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Distractions et notation

6 mars 2021, 07:09

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Distractions et notation

L’implosion de l’opposition parlementaire, au lieu de sa consolidation post-marche citoyenne du 13 février, détourne ces derniers jours l’attention des enjeux économiques. Elle permet aussi au gouvernement de souffler un peu, de regarder et critiquer ailleurs, avant la fausse trêve politique, dans le sillage de Maha Shivaratree, et avant la réouverture de l’Assemblée nationale. 

“Mauritius retains its investment grade status in the latest sovereign rating assessment conducted by Moody’s which reviewed the rating from Baa1 to Baa2”, met en exergue le communiqué de la Banque centrale, émis hier. L’objectif de ce communiqué est clairement de minimiser le «Downgrade» de notre pays par la célèbre agence de notation financière avec une perspective négative («Negative Outlook)», en attribuant cela aux effets de la pandémie, «qui n’impactent pas uniquement Maurice». 

Au-delà de l’exercice de com, il y a des problèmes de fond que l’on cache sous le tapis démagogique. Le rapport de Moody’s tire la sonnette d’alarme, mais on préfère regarder à côté. Où est le plan d’assainissement budgétaire ? Va-t-on continuer à demander à la Banque centrale de faire fonctionner la planche à billets ? Quels sont le niveau et la définition de la dette (gross debt versus net debt) ? 

Le rapport des agences comme Moody’s (qui ont une vision macro et qui notent une centaine de pays émetteurs de dettes souveraines) souligne que la base monétaire et la capacité à veiller à la stabilité des prix sont des clignotants à surveiller de très près. C’est comme du lait sur le feu. 

Si on ne souhaite pas un autre déclassement à Baa3, qui serait le dernier cran avant de passer au ‘non investment grade’, on se doit de jouer la carte de la transparence, avec la communauté internationale. Les discours politiques qui rassurent peuvent endormir les auditeurs de la MBC et de ses semblables, mais ne vont pas impressionner les experts, qui suivent de près la trajectoire de la dette mauricienne (même si le ministre des Finances a cru «casser un grand paquet» en crevant le plafond de la dette afin d’avoir les mains libres). Ces experts internationaux sont bien renseignés et lisent autre chose que ce que mettent en avant les agences gouvernementales, qui sont peuplées par des fidèles du parti au pouvoir. 

C’est d’ailleurs en se basant sur une méthodologie et une recherche indépendantes que les experts du GAFI et de l’Union européenne nous ont respectivement placé sur des listes grise et noire, et certainement pas en écoutant Pravind Jugnauth et Mahen Seeruttun, encore moins la Financial Services Authority, pour qui tout va toujours pour le mieux… n’en déplaisent, disent-ils, aux écrits et mises en garde «anti-patriotiques», comme, selon eux, ceux de l’express. 

Le seul point positif dans le rapport de Moody’s est par rapport à la relative stabilité sociale et politique de Maurice. Si on perd cela, alors cela va aller de mal en pis pour nous tous… pour l’opposition implosée, comme le gouvernement exposé…