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Froggies standing-up to dhoti-wallahs?

29 février 2020, 08:01

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Froggies standing-up to dhoti-wallahs?

Les Français sont-ils intéressés à maintenir leurs acquis à Maurice et tenter de contenir la lente mais inéluctable absorption de notre république insulaire dans l’empire indien? Voilà un empire qui se bâtit sur sa puissance économique, technologique et militaire en sus de ce qu’on appelle son soft power, mieux illustré par le phénomène Bollywood. Signe des temps : qui aurait pensé qu’un jour, la deuxième plus jeune députée mauricienne choisirait aussi de s’exprimer en hindi, au Parlement? La jeunesse, c’est l’avenir, dit-on.

Sur cette toile de fond de vénération de la chose indienne, quelle interprétation donner à la récente visite à Maurice de Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères ? Cet engagement français à Maurice est marqué par l’annonce d’un projet grandiose. En effet, Paris aidera à établir chez nous un réseau d’études supérieures françaises qui ferait de notre île un véritable hub dans le domaine de l’éducation universitaire.

Il est vrai que des Indiens, des Australiens mais aussi des Britanniques ont établi des institutions à Maurice mais ce qu’annoncent les Français s’avère être un véritable game-changer qui ferait de notre île une référence mondiale. En profiteraient en premiers les filles et les fils du sol qui se verront offrir l’occasion d’acquérir d’importants diplômes français en évitant les frais de voyage et de séjour à l’étranger. Quelle opportunité pour les jeunes Mauriciens ! Tout en poursuivant de hautes études françaises, ils vont se coucher sous le toit de maman et papa, manger ce que les parents ont préparé, profiter du transport gratuit, participer pleinement aux fiançailles, mariages, chawthari, anniversaires des cousins et des cousines, s’exposer au ciel bleu, jouir du lagon et explorer les centres commerciaux.

Ce hub d’éducation universitaire française pourrait aussi attirer des milliers d’Africains, surtout, mais pas exclusivement francophones, intéressés à jouir du farniente de l’île paradisiaque tout en se munissant éventuellement de diplômes pouvant leur ouvrir toutes grandes les portes de la France. Ce projet de hub, si cela se matérialise dans les faits, profiterait grandement à Maurice, à la France et aussi à l’Afrique francophone. Pour les jeunes Mauriciens, ce serait une occasion en or pour avancer dans la vie. À Maurice comme en France. Car un Mauricien bien formé et diplômé pourrait facilement trouver des opportunités en France ou même à La Réunion, qui compte déjà un grand nombre de nos concitoyens engagés dans divers secteurs de l’économie.

Pour la France aussi, ce serait un excellent investissement. Car au lieu d’accueillir des réfugiés quasi-analphabètes et potentiellement terroristes, le France pourrait bénéficier de l’apport des Mauriciens généralement très cosmopolites dans leur approche et qui s’adaptent tellement bien dans tout nouvel environnement culturel. Ce hub annoncé lors de la visite du ministre Le Drian servirait aussi d’usine à fabriquer d’éventuels immigrants en France.

S’il y avait à Maurice un indice de popularité des différents pays, la France y occuperait sans doute une place sur le podium. Ce pays colonisateur et de peuplement a joué un rôle déterminant dans l’histoire de Maurice immédiatement après l’accession du pays à l‘Indépendance, en 1968. Dès 1969, la France s’est pleinement engagée à trouver un modus vivendi entre sir Seewoosagur Ramgoolam et Gaëtan Duval et découlant de ce fait, entre le pouvoir politique et le pouvoir économique.

Ce template a été construit par Michel Debré, puissant homme politique français, ministre des Affaires étrangères et député de La Réunion. Il fut le fondateur de la grande coalition entre les travaillistes et le PMSD. Ce gouvernement jeta les bases de la diversification économique du pays, lança l’industrie touristique, fit monter des usines et fit régresser le chômage chronique qui paralysait la société.

Duval était alors le principal facilitateur de la France dans le pays. Le contexte politique et diplomatique était totalement différent de ce que nous vivons en 2020. En 1970, le gouvernement français pouvait faire don du joyau de son industrie automobile à Gaëtan Duval au vu et au su de tout le monde. Duval commença ainsi à rouler en Citroën-Maserati, avec moteur de trois litres sur six cylindres et qui pouvait atteindre les 100 km/h en 8,5 secondes, battant son plus proche rival, la Mercedes 450 SLC d’une seconde, mais devancée quand même par la Jaguar E-Type de 1,7 seconde car la princesse britannique fait le même exploit en 6,8 secondes.

Mais pour la France c’était le sommet de la réussite – facilitée en cela, bien sûr, par le moteur du constructeur italien Maserati – et ce pays chercha à partager sa gloire avec l’allié mauricien. Et quand un petit génie dans l’entourage de Duval démolit la Citroën-Maserati, qui pouvait atteindre une vitesse de 220 km/h, la France s’empressa de la remplacer. En 2020, si le président Emmanuel Macron faisait don d’une voiture française à Ivan Collendavelloo, ce serait un scandale inimaginable et pas kare-kare en France.

En 2020, il n’y a plus de Seewoosagur Ramgoolam, de Duval ou de Debré, non plus de Citroën-Maserati. Mais les intérêts de la France et les intérêts de Maurice sont permanents. Comme puissance présente dans l’océan Indien, avec La Réunion et Mayotte comme prolongement de son territoire, la France veillera à ce que Maurice reste un pays ami et ne devienne pas le satellite d’une nouvelle puissance bien soutenue par les géants anglo-saxons, comme démontré par la visite du président américain Donald Trump cette semaine, en Inde.