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L’absence… de bon sens

31 juillet 2020, 09:22

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L’absence… de bon sens

«Dépi ki mo fer politik, mo lamé prop mwa.» Pravind Jugnauth l’a dit il y a quelques jours de cela. Vous avez tous intérêt à le croire. Même si c’est dur à avaler, efforcez-vous, s’il vous plaît, de le faire. Si malgré tous vos efforts, vous n’y arrivez toujours pas, alors, un conseil, faites comme si vous n’avez rien entendu. Et résistez à quelque envie qui surviendrait de manifester votre désapprobation. Surtout pas sur les réseaux sociaux, car vous courrez alors le risque de vous faire réveiller, un beau matin, par les sbires de la dictature.

Puisqu’on y est, et le contexte «despotique» aidant, Monsieur le Premier ministre aurait pu carrément se proclamer la réincarnation de Bouddha, de Shiva, de Jésus ou de quelque autre sage ayant marqué l’histoire de l’Humanité…

C’est fou de voir comment de nos jours les gens ne savent plus quand et quoi applaudir. L’applaudissement est tout sauf banal. C’est une impulsion, venant du plus profond de soi, à manifester une émotion. Enfin, il devrait normalement être ainsi. On applaudit, par exemple, un joli concert, une belle «improvisation», un spectacle, un beau discours, une bonne blague. L’applaudissement a perdu tout son sens dans les rassemblements où les politiques prennent la parole. On applaudit tout et rien. Mêmes des insanités, des vulgarités, des idioties. Comment expliquer cela sinon qu’un idiot, poussé par son «fanatisme» pour son parti ou son leader a commencé à applaudir et les autres, sans réfléchir, ont suivi. C’est grave. Puisque c’est le signe de l’absence de bon sens. Il y a une éducation à refaire en matière… d’applaudissement.

Allez, un test pour voir si vous avez capté le truc ! Somduth Dulthumun a été nommé, quelques jours de cela, à la présidence du Mauritius Museums Council. Doit-on l’applaudir ou pas ? Attendez un petit instant, on vous aide à vous décider ; le personnage, dont les compétences restent floues dans le domaine où il a été nommé, est décrit, par certains, comme un «spécimen». Il est unique en son genre – ce qui, à ce titre, peut donc vouloir dire qu’il mérite sa place… au musée. Hélas, «spécimen», Dulthumun l’est certes mais pas dans le bon sens. Il a, en effet, le statut de «carapate» du pouvoir en place. Il n’est pas surprenant de le voir changer de couleur ou de discours à n’importe quel moment, dépendant, bien sûr, de ses intérêts. Alors, on applaudit ou pas ?

Terminons là-dessus. On veut des femmes en politique. Mais on veut des femmes de conviction. Fortes, courageuses, objectives. Capables donc de dire non quand il le faut, quand l’intérêt de la nation n’est pas respecté. Prêtes à travailler pour le bien-être de leurs mandants et du peuple en général. Pas celles qui viendraient chanter, à tout bout de champ, des louanges à leur leader dont «so lamé prop». Pas celles dont le goût du pouvoir fait basculer dans l’absurdité, dans la mégalomanie et leur fait oublier les principes d’une démocratie. Pas des capricieuses qui font arrêter des citoyens parce qu’elles n’acceptent pas les critiques.