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Et Ramgoolam qui rit…

7 mars 2021, 15:01

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La cassure de la plateforme du PTr-MMM-PMSD, la démission de Boolell, suivie d’une série d’autres claquements de porte de la part des élus rouges (whip, Gender Caucus, etc.) au niveau du Parlement, et la nomination d’un nouveau leader de l’opposition en la personne de Xavier-Luc Duval donnent encore une fois raison à l’adage «one week is a long time in politics».

En décidant, avec le PMSD et le Reform Party, de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, y compris à l’intérieur du PTr – que Ramgoolam ne devrait pas se présenter au poste de Premier ministre –, Bérenger ne s’attendait pas à ce que le leader des Rouges saisisse cette occasion inespérée pour provoquer un jeu de rapport de forces.

Voilà donc le leader des Travaillistes qui remporte plusieurs manches : (i) Il démontre que c’est lui le véritable chef en provoquant une démission de Boolell qui perd ainsi un rôle de challenger au poste de Premier ministre, pour devenir un dommage collatéral dans un duel Ramgoolam-Bérenger. (ii) Il provoque la sympathie de ses partisans qui viennent à la rescousse de leur leader (victime à leurs yeux de Bérenger dont la déclaration est vue comme une ingérence dans les affaires internes du PTr). (iii) Il donne du sérum aux Ramgoolamistes, plus nombreux que les Travaillistes au sein de l’État-major rouge. Au fond, le leader du PTr, qui rit à nouveau, a juste illustré concrètement ce qu’il répète depuis plusieurs mois : «Pa pous mwa, sinon mo pa pou ale. Mo natir koum sa (...)»

Et à bien y voir, ce qui se passe aujourd’hui était visible en pointillé depuis quelques mois quand d’un côté, on assistait à des tirs croisés lointains entre Ramgoolam qui ne ratait pas une occasion pour faire comprendre qu’il restait à la tête de son parti et Bérenger qui, tout en affirmant que le MMM ne s’immiscera pas dans les affaires internes des Rouges, affirmait que les Mauves auront leur mot à dire sur le choix d’un prochain candidat au poste de Premier ministre. Sans oublier l’agacement de Ramgoolam quand le chef des Mauves s’amusait à rappeler qu’une entente au niveau du Parlement existait déjà entre les leaders MMM, PMSD et Boolell, avant la création de la plateforme de l’opposition !

Est-ce que Bérenger et Duval ont compris tardivement que cette plateforme, dont l’objectif était d’aller ensemble aux municipales, donnait à Ramgoolam le crédit qu’il recherchait pour se porter candidat au fauteuil de Premier ministre ?

Toujours est-il que tous ces remous dégoûtants auxquels on nous force à assister prouvent à quel point la politique pratiquée par l’opposition traditionnelle ne vaut pas mieux que celle du gouvernement ! Une manière de faire abjecte et qui, pourtant, a toujours des émules, à l’exemple de Bruneau Laurette dont la déclaration a eu l’effet d’une immense déception, tant il incarnait le renouveau et l’espoir d’une force  collective citoyenne. En affirmant que son nouveau parti politique – qu’il créera bientôt – ira à la conquête des électorats MMM et PMSD, Laurette nous remet dans un bassin communautaire indigne et condamnable. 

Mais là où ce dernier fait clairement le jeu de nos politiciens, c’est quand il affirme qu’il préfère Boolell (qui n’a plus de chance désormais face à Ramgoolam) à Bodha. Est-ce que son parti sera créé pour devenir la béquille du PTr ? Est-ce que nous assistons à l’émergence de deux blocs dans l’opposition ? Avec d’un côté une alliance MMM-PMSD-Reform Party et Bodha, et de l’autre la création d’un axe PTr-Laurette ? Allez savoir !

Doit-on souligner que toutes ces distractions inutiles ne font que profiter à Pravind Jugnauth qui, sans rien demander, peut respirer tranquillement ? À moins que les nouveaux cas de Covid-19 viennent troubler le répit que lui permet une opposition bêtement dispersée !