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Et le bon sens?

24 mai 2020, 08:28

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Et le bon sens?

Le Covid-19 n’a tué que 10 personnes jusqu’à maintenant. C’est un vrai triomphe ! Ceux qui ont été à la manoeuvre méritent nos félicitations. Mais n’en a-t-on pas fait un peu plus qu’il n’en fallait ?

Sur les tendances passées (extrapolations des chiffres officiels de 2017), il y a eu pour les trois mois au 1er juin environ 2 500 mortalités dans le pays, dont 430 morts de maladies cardiaques, presque 600 morts de diabète, 60 morts de pneumonie et il y a même 25 citoyens dont l’asthme leur a été fatal ! Ajoutez 26 suicides, 40 cirrhoses du foie dues au trop d’alcool, 11 cas de noyades et même 15 cas de sénilité. Vous avez digéré et mis cela en perspective ?

Il y a eu 10 morts du Covid-19.

Sans lockdown, sans quarantaine, nous aurions eu bien plus de morts. Combien, on ne saura jamais. Il n’est bien sur plus question de critiquer les méthodes de protection fortes quand elles ont été imposées, puisque c’est déjà du passé et que l’on ne peut rien y changer. Il est aussi, bien sûr, et comme toujours, bien plus facile d’être ‘wise after the event’. Finalement, ça servirait à quoi de spéculer sur le nombre de morts si on n’avait PAS étendu le lockdown sur le beau mois de mai ? Mais clairement le mois de mai a été un mois de trop. Il fallait peut-être ce mois pour réfléchir au déconfinement post-Covid ?

Cela fait maintenant 26+ jours que nous n’avons pas identifié de coronavirus à Maurice, malgré une campagne de tests qui prend de l’ampleur (plus de 100 000 tests au total, dont plus du quart de tests PCR). En mai on a localisé exactement zéro cas. Ce mois de fermeture additionnel aura donc rapporté quoi ? Rien, sinon la certitude confirmée que ce petit merdeux de virus n’est plus visible, ce qui a donné beaucoup de satisfaction aux responsables du lockdown mais qui aura coûté au pays, grosso modo, une trentaine de milliards de plus pour ce seul mois de mai. Je ne parle pas d’effets indirects ou induits, financiers ou psychologiques.

Le gouvernement a fait son choix de privilégier la santé à tout prix quel qu’en soit le coût !? La vie n’a pas de prix dit-on !? Soit ! Maintenant ne blâmons personne (il y avait d’ailleurs large consensus favorable au confinement ) et payons la note qui va avec. Elle sera évidemment très salée, comme on pouvait s’en douter dès février !

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Psychologiquement, les mauriciens ne tiennent plus en place. Les ‘frontliners’ ont été stressés. Les autres veulent retourner au travail. Cependant que le vrai travail productif a été largement laminé ! Le tourisme est à plat, la manufacture sérieusement secouée, les loyers se paient à coups de baton, on vend moins puisque on achète moins, même les supermarchés me frappent comme étant plutôt désertés, y compris en fin de mois, la zone franche a des marchés en berne – car eux-mêmes confinés, le sucre est dans l’amertume depuis des années, MK ne vole plus,…

Il y aura sans doute peu de choix. Les licenciements ou les congés sans paie vont pleuvoir. Si le stimulus package fait des prêts ou prend des ‘equity stakes’ (il n’y aura clairement pas de ‘grants’ semble-t-il, si l’on suit la logique du Wage Assistance Scheme), et insiste, en paralelle, pour le maintien de l’emploi, il y aura moins de licenciements pour un temps, mais forcément bien plus de fermetures définitives…un peu plus tard , puisque les coûts ne seront pas descendus retrouver les revenus défaits, même après trois mois de pertes tres sèches.

Le fonctionariat ne sera lui, jusqu’à preuve du contraire, pas affecté, les amendes et les taxes des autres finançant leurs besoins demeurés intacts. Vous croyez que c’est raisonnable en ces temps troublés ? Et M. Lindsay Rivière qui va jusqu’à souhaiter que le gouvernement fasse le contraire et recrute au moins pour remplir les vacances ! En sus de reduire l’âge de la retraite… 

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On a fermé l’école jusqu’au 1er août ! C’est dans encore deux mois, ça ! Après deux mois et demi de confinement ! Cette décision prise dans la précipitation et sans raisonnement explicite doit maintenant sûrement être revue rapidement à la lumière du mois de mai sans Covid ?

En effet, les bureaucrates du ministère ont, à travers leur dernière sollicitation aux headmasters, quand ils recherchaient des suggestions et des protocoles divers, paru plutôt dépassés, coincés par les contraintes de la distanciation sociale, des masques, du transport public et du lavage régulier des mains, c.-à.-d. par ce qui est imposé pendant une pandémie. 

Mais qu’est-ce qui, maintenant, retiendrait nos écoliers à la maison ? D’autant plus que les programmes de ‘home schooling’ des écoles publiques ne semblent pas avoir été des modèles de réussite, que certains syndicats veulent même s’en laver les mains, que le Covid restera, de toute façon, une menace potentielle jusqu’au vaccin universalisé et que les parents qui vont avoir le bonheur de reprendre le travail le 1er juin ne seront plus disponibles pour surveiller les enfants !

Un pays qui se respecte et qui n’a vu aucun cas de Covid depuis bientôt un mois aurait peut-être intérêt à revoir sa copie et à ouvrir ses écoles le plus tôt possible ? Mettons quelque temps après avoir encaissé le discours du Budget du 4 juin ? 

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Si vous étiez un agent de la FATF, du SEBI, de la commission de L’UE qui surveille les possibles risques de blanchiment d’argent à travers le monde, ou du FMI, ou de la Reserve Bank of India et que l’on vous rapportait que le CEO de la FSC ces dernières années était devenu le Gouverneur de la Banque centrale et que le responsable des systèmes de paiements de cette même Banque centrale l’avait remplacé à la FSC, vous dormiriez plus tranquille ou vous vous feriez prescrire du Valium ?

Il y a sûrement des compétences, des qualifications ou une bonne expérience du domaine de la supervision qui mène M. Dhanesh Thacoor au poste de CEO de la FSC ? Si c’est le cas, il faut vite le faire savoir dans un communiqué sérieusement et longuement documenté, le communiqué du 18 mai ne faisant que 4 lignes et ne documentant rien. Si ce n’est pas le cas, le conseil d’administration de la FSC et monsieur le ministre des Services financiers voudraient-ils bien nous expliquer et éclairer nos lanternes, puisqu’il faudra bien, de toute façon, bientôt éclairer celles de l’UE, du FATF, de la SEBI… aussi ! 

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Et puis venait le communiqué de la Banque centrale vendredi. À lire le communiqué de près, la MIC est donc né et la BoM contribue 60 milliards au budget du gouvernement. À part de nous rappeler, effectivement, qu’un des rôles de la Banque centrale est de préserver la stabilité financière du secteur bancaire, ce qui justifie la MIC pour stabiliser les secteurs vulnérables et éviter ainsi l’infection ; on nous rappelle de manière presque incantatoire, QUATRE FOIS en lettres capitales, que les Rs 60 milliards c’est du ONE-OFF. Nous n’apprendrons rien de plus.

D’où sortent les Rs 60 milliards ? Comment figureront- ils au bilan de la BoM ? Comment se propose-t-on de financer la MIC ? La BoM avancera-t-elle encore de l’argent ? Qui déterminera les critères qui permettront aux ‘domestic systemic economic operators’ à se maintenir à flot ? Le FMI est il d’accord ? Le PDF, c’est diffèrent ? Si on ne nous dit rien, comment ne pas avoir peur ?

Pour ne pas avoir peur, il faut des mesures et des explications transparentes et cohérentes qui, crucialement, nous donnent confiance. On attend le 4 juin pour essayer ?