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Quand le kreol est enfin intronisé au Parlement

31 octobre 2020, 08:14

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Après les élections de 2031 - suivant celles anticipées de 2021 et celles à terme de 2026 - le gouvernement issu de la victoire du Muvma Vre Morisien (MVM) a décidé d’instaurer l’usage du kreol au Parlement avec l’acceptation de quelques expressions et termes en bhojpuri mais l’interdiction formelle de l’anglais et du français. 

À noter que depuis 2022, suivant la débâcle économique du Covid-19, Maurice avait commencé à dépendre exclusivement de la location que les Américains ont commencé à payer pour Diego Garcia. La Chine s’étant installée à Agalega après l’éviction des Indiens nullement généreux récompensa elle aussi notre pays. 

Maurice, La Réunion, Madagascar et les Seychelles, devenus les plus gros exportateurs de cannabis médical dans le monde, en raison de la qualité du produit résultant du climat particulier de cette partie du monde, l’île du dodo avait cessé de travailler depuis, quelque 400 000 Bangladeshis faisant rouler le pays. Après les élections de 2031, suivant d’amples discussions sur l’introduction définitive du kreol au bâtiment du tempo, on a maintenu le nom de Parlman pour la première institution du pays. Pourtant, le professeur Amédée Karpooragowram, responsable de la Fakilte Kreol à Liniversite Moris, a insisté auprès du gouvernement nouvellement élu pour qu’on appelle plutôt Lakaz-kozkoze cette instance suprême. 

De vives discussions aussi autour du titre à être donné à celui qui préside les travaux du Parlement. La proposition de ‘sef-kozé’ faite par le Dr Karpooragowram n’a pas été retenue, le gouvernement préférant l’héritage anglais ‘ispiker’ facilement prononçable en kreol. Le comité chargé de tout changer au Parlement buta aussi sur la version kreol des Standing Orders. Des propositions ne manquèrent pas : lord dibout, kod dissiplinn mais finalement on opta pour ‘regleman’. 

On discuta longuement aussi sur les termes à être utilisés par l’ispiker dans sa tâche d’assurer le bon déroulement des travaux et imposer de la discipline chez les parlementaires. L’expression ‘I order you out’ fut la plus facilement traduite en ‘mo bour ou deor’. En effet, depuis août 2020 quand celui qui est Premier ministre depuis 2026 - il s’agit de Bruneau Laurette - avait lancé son mouvement citoyen, l’expression ‘bour li deor’ entra dans les moeurs mauriciennes, même chez les bourgeois. Au départ, on proposa ‘mo bour twa deor’ mais à sa grande majorité, le select committee chargé de kreoliser le Parlement décida fermement de ne pas autoriser l’utilisation du ‘twa’ dans les échanges car le tutoiement pourrait envenimer les relations et donner lieu à des incidents. Le Speaker devrait systématiquement rappeler à l’ordre tout dérapage verbal sur ce point. 

On buta sur le terme ‘order ! order !’ qu’utilise le Speaker quand des dérapages se produisent. On estima que ‘lord ! lord !’ semblait rigolo mais le professeur Karpooragowram vint avec une proposition brillante : ‘Mett serye bann mamm’. 

Le comité étudia aussi la traduction des mots jugés unparliamentary dans la tradition anglaise et arrêta une liste de mots kreol y compris ceux d’origine bhojpuri à bannir. Ainsi, il serait interdit d’utiliser les termes bachara, bagas, bechwa, bhanrwa, bobok, burik, chamcha, chouchoundar, dogla, jati-bechwa, jhant, koson, laand, nachannya, nwar-cholo, nwar-fam, nwar-touni, randi, sala ke nati, teter-kelo, toutounn, toutouk, vander-fam, zako. Et aussi les obscénités normalement utilisées par lepep quand déchainé comme p[…], g[…]. 

La maman, de toutes les obscénités, reste dans le parler mauricien l’allusion à ‘mama’ en kreol ou ‘maa’ en bhojpuri. Toute remarque avec allusion à ‘to mama’ en kreol ou ‘tor maa ke’ (ta maman) en bhojpuri sera sévèrement sanctionnée. Heureusement que la technologie va grandement faciliter la tâche du Speaker. En effet, la faculté des technologies de l’information et de la communication de liniversite moris travaillant en étroite collaboration avec celle du kreol a mis au point un logiciel à être utilisé dans le système d’enregistrement de son et d’image au Parlement. Ce software sera capable de façon infaillible d’identifier tout parlementaire utilisant des termes proscrits ou des obscénités même à voix très basse. Un système de VAR (video assistant referee) comme utilisé au football permettra au Speaker d’identifier tout parlementaire ne respectant pas les règles. 

Le comité rencontra moins de complications avec d’autres aspects de la vie parlementaire sous régime créole. Question parlementaire, motion, tout cela passa comme une lettre à la poste. Bill devient proze lalwa ; act, lalwa-la. First reading, second reading et committee stage furent traduits en premie deba, deba en profonder et discute an detay. 

Quelqu’un de la faculté du professeur Karpooragowram avait suggéré detayman estimant que cela fait plus kreol mais on resta avec detay.

Pour Contempt of Parliament, on accepta la formule ‘gat reputation parlment’. Pour demander à quelqu’un de ‘withdraw’ des mots offensants, on s’accorda sur la formule ‘ramas ou bann mo’. Pour ‘on a point of order’ on accepta ‘lor ene pwen pou mett lord dans sa departman la’. 

L’expression ‘mo bour ou deor’ bien que largement acceptée pour faire plaisir au Premier ministre Laurette donna lieu néanmoins à bien de débats acrimonieux, la résistance étant animée par le professeur Karpooragowram. Ce dernier proposa plutôt le sobre ‘mo mett ou deor’ pour une expulsion. Un parlementaire ex-journaliste de radio proposa pour sa part que le Speaker somme le fautif à ‘lev pake ale’ mais on rejeta bien vite cette formule soupçonnée d’avoir une connotation sexuelle et macho selon une ancienne animatrice de radio devenue députée. La proposition d’un membre du public faite sur Facebook – ‘eoula, grate, b… f… ale’- fut condamnée par tout le monde. 

Quant à la suspension d’un député, on décida de retenir la formule ‘ou ale, ou pas met lipie ici pou prosenn seans’. On rejeta la formule d’un étudiant du Dr Karpooragowram qui avait proposé le très sommaire ‘grate, ale, ou pa bour ou lapat ici prosenn seans’ ou encore d’un autre, plus poétique, qui avait suggéré ‘al lakaz, al bwar dilwil pou prosenn seans’.