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Nouveaux déballages

18 janvier 2020, 07:24

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Il y a les avoirs, les êtres, et le paraître. Du bout de leur crayon bien futé, Deven T et POV ont joliment résumé la déclaration des avoirs : seul le sommet de l’iceberg est visible au public. Votée au Parlement en 2018, la Declaration of Assets Act serait une loi «avant-gardiste», s’exclame, pour sa part, le DG de l’ICAC, Navin Beekarry. Qu’on soit proche du gouvernement ou pas, qu’on soit un organisme indépendant ou non, le fait demeure : cette déclaration est une première à Maurice. Cela mérite d’être salué, même si la nouvelle loi comporte quelques lacunes.

Par exemple, souvenons-nous que les juges et les magistrats, contrairement à d’autres hauts fonctionnaires, avaient tout bonnement refusé de souscrire à cet exercice de transparence, en invoquant la séparation des pouvoirs. Est-ce vraiment une bonne chose quand l’on sait que le judiciaire, dernier rempart contre la fraude et la corruption, se doit de rester au-dessus de tout soupçon ?

D’aucuns craignent que la commission anticorruption, organe politisé par le régime au pouvoir, ne soit utilisée à des fins de stratégie politique. Le cas MedPoint reste ancré dans les mémoires.  Est-ce pour cette raison qu’aucune mention n’est faite du Sun Trust dans les déclarations de Pravind et de sir Anerood Jugnauth (alors que Duval et Uteem, par exemple, évoquent leur ‘Trust’ et quantifient le nombre et la valeur de leurs actions ?)

D’autres incongruités méritent d’être clarifiées. Comment quelqu’un peut-il contracter un housing  loan mais ne pas avoir de maison ? Comment un autre affirme ne posséder  aucune  voiture alors qu’il est propriétaire d’une plaque personnalisée ? Entre la douzaine de propriétés de certains et  le zéro pointé des autres, il y a le phénomène de prête-noms qui n’est pas pris en compte par cette nouvelle loi.

Avec le concours de  la MRA et de  l’unité  mise  sur pied pour enquêter sur les cas d’unexplained wealth, l’ICAC de Beekarry pourrait disposer d’outils plus performants pour faire le monitoring des détails consignés...

***

La révision judiciaire de Roshi Bhadain est venue donner, cette semaine, une nouvelle dimension aux contestations de l’opposition. C’est une première dans les annales que de passer par une Judicial Review sur le plan national au lieu de se contenter des traditionnelles pétitions électorales par circonscription.

Avec son document  bien ficelé et documenté,  Roshi Bhadain démontre que le PTr, le MMM et le PMSD ont eu tort de le snober jusqu’ici dans leur front commun de l’opposition. D’ailleurs, à la suite de sa démarche, les légistes de ces trois partis évoquent eux aus-si une révision judiciaire pour invalider les résultats des dernières élections.

Dès lors, la question du timing devient plus importante que jamais. Imaginons le scénario : si effectivement les résultats sont invalidés, dans quel chaos politique se retrouverait-on ? Vous vous rendez compte : toutes ces décisions prises depuis le début de la présente législature par Pravind Jugnauth et son équipe qui seraient annulées ?

C’est la principale raison pour laquelle la Cour suprême devrait  traiter  en urgence la révision judiciaire et les pétitions électorales en évitant les delaying tactics des  avocats... L’enjeu pour le pays est bien trop grand pour que l’on perde du temps sur la forme. Tous ceux qui ont lu le document déposé par Roshi Bhadain ne peuvent que reconnaître que les irrégularités  de  ces dernières élections sont bien trop nombreuses  et inédites (la  fameuse ‘Computer Room’ de la State Informatics Ltd et  les  quatre  bulletins de vote volants) pour détourner le regard et faire comme si de rien n’était. Au nom de la même séparation des pouvoirs évoquée par les juges, il importe  aujourd’hui que la Cour suprême s’élève au-dessus de la mêlée politicienne (y compris celle de l’exécutif) pour trancher le noeud gordien qui étouffe, pour l’heure, notre démocratie…