Publicité

Quoi d’autre que le coronavirus ?

22 mars 2020, 07:47

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Dans un pays normal, quand arrive une situation comme le coronavirus, un «black swan» particulièrement noir, s’il y en a un, on peut aligner, si on a été un bon père de famille, prudent et prévoyant, quelques fonds de réserve dans les caisses de l’État ou ailleurs pour parer au plus pressé. Par exemple, pour couvrir quelques mois de salaires à ceux qui vont perdre leur emploi ou pour soutenir les entreprises qui auront bien moins de revenus pour payer leurs factures, y compris les salaires des employés qu’ils peuvent encore conserver ou encore pour aménager des centres de quarantaine dignes et propres et bien approvisionnés afin que ceux qui s’y retrouvent ne souhaitent pas couper le «fencing» et fuir, mais au contraire, souhaitent y rester pour «la bonne cause». Tout n’est pas une question d’argent, bien évidemment, mais il faudra aussi, de toute manière, penser récompenser nos soldats de première ligne, dans les hôpitaux, dans les centres de quarantaine ainsi que ceux qui vont retracer les «contacts» passé des citoyens infectés, afin d’essayer de circonscrire la diffusion du virus ? Un voyage peut être ? Mais quand les caisses sont plutôt vides et qu’il faut mobiliser l’argent privé, on se sent plutôt laisséspour- compte… Les conséquences du «lockdown» annoncé jeudi soir à 22 heures ne sont pas couverts par le plan de Rs 9 milliards présenté par le ministre des Finances le vendredi précédent. Hier soir, le Premier ministre (PM) a eu raison de garantir que personne ne perdrait son salaire durant ces quinze prochains jours. Ça rassure, ça calme, ça évite des palabres et de l’instabilité.

On nous expliquera combien et comment plus tard ?

*** 

Le réchauffement de la planète avait suggéré aux plus perspicaces parmi nous qu’il fallait ralentir les économies du monde, que l’on trouve moyen de consommer moins d’énergie goulue d’hydrocarbures, que l’on soit moins avide de croissance infinie, y compris de PIB et de naissances.Ce point de vue avait fait du chemin (sauf pour la notion de réduire la croissance), notamment à la COP 21, mais avait été bien plus mollement mis en place. Ou, plutôt, les pays de notre planète ont eu des bilans plutôt disparates dans leurs efforts de réduction des gaz à effet de serre. Le coronavirus, lui, pendant que l’on discute et que l’on hésite, ne se contentera pas de seulement réduire la croissance économique mondiale, mais pourrait l’arrêter et même la mettre en machine arrière ! Pour protéger non pas la planète et ses habitants de demain, mais pour protéger ses habitants d’aujourd’hui. C’est la revanche ultime de Gaïa !

Le président Macron a parlé d’un état de guerre et ce n’est sans doute pas une exagération en la circonstance. Cependant, pour compliquer la situation, l’ennemi ne se retrouve pas dans une tranchée vis-à-vis, parlant une langue étrangère, masque à gaz sur le nez et mannlicher en bandoulière. Le Covid-19 est invisible et partout et les chances sont qu’il vous sera transmis par quelqu’un qui ne vous veut pas de mal – comme un anonyme dans un rassemblement quelconque – ou, pire encore, par quelqu’un qui ne vous veut que du bien ; comme un enfant qui vous embrasse ou un frère qui vous parle en postillonnant un peu d’excitation.

Ainsi, la logique de la distanciation.

Le «lockdown» depuis vendredi est donc théoriquement nécessaire et il doit certainement être soutenu, maintenant qu’il a été déclenché, mais le sentiment qui se dégage n’est pas universellement positif. Par exemple, les citoyens mauriciens bloqués un peu partout sur la planète et qui ne peuvent rentrer au pays, faute de préavis suffisant, ne font pas partie d’un bilan positif. Au lieu de se vanter pendant des semaines qu’il n’y avait pas de cas, créant du coup un sens que nous étions bénis des dieux et que nos protocoles étaient supérieurs «aux leurs» (alors qu’il a suffi, tout simplement, de ne pas trop chercher pour ne pas trouver…), le gouvernement aurait pu dire, depuis mi-février : «Avec plus de 100 000 touristes par mois et une centaine de tests de Covid-19 jusqu’ici, les chances que des cas passent sous notre radar sont réels. La probabilité, quand ils seront identifiés, sera qu’il faudra fermer les frontières du pays. Nous avisons nos citoyens en conséquence : rentrez immédiatement ou courrez le risque d’être bloqué à l’étranger.»

On fera mieux la prochaine fois.

Je ne suis ni PM, ni ministre, mais ils ne peuvent pas ne pas connaître les rumeurs qui circulent partout sur le fait que l’aéroport a été fermé avec ce qu’il fallait de décalage pour assurer l’entrée de proches ? Si c’est faux, ces rumeurs sont criminelles et doivent absolument être dénoncées par eux, immédiatement. Se taire en la circonstance ne peut qu’ancrer la rumeur et désavouer la crédibilité de l’État dans des moments où toute la nation a besoin de croire, de positiver.

C’est du sérieux et ça ne se néglige pas sans grands frais !

Encore plus sérieux d’évidence sera le comportement du citoyen mauricien. S’il se croit vraiment en congé payé et flâne, débonnaire d’un comptoir à un autre, d’une petite visite à la prochaine, nous sommes cuits !

Il faut bêtement se tenir à distance d’au moins un mètre des uns des autres, se laver les mains régulièrement, nettoyer les surfaces que l’on touche régulièrement et rester chez soi !