’est, évidemment, d’ouvrir notre aéroport au reste du monde de manière complète le 1er octobre prochain ! C’était nécessaire et il était temps, le pays étant arrivé à l’extrême limite de ce qui était supportable en termes de soutien économique artificiel. En effet, tenir un secteur de qui dépendent 125 000 emplois et un fort pourcentage du PIB (15 % avec l’activité indirecte ? Plus ?), sous respiration artificielle pendant 18 mois, grâce à la MIC, au WAS et à la considération des banquiers, c’était devenu tout bonnement insoutenable. 

La santé « à tout prix» a quand même ses limites, bien sûr…

Ce qu’il faut aussi en retenir, c’est qu’à cause des coûts accumulés pour le pays, nous aurions peut-être mieux fait d’ouvrir en septembre dernier ; qu’il n’y a désormais quasiment aucun scénario pandémique où le gouvernement peut considérer fermer les frontières à nouveau ou imposer un lockdown, tellement nous sommes déjà fragilisés économiquement ; qu’il devient donc d’autant plus important de surveiller et d’appliquer tous nos protocoles sanitaires avec minutie et discipline et qu’il est probablement encore plus nécessaire de continuer à vacciner, soit régulièrement pour s’assurer que l’immunité des citoyens ne baisse pas, soit encore les réfractaires qui, répétonsle, mettent leurs concitoyens en danger par leur attitude, souvent primaire et injustifiable. 

Et je n’ose même pas évoquer le fait que le pays est maintenant tellement étiré (stretched) qu’il n’est tout bonnement plus en mesure de faire face à une nouvelle pandémie, à un nouveau virus contagieux qui exploserait… Nos cartouches sont épuisées. Constatons finalement que le Covid-19 a tellement impacté, que c’est maintenant l’acte de recevoir des touristes qui est un «changement» par rapport à la norme établie depuis 18 mois. Qui l’eut cru !

Notre environnement naturel reste quasiment le même et reste (pollution stupide exceptée) intrinsèquement beau, mais l’environnement du bâti est déjà transformé et le sera encore plus au cours des années à venir, à ce que l’on entend. Partout où l’on regarde, le paysage est recomposé, pas toujours pour le meilleur malheureusement, ni visuellement, ni encore économiquement. Mais le vin a été tiré et il faudra le boire maintenant, même si c’est jusqu’à la lie. 

Ce sera dans une coupe en béton armé qui nous rappellera le ministre Modun… 

Le plus irritant sans doute, ce sont les dépenses matérielles sans ‘retour’ évident. Les Rs 18 milliards de Safe City sont indubitablement de cette catégorie-là. Le complexe sportif de Côte-d’Or, s’il est esthétiquement bien plus racoleur, peut le rejoindre avec ses Rs 5 milliards peu «utiles». Y greffer une tour de 50 étages avec l’étiquette illusoire de World Trade Center, vous croyez que c’est plus malin ? Si une industrie du médicament bien gérée ou un «hub» de Data/IA s’y développe effectivement autour, nous applaudirons tous, mais on peut rester sceptique à ce stade. Car il faut bien plus que quelques paragraphes dans des Budget speeches pour décider des investisseurs, et la matrice positive qui incite à investir n’y est pas pour le moment. Le score de Ease of doing business (discontinué depuis peu…), c’était utile pour la théorie, mais en pratique… Rs 11,7 milliards de nouveaux drains ne seront heureusement pas très visibles et s’ils font vraiment leur boulot, ces drains éviteront aux citoyens qui auront construit là où il ne fallait pas, des centaines de matelas moisis et de meubles mdf gonflés et éventrés. Un bon investissement si vraiment bien fait, une fois pour toutes ! Rs 12 milliards vont irriguer la construction de 12 000 maisons que l’on espère agréables, spacieuses, bien aérées, bien conditionnées dans des lotissements verdoyants et séduisants. Ça vous paraît crédible même à Rs 2 500 le pied carré ?

Les travaux routiers vont certainement aider les automobilistes, même si le risque est que l’on aura surtout aidé à déplacer le «bouchon» ailleurs. Le «bouchon» de Phoenix est en train de disparaître. Ce n’est pas à négliger ! Il y a même des signes que l’on va planter du gazon ! Mais le défi sera alors le contraste avec ce qui reste. L’accès vers Flic-en-Flac, par exemple, se fera-t-il toujours à moins de 60 km/h en file indienne derrière un camion poussif ? La rue Ambrose sera-t-elle enfin asphaltée comme il se doit ? L’avenue Black Rock à Tamarin va plus ressembler à un toboggan qu’à une route jusqu’à quand ? Le métro ajoute certes une alternative élégante par rapport à l’autobus et il ne fume pas, mais quand on publiera les coûts opérationnels réguliers, y compris après l’extension vers Curepipe et Réduit, conclurons-nous à une belle chenille efficiente ou à un éléphant blanc ? 

La gare Victoria, remise à neuf avec le secteur privé, était un must et promet beaucoup de dynamiser un centre nerveux de Port-Louis qui tombait en décrépitude. Les vieux bâtiments en pierre dûment requinqués (ils serviront à quoi ? à qui ?), avec leurs nouveaux volets coquettement peints en blanc sont-ils capables aussi, à eux seuls, de doper positivement ceux qui iront désormais travailler à Port-Louis ? Le plus propre à l’entrée sud de Port-Louis aidera-t-il à engendrer plus de propreté dans nos moeurs ? Y compris au Parlement et au Central Procurement Board ?

De grands espoirs se fondent sur l’immobilier, en général, mais à voir, de loin, on peut postuler que nous avons déjà bien trop de bureaux (surtout depuis la découverte du work from home), de flats, de morcellements, de Smart cities et de Malls et que si nous ne faisons pas le nécessaire pour accueillir bien plus d’expatriés qu’actuellement, nous aurons bien des pieds carrés «fantômes» entre les pattes. En parlant de quoi il faudra bientôt remercier la compagnie Gamma d’avoir, à St-Jean, remplacé un bâtiment de 4 étages abandonné en cours de construction, par un bâtiment au moins plus présentable ! 

Notre nouvel environnement comprendra aussi un dollar non plus à Rs 39,50, mais à au moins Rs 42, un euro à non plus Rs 47,50, mais à Rs 50, et un sterling dopé de Rs 54 à Rs 58. La dette nationale tutoiera les 100 % du PIB. Si les objectifs du Budget sont atteints, 60 % de l’énergie consommée par le pays sera, avant 2030, générée par du «renouvelable» et le charbon aura disparu comme combustible. Espérons qu’on y travaille ! Il ne reste que 9 ans… Outre la biomasse, le solaire, l’éolienne, les vagues, a-t-on établi que le géothermal n’est pas viable ? Le déficit de la balance commerciale va sûrement perdurer, sauf s’il y avait un grand bond en avant dans la productivité nationale. 

Le futur, nous dit-on, est dans nos «piliers» actuels, la pharmaceutique, le Data, l’économie verte et l’économie bleue, entre autres. Pour le moment, l’économie paraît être plutôt orange…

 

L'édito paru cette semaine dans Business Magazine