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Guilty or not guilty ?

21 juin 2020, 19:00

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«I have not been a lawyer today...», avait-il lancé au Parlement. Et pourtant ! C’est la robe d’avocat qui a pris le dessus sur le costume de ministre. Collendavelloo, il faut l’admettre, a été à la hauteur de sa réputation d’excellent ténor du barreau. En bon orateur, il nous a servi une plaidoirie à l’Assemblée nationale, qui avait pour but de semer le doute dans la tête du jury représenté par l’opinion publique ! Et c’est ainsi qu’il s’est évertué à tenter de nous faire croire qu’il n'est pas coupable.

Pire, le Premier ministre adjoint est venu nous abrutir en essayant de nous noyer sous un flot d’informations et de documents, pour créer une confusion générale, tout en tentant d’accuser l’ancien régime travailliste, n’épargnant pas ses amis du MMM, allant même jusqu’à faire des allégations sur certains d’entre eux. Si l’avocat Ivan s’est démarqué, est-ce que le ministre Collendavelloo a pu convaincre les citoyens de ce qu’il veut nous faire croire ? Que toute cette affaire d’accusations de corruption et de pots-de-vin est le résultat d’un tender lancé en 2014 par les Rouges, que, lui, a les mains propres et qu’il n’est responsable de rien !

Pendant que chacun d’entre nous a sa perception des choses, les loups se déchirent entre eux ! Et nous entraînent dans un jeu de pa mwa sa li sa, en s’accusant mutuellement de maldonne ! La réponse du berger à la bergère n’a pas tardé après le show de Collendavelloo, avec la sortie d’un Ramgoolam inquisiteur qui a lancé une série de questions au no 2 du gouvernement dont la plus pertinente reste celle que l’on se pose : si les Travaillistes sont effectivement coupables, pourquoi l’alliance MSM-ML n’instaure-t-elle pas une commission d’enquête, comme réclamée de part et d’autre ?

Une semaine plus tard, voilà donc un Collendavelloo qui tente de se défendre, en se sachant esseulé au cabinet. Il aura beau essayer, pour la galerie, de nous faire croire qu’il a le soutien du Premier ministre, il aura beau tenter de minimiser la révocation du board du CEB, comme il l’a fait sur les ondes de Radio Plus le vendredi 19 juin, expliquant la dissolution à cause de l’enquête de l’ICAC, le fait demeure que le Premier ministre lui a envoyé un signal fort.

La réflexion est simpliste : si les relations étaient au beau fixe dans le couple Jugnauth-Collendavelloo, est-ce que, dans un but ultime de sauver la face, l’ancien président du board du CEB et les autres n’auraient pas tout simplement step down, le temps de l’enquête ? Or, nous savons tous que, pendant toute la journée du samedi 13 juin, Naidoo n’avait aucune intention de démissionner (il l’a dit lui-même) et que c’est le Premier ministre qui, dans la soirée, a pris la décision de dissoudre le board. Et pour bien montrer de quel côté penche le rapport de force, Jugnauth ne s’est pas contenté de faire partir les proches de Collendavelloo mais a aussi choisi de placer les membres de sa garde rapprochée sur un board qui tombe sous la responsabilité du ministre de l’Énergie !

S’il n’y a pas déjà de l’eau dans le gaz de l’alliance MSM-ML, en tout cas, ça y ressemble fortement. Est-ce que le scandale Saint-Louis risque de faire exploser l’entente Jugnauth-Collendavelloo ? Est-ce que les jours du n° 2 sont comptés au sein du gouvernement ? Quel est le poids réel de Collendavelloo, que ce soit sur l’échiquier politique ou dans l’opinion ? Pravind Jugnauth maintiendrait-il l’alliance pour des raisons que seuls lui et son adjoint connaissent ? Toutes ces questions ne cachent cependant pas les faits : des pots-de-vin ont été versés à des intermédiaires et, sans le communiqué de la Banque de développement africaine le 8 juin, nous n’en saurions rien !

Pourtant, le board du CEB était mis au courant dès mars 2019, des lanceurs d’alerte ont tout aussi attiré l’attention en 2018. Et aujourd’hui, on nous dit que l’ICAC va enquêter ! Faut-il en rire ?