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Allons bon !

12 janvier 2020, 07:16

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Allons bon ! On a commencé l’année nouvelle avec une vraie possibilité de guerre sanglante !

Tout débute avec Trump qui dénonce en 2018 l’accord nucléaire signé en 2015 par l’Iran avec les États-Unis, la France, l’Allemagne, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et l’Union européenne, sous les pouvoirs d’inspection de l’Agence internationale de l’énergie atomique. L’idée de base était de contenir toute velléité d’armement nucléaire de l’Iran pendant au minimum 10 ans et, partant, de mieux l’intégrer dans le développement économique mondial, ce qui devait normaliser pas mal de choses.

Trump, détruisant systématiquement ce que Obama a construit – sauf pour la plateforme économique que ce dernier a solidement redressée après la crise de 2008-09 et dont Trump est un bénéficiaire direct – renie unilatéralement cet accord nucléaire, tout comme il veut discontinuer Obamacare, des normes plus écologiques pour l’industrie, la COP21 et même le programme d’éducation des adolescentes du Tiers-monde, lancée à l’époque par Michelle Obama !… Fait indéniable : Trump sous la poussée de ses faucons, dont Bolton, sait détruire, mais ne propose rien de concret à la place, sinon de la rhétorique aussi vide qu’un «drum» évacué de son contenu premier. Obamacare ne devait-il pas être remplacé par bien mieux, avec un plus grand choix, a bien meilleur marché ? Or, malgré le fait que les républicains contrôlaient et la Chambre du congrès et le Sénat au moment où l’après-Obamacare s’envisageait, les votes recherchés n’ont jamais été trouvés !

Dans le cas de l’Iran, l’objectif déclaré de Trump était, d’une part, de rendre l’interdiction d’arme nucléaire permanente et, d’autre part, d’imposer que l’Iran cesse d’être une force déstabilisatrice au Moyen Orient. Pour ce faire, la strangulation économique était imposée à nouveau. Quand on y pense bien, cette guerre économique fait plus mal que la mort de Qaseem Soleimani puisqu’elle heurte la population entière et surtout les plus pauvres. Par exemple, dans le sillage des sanctions imposées par les Américains, l’Iran augmentait le prix de l’essence par 50 % ce novembre (pour un quota de 60 litres par mois – au-delà duquel le prix était… triplé), ce qui menait des centaines de milliers de protestataires dans les rues et à au moins 208 morts, selon la BBC. Dans un pays souffrant déjà d’une inflation de 36 % en 2019, la devise nationale ayant dévissé de moitié depuis les sanctions imposées par Trump, et affichant un PNB en repli de 9 % en 2019 dans le sillage d’une chute des exportations de pétrole de 2,3 millions de barils par jour (bpj) à 260 000 bpj, on peut postuler que les dirigeants iraniens étaient sous forte pression populaire et que la mort de Soleimani les arrange bien ! Pas futé, tout ça, du point de vue américain… Surtout que Soleimani a aussi été un allié objectif des Américains dans le combat contre Isis et Al Qaeda.

Cependant, le contexte plus récent ne doit pas être oublié non plus : depuis octobre 2019, les Iraniens, par milices interposées, attaquent, à la roquette, les facilités américaines en Iraq. Sans mortalité jusqu’au 27 décembre, il n’y a pas de représailles. La mort d’un Américain, le 27, mène à des missiles sur le Hezbollah en Iraq et en Syrie. La réplique sera la prise d’assaut de l’ambassade américaine à Bagdad. C’est sur cette toile de fond de tac au tac qui dégénère que Trump prend la décision d’assassiner Soleimani. Selon le New York Times, cependant, cette option, déjà rejetée plus tôt, était maximaliste pour qu’elle ne soit pas acceptée, faisant contraste avec d’autres options, plus «soft», plus acceptables. Si c’est confirmé, ce fut un bien mauvais calcul de la part de ceux qui alignèrent les options ! La fin de Soleimani était supposée bloquer des «attaques imminentes» qui ne sont nullement prouvées mais qui ne sauraient cependant être discontinuées maintenant, même si elles seront probablement moins frontales après la désescalade de jeudi. Les États-Unis n’ont pas amélioré leur image en menaçant des «sites culturels» de représailles et en refusant un visa permettant au ministre des Affaires étrangères iranien de se présenter aux Nations unies !

La réplique de l’Iran, mercredi, fut le minimum syndical. On dit même que les Américains furent prévenus et/ou que les missiles visaient les quartiers irakiens des deux bases. Sauf si Trump s’échauffe à nouveau, cela pourrait confirmer la désescalade et que le plus fort va se faire respecter. Comment les Iraniens vont vivre tout cela, reste à voir. Pour le moment, le coup de poker de Trump semble avoir marché. C’est le contexte dans lequel notre PM est invité par Boris Jonhson à Londres pour, espère-t-on, discuter de Diego Garcia lors du sommet Afrique-GB. Ça tombe plutôt mal, alors que six B 52 vont ces jours-ci être postés à Diego, pour la «défense du monde libre»…

Ils avaient déjà la bombe. Ils y ont rajouté un argument militaire frais. Nous n’avons que notre bon droit…

Reste que le Parlement irakien a voté pour que nos locataires non payants de Diego quittent l’Irak immédiatement. La réponse de Trump ? Si les Américains sont virés, les sanctions économiques appliquées à l’Iran paraîtront timides par comparaison… Or, après Soleimani, les sanctions contre l’Iran, qui étaient pourtant apparemment déjà maximales, ont été, selon, Trump, rendues encore plus dures ! Ça promet ! Et qui se soucie du peuple irakien ? Certainement pas ses dirigeants, coincés entre le démon américain et le divin iranien, en attendant la prochaine urticaire sunnite, style ISIS !

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Allons bon ! Il a plu et comme toujours, il y a des débordements et des inondations, des tuyaux bouchés par de la boue et des clients de la CWA qui n’ont pas d’eau. Dans ce pays de plus en plus conditionné à penser en termes de compensations, les demandes… pleuvent !

Des sinistrés aussi. La plupart étant sincères et authentiques, on y retrouve aussi inévitablement des tire-aux-flancs et des opportunistes, à l’affût du gratuit, devenus des combinards du moment, poussés par l’attrait de la manne occasionnelle, plus facile que le travail d’occasion.

Des planteurs ensuite, qui se fendent inévitablement d’une belle lettre au ministre de l’Agro-industrie et qui évoquent un pourcentage invérifiable de «40 à 65 % de cultures affectées», demandant assistance technique, financière et logistique. Pourquoi ce mélodrame national à chaque fois qu’il pleut ? Ne pourrait-on pas automatiser la réaction gouvernementale, éviter les courriers larmoyants et discontinuer le relais médiatique qui va avec et qui permet de conditionner le public à la flambée autoproclamée des prix ? Le ministre ne pourrait-il pas, par exemple, établir une grille de mesures à prendre automatiquement, dépendant du nombre de centimètres de pluie reçue en 6/12/24 heures ? Avec des ajustements raisonnés selon les circonstances, bien entendu.

La nouveauté cette année, ce ne sont pas les pêcheurs, qui se plaignent des eaux boueuses, mais des plaisanciers qui assurent que «lapli, siklonn, travayla inn tonbe net» et qui soulignent qu’ils n’ont aucune allocation de «mauvais temps», eux. Cette mentalité d’assistanat va se répandre jusqu’où ? Assisterons-nous bientôt à une demande d’allocation des planteurs contre le mildiou et le botrytis ? Une autre contre les délais de la CHC pour débarquer des containers peut-être ? Ou une compensation aux hôteliers contre le Airbnb ? Ou des journaux contre Internet ? Personnellement, je serais preneur, comme 63 % des votants apparemment, d’une compensation contre les effets abêtissants des ondes propagandistes de la MBC.

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Allons bon ! Phœnix Beverages Ltd (PBL) annonce qu’ils vont régler le problème des bouteilles en plastique qui polluent l’environnement ! C’est vraiment beau ça ! Prenant en main ses responsabilités d’industriel, Arnaud Lagesse, CEO du groupe IBL et Chairman de PBL, annonce, de sa propre initiative et sans la pression d’un projet de loi, un projet de recyclage compréhensif comprenant collecte, recyclage et réutilisation. Les détails ne sont pas encore connus pour l’heure, mais semblent suffisamment favorables pour un engagement rendu désormais public. Qui a dit qu’il n’y avait désormais plus de raison d’espérer ? Le projet est attendu avec impatience…